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Sujet : Le premier des Pignon


De P.M.Jarriq, le 21 février 2004 à 15:58
Note du film : 4/6

Encore un mystère : pourquoi aucune trace de ce film réellement culte en DVD ? Alors que tous les comiques d'aujourd'hui s'y réfèrent et que les redifs télé sont toujours un plaisir. La plupart des autres films écrits par Francis Veber est sortie. Au passage, j'aimerais bien voir un jour "Buddy buddy" le remake U.S. de Billy Wilder (quand même !) avec Lemmon et Matthau et… Klaus Kinski. Il paraît que ce n'est pas fameux, mais le cast est assez irrésistible.


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De Arca1943, le 25 mars 2004 à 01:38
Note du film : 4/6

Allons, allons, P.M.Jarrig. Qu'avons-nous besoin d'une obscure comédie comme L'Emmerdeur, avec des inconnus comme Lino Ventura et Jacques Brel, scénarisé par l'anonyme Francis Veber, quand un sommet comme Arrête ton char bidasse! est disponible sur DVD?

Oui, mais un sommet de quoi? me demanderez-vous.

Ah, ça…!

Arca1943


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De P.-M. Jarriq, le 25 mars 2004 à 12:07

Tu as raison… Et tu oublies de mentionner "Bête et discipliné", "Les deux papas et la maman" ainsi que quelques Aldo Maccione de derrière les fagots qui viennent de refaire surface. Au fond oui, de quoi se plaint-on ?


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De Impétueux, le 25 octobre 2004 à 17:19
Note du film : 3/6

Tout à fait de l'avis collectif ! Les chefs d'oeuvre de l'immortel Max Pecas sont édités en DVD (un oubli, toutefois : le somptueux "Mon curé chez les nudistes", avec le talentueux Paul Préboist) mais nous n'avons, sans doute, nul besoin de Brel et de Ventura, pas plus que la République, coupant la tête à Lavoisier n'avait besoin de savants !


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De PM Jarriq, le 2 octobre 2005 à 12:21
Note du film : 4/6

On l'a attendu et le voilà. Et heureusement, il est à la hauteur de nos attentes, même si sa modestie surprend un peu. C'est un "petit film", très court (1 H 18 !), tourné dans deux ou trois décors, souvent en caméra à l'épaule (rare pour l'époque dans ce genre de produit) et uniquement prétexte à faire s'affronter deux mondes : le polar français symbolisé par Ventura et l'univers de médiocrité dépressive, tout droit sorti des chansons de Brel ("Ne me quitte pas" entre autres, aurait pu être son thème musical), représenté par… Brel, justement !

Le choc est brutal, drôle mais pas seulement. Ventura, du début à la fin, joue un individu glacial et sans pitié, un assassin professionnel perturbé dans ses plans, tellement chahuté qu'on finit par le prendre en sympathie. Enfin, presque… Quant à Brel, il compose avec Pignon un personnage plus complexe qu'il en a l'air, de raseur exaspérant, pleurnichard et mesquin. Autrement dit, pas un pour rattraper l'autre. Et c'est ce télescopage de personnalités qui fait tout le prix de L'emmerdeur. Car le scenario en lui-même tient sur deux lignes et les péripéties se résument à quelques allers-retours et pannes de voitures. La magie vient des comédiens et uniquement d'eux et le talent de Molinaro est d'avoir su s'effacer pour les laisser exister sans encombrer le film d'effets de mise en scène superflus ou de circonvolutions inutiles, erreurs qui ont été fatales à des "héritiers" comme Le boulet, par exemple. Le sourire dégoulinant de Brel, ses cheveux gras, sa voix traînante, face à la crispation permanente de Ventura, son exaspération de plus en plus difficile à contenir, ses accès de rage, font de L'emmerdeur, film pourtant simplissime et sans aucune ambition, un spectacle auquel on a envie de revenir souvent. Malgré tous leurs efforts, parfois couronnés de succès, Depardieu et Pierre Richard n'ont jamais atteint les hauteurs de leurs aînés.


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De Impétueux, le 25 janvier 2013 à 19:08
Note du film : 3/6

Il y a des films qu'on ne devrait pas revoir. Ou revoir seulement en petits bouts, en sélectionnant les séquences, en ne gardant que quelques scènes, quelques regards, quelques mots, quelques répliques (Je finis mon café). Des films qui demeurent dans l'inconscient collectif mais qui, comme les fresques de la Rome antique qu'un creusement de tunnel de métro a fait apparaître, dans Fellini Roma, se décolorent et disparaissent dès qu'elles sont inondées de la lumière du jour.

L'emmerdeur est un peu de ces fragiles survivances et je doute que lorsque la génération qui l'a vu au cinéma à sa sortie (et, sans doute lors d'un de ses passages télévisés immédiatement postérieurs) aura disparu ou gagatera dans son hospice, on évoquera les mésaventures de Pignon et de Milan autrement que dans les nomenclatures exhaustives du cinéma des années 70. Et pourtant le DVD a été naguère édité avec un certain luxe, un disque pour le film, un pour les suppléments, sons mono, Dolby et 5.1, sous-titrages pour sourds et pratiquants de la langue de David Cameron et de Barack Obama. Et un bel emboîtage carton par dessus le marché. Il y a un paquet de chefs-d’œuvre qui n'ont pas bénéficié de ce traitement de faveur !

