Je vote ! Pour ce Wong Kar-Wai inédit en DVD France.

Après le succès d'In the Mood for Love, ça se vendrait bien, pourtant !

Dans 57 heures, je serai amoureux de cette femme.

Histoires d'amours, rencontres du hasard, décompte du temps comme signe du destin et promenades nocturnes dans la ville asiatique, tous les ingrédients de l'univers de Wong Kar-wai sont réunis dans ce film.

L'histoire est double, comme souvent chez ce réalisateur. Il y a d'abord l'histoire d'un premier officier de police qui est plaqué par sa compagne et qui attend le jour de son anniversaire pour se convaincre que leur histoire est finie. Entre temps, il se lance dans un rituel obsessionnel sur des boites de ananas. Il remontera cette rupture en décidant de tomber amoureux de la première femme qu'il croisera : il s'agit d'une jeune femme trempant dans le trafic de drogue. Il y a ensuite l'histoire d'un autre policier, plus calme, plus discret, qui est également plaqué par sa femme. Il lui faudra tout le temps de son deuil pour se rendre compte que la serveuse du Chunkging Express auquel il se rend tous les jours, est très belle et qu'elle l'apprécie beaucoup.

Ce film n'est pas le meilleur de Wong Kar-wai. On peut lui reprocher une certaine complaisance dans des scènes très répétitives et qui finalement alourdissent terriblement le film. On a droit ainsi, dans la deuxième moitié du film, à d'innombrables scènes de nettoyage d'appartement par le personnage de Faye. Laborieux. De même le personnage joué par Brigitte Lin en femme de la mafia, frôle volontairement la caricature de la vamp du cinéma américain des années 40/50. Son histoire comme son personnage ne sont que frôlé, et nullement abouti. Reste les deux personnages masculins, les deux flics, deux facettes finalement de la même situation de rupture : l'un qui fonce dans l'excès et l'autre dans la dépression. Eux seuls véhiculent l'affect au film, mais ils sont finalement bien excentré et finalement aussi bien mal exploités.

Seulement si l'histoire est un peu entendue, souvent maladroite, et sans réelle surprise, il faut reconnaître que la mise en scène de Wong Kar-wai trouve ici toute sa force. La caméra s'est libéré du classicisme de ses anciens films sans pour autant renoncer à l'esthétique de son image. La caméra bouge beaucoup plus, prend le rythme de la musique, offrant même un montage très peu soucieux des points de montage, préférant jouer la carte du rythme. D'un point de vue formel, le film mérite largement le détour.