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Forum : La Grande frousse

Sujet : Singulier et surréaliste


De uredele, le 20 février 2008 à 11:04

La cité de l'indicible peur, c'est un film bien singulier, réalisé par Mocky qui fait bien dans le genre. Mais rien à voir avec ses futurs films. Dans la grande frousse (autre nom) on retrouve toute l'atmosphère du film des années de guerre, noire et assez rétro il faut le dire. Le film est en noir et blanc ce qui renforce le côté étrange.

Les dialogues de Raymond Queneau apportent également à l'originalité, et le film lui même s'accorde avec l'esprit surréaliste de Queneau (il n'y a qu'à lire ses livres, Le chiendent en tête), la touche comique s'y ajoutant.

Chaque personnage est mis en valeur et bien joué jusqu'au plus petit rôle. Les seconds couteaux sont en effet remarquables comme dans beaucoup de films de cette époque.

Vraiment c'est un film qu'il faut avoir vu au moins une fois, même si à la vue du générique on a peine à s'y intéresser. Donnez votre avis, cela m'intéresse!


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De David-H, le 3 novembre 2008 à 21:17
Note du film : 4/6

Au terme de la vision de ce film oublié par le commun des mortels, j'ai été littéralement déboussolé. Figurez-vous donc, retrouver Bourvil en inspecteur dans un film fantastique qui préfigure "Le Pacte de Loups", cela a de quoi désarçonner n'importe quel cinéphage du coin!

Un petit rappel s'impose: quelques mois avant "Le Corniaud", Bourvil accepte de tourner une nouvelle fois avec Jean-Pierre Mocky, suite à l'énorme succès d'"Un drôle de paroissien". Avec, encore à ses côtés, un casting quatre étoiles pour l'époque: Jean-Louis Barrault, héros des "Enfants du Paradis", Francis Blanche qui sortait des "Tontons Flingueurs", Jean Poiret, Raymond Rouleau (un brillant acteur belge hélas lui aussi oublié), Jacques Dufilho et une poignée de seconds couteaux bien connus de l'époque (Marcel Pérès, Dominique Zardi, Michel Dupleix…).

Le pari est risqué, car il s'agit d'une adaptation très libre du roman d'un écrivain réputé raffiné, le Belge Jean Ray ("Malpertuis"). Mais surtout, car le genre fantastique français a toujours eu beaucoup de peine à trouver un public.

Filmée dans un décor médiéval particulièrement envoûtant, cette comédie policière (car au final, c'est de cela qu'il s'agit) évoque la vie d'un village et d'une poignée d'aristocrates qui, apeurés par la présence d'une bête – on s'inspire ici de celle du Gevaudan -, voient d'un drôle d'œil l'arrivée d'un détective privé. Le noir et blanc aident des décors inquiétants, l'ambiance glauque est assurée même si rapidement, la farce prend le dessus pour donner une mixture inhabituelle, saupoudrée par des dialogues efficaces du dramaturge Raymond Queneau. Un ensemble étonnant dont on a, concédons-le, un peu de mal à y pénétrer d'emblée.

A l'instar de "Snobs" deux ans plus tôt, le film fut malmené par la critique et rapidement ôté de l'affiche (à peine trois semaines), avant de finalement émerger plusieurs années plus tard (des intellectuels, puis Lino Ventura et Yves Montand, l'ont tous soutenu) pour en faire un objet culte. Preuve en fut, sa présence parmi les 100 meilleurs films …du monde, selon un sondage américain.

A mes yeux, le plus marginal des six premiers Mocky reste le plus original, et détient – jusque là – le plus beau thème musical (de Gérard Calvi, le père de l'animateur Yves), cadrant pleinement avec l'esprit du film. Dans lequel je rends ici hommage à Véronique Nordey (ah, quelle douce voix!) qui, suite à son divorce avec le réalisateur, quitta tout autant son univers cinéphilique pour enseigner. Dommage!

Extrait musical du générique: http://www.youtube.com/watch?v=PWmEDqQMJAw


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De kfigaro, le 4 novembre 2008 à 09:56

A noter tout de même que La grande frousse n'est pas du tout le titre original du film mais un titre imposé par les producteurs de l'époque (dixit Mocky lui-même), le titre du film d'origine est bel et bien "La cité de l'indicible peur" (je crois également que la version sortie sur le titre La grande frousse est plus courte que le film original, et le montage de ce dernier n'est pas le même).