Cela posé, je ne peux pas dire non plus que j'ai été affligé, catastrophé, désolé, anéanti comme on l'est quelquefois devant un vieux plat qui repasse froid et flasque. L'idée du duo entre deux personnalités antagoniques et inconciliables, qui se rencontrent à la suite d'un improbable hasard a été surexploitée depuis lors et semble être devenue un des pont-aux-ânes les plus redoutables du cinéma comique. Mais elle avait de la fraîcheur en 1973 et la distribution des rôles était si réussie que le succès ne pouvait qu'être au rendez-vous.

Lino Ventura ne cessait d'accumuler les tournages et de rencontrer de plus en plus la faveur du public. Jacques Brel, en revanche, était un peu sur le retrait, bien qu'il ait obtenu un beau succès, quatre ans auparavant, avec Mon oncle Benjamin. Mais il s'est sévèrement planté en réalisant deux films, Franz et Far West ; ses chansons sont de plus en plus torturées et pessimistes ; il va bientôt partir pour les îles Marquises vivre une nouvelle existence… et il est sans doute déjà malade.

Le contraste entre les deux personnages n'était donc pas seulement dans le rôle ou le physique et les spectateurs l'ont peut-être inconsciemment bien perçu. Entre un Milan précis, déterminé, contenu, extraordinairement professionnel (ses commanditaires ont sûrement choisi le meilleur tueur à gages qui se puisse) et un Pignon gluant de mièvrerie pleurnicharde, aux cheveux qu'on sent gras et pelliculés, aux chaussettes beigeasses, aux chaussures bon marché en faux cuir crispé, à la 404 Peugeot ridiculement décorée, on est dans l'archétype (au fait, il me semble qu'on voit moins aujourd'hui qu'en 1973 des bagnoles à bestioles en plastique posés sur la plage arrière dont les yeux s'allument au freinage et à fausses garnitures fleuries autour du tableau de bord. Est-ce que je me trompe ?).

Le film commence très bien, rapide, rythmé, drôle ; personnages bien caractérisés ; intrigue d'une grande simplicité ; cadre sans doute trop théâtral (le film est issu d'une pièce de Francis Veber) mais prestement défini. Seulement ça se gâte tout de même assez rapidement et ça court de plus en plus vite vers les ficelles les plus plates du vaudeville ; au passage le film perd toute vraisemblance : à preuve le retournement amoureux aussi immédiat qu'incongru de Louise (Caroline Cellier, plutôt médiocre, infiniment moins belle que dans L'année des méduses par exemple). Et les facilités – toutes théâtrales aussi – qu'ont les protagonistes à aller et venir dans une ville en état de siège.

Molinaro ne cesse de tirer à la ligne, en remplissant comme il peut son format, pourtant court. Des trucs sans intérêt comme la course à toute allure de la R8 Gordini vers Montpellier, la réapparition du routard étasunien qui se fait pulvériser par une voiture qu'il tente de stopper, comme l'a fait Milan devant lui, les mimiques indignées du Docteur Fuchs (Jean-Pierre Darras). On a depuis longtemps compris que ça ne peut se terminer que comme ça se termine, Milan blessé et Pignon pleurnichant derrière lui…

Si au moins une rafale de mitraillette généreuse avait pu clouer les deux hommes au sol ! Mais suivant la bienveillante règle du comique bon-enfant ça se termine bien .

Ah non, ça ne tient pas vraiment la route…


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De Forum, le 26 janvier 2013 à 00:00
Note du film : 4/6

(au fait, il me semble qu'on voit moins aujourd'hui qu'en 1973 des bagnoles à bestioles en plastique posés sur la plage arrière dont les yeux s'allument au freinage et à fausses garnitures fleuries autour du tableau de bord. Est-ce que je me trompe ? )

Non ! A l'époque c'était très à la mode, toutes ces fariboles. Aujourd'hui, chacun se planque derrière des vitres fumées ! Le moindre quidam peut acheter pour deux sous du film noir à poser sur les vitres pour les rendre teintées et interdire ainsi toutes intrusions visuelles à l'intérieur du véhicule. Ainsi, tout le monde, parmi les plus crétins , peut se prendre pour une star ! Ou faire ses cochoncetés en toute quiétude ! L'époque est toujours au ridicule, mais aujourd'hui il a fusionné avec la honte et la lâcheté.

Des trucs sans intérêt comme la course à toute allure de la R8 Gordini vers Montpellier. Mais elle est tout à fait à sa place, cette scène, par ailleurs fort courte. Le blaireau, le beauf qui a fait des rallyes, c'est merveilleux de bêtise mais indispensable au film ! Comme l'étaient les courses éffrénées en 2CH de De Funès et de la soeur Clotilde dans les Gendarmes.

Si au moins une rafale de mitraillette généreuse avait pu clouer les deux hommes au sol ! Merci pour eux ! Mais suivant la bienveillante règle du comique bon-enfant ça se termine bien .

Parce que vous trouvez que ça se termine bien ? Se retrouver en tôle avec un abruti qui vous a emmené là et qui plus est, a obtenu de partager votre cellule ? On peut considérer, alors, que La Vingt-cinquième heure se termine bien également..

Je donne 4/6 à ce film auquel vous ne faites aucun cadeau.


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