Par ailleurs, le roman de Jean Ray n'a pas grand chose à voir avec le film, Mocky tire tout ça vers l'humour et la dérision tandis que le climat mis en place par l'écrivain est nettement plus éprouvant. Le trop méconnu Harry Kümel a plus respecté l'étrange belgitude de Jean Ray dans sa propre adaptation de Malpertuis, cela dit le film de Mocky reste parmi ses meilleures réussites.


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De hvalmit, le 27 juin 2011 à 20:02
Note du film : 6/6

Cela reste un de mes Mocky préférés, Bourvil y est exceptionnel (il faut dire qu'en général il est souvent fameux, il suffit de lui procurer un scénario) !


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De fretyl, le 27 juin 2011 à 20:30
Note du film : 1/6

Il serait grand temps d'effacer les messages sans intérêt de ce hvalmit qui en neuf interventions n'a cessé de défendre des nanars gros comme des maisons et qui participe de ce fait à la déchéance de Dvdtoile.

Messieurs les modérateurs FAITES VOTRE TRAVAIL !!!


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De Impétueux, le 27 juin 2011 à 22:46
Note du film : 2/6

Je n'arrête pas Frétyl, d'effacer des messages fumeux des pseudos Riccardo, Léonard et autres ; mais si suspect que soit hvalmit, il n'écrit pas, en l'espèce, d'absurdité. Mettre sous surveillance n'est pas, pour autant, frapper sans discernement…


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De Sevheurein, le 6 octobre 2016 à 21:06

Monsieur Fretyl. Avant d'insister à l'évincement des messages de Hvalmit, avez-vous eu au moins l'intelligence de visionner cette "Cité de l'indicible peur" ? Car il serait évidemment dommage (et surtout minable) de qualifier un film de nanar sans le connaître. Chose que je vous invite grandement à faire. À moins que vous preniez plus de plaisir à la délation de vos camarades de forum ?! Des vieux réflexes d'Occupation (et d'éducation), ça ne se perd pas…


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De Nadine Mouk, le 7 octobre 2016 à 06:42
Note du film : 3/6

Certes pas un nanar, non ! Mais pour ma part, j'avoue avoir toujours eu beaucoup de difficultés à aller jusqu'au bout de ce bien étrange film de Mocky. Vous me direz que "étrange" et "Mocky" vont de pair. Mais là, l'attitude de Bourvil semblant ne pas résister à danser sans arrêt sur le macabre, cette bête qui ressemble à rien et nous ferait plutôt rire que peur, cette atmosphère sarcastique chère à Mocky qui voudrait être drôle sans trop y parvenir, non… Je n'ai jamais trop "goûté" ce film . Seul Victor Francen, délirant, retient mon attention.

Mocky, c'est toujours génialement absurde. Mais en la circonstance, c'est bêtement absurde et par trop foutraque. Perso, je m'égare. La "ligne" Mocky n'est pas vraiment respectée. Pourtant, chose curieuse, je ne peux m'empêcher de le revoir parfois, obstinément, espérant changer d'avis… La couleur aurait-elle changé quelque chose ? Aurais-je appréhendé le film autrement ? Je ne sais pas. Ce film reste un mystère pour moi…


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De fretyl, le 7 octobre 2016 à 10:29
Note du film : 1/6

Monsieur Fretyl. Avant d'insister à l'évincement des messages de Hvalmit, avez-vous eu au moins l'intelligence de visionner cette "Cité de l'indicible peur" ?

Oui je l'ai vu il y'a longtemps et ne la reverrai certainement pas ! J'avoue l'avoir regardé en pensant qu'il s'agissait d'un film dans la veine de Un drôle de paroissien également avec Bourvil. L'un des seuls bons films de Mocky. Dans le souvenir que j'en ai gardé La grande frousse est un film sans queue ni tète, mal tourné et faux. Un simple Mocky. Je met un point pour Bourvil.


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De Sevheurein, le 7 octobre 2016 à 23:04

Eh bien, je vous conseille de le revoir. À la première vision, j'étais moi aussi légèrement déçu. Puisque je m'attendais à "Un drôle de paroissien" bis. Cependant, malgré ce côté foutraque et brouillon de prime abord, à la deuxième vision déjà, on s'immerge dans cet univers particulier. Et bizarrement, le film ne paraît plus bâclé et lâché en roue libre comme bon nombre de Mocky. Au contraire, ce joyeux bordel devient organisé et maîtrisé… À chacun son avis maintenant. N'empêche qu'il fait désormais partie de mes films de chevet.


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De Salersdelapeur, le 8 octobre 2016 à 18:45

… Entièrement d'accord avec Sevheurein! A la 2e vision, le film parait beaucoup plus abouti qu'au premier abord … à en devenir même franchement réjouissant!


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De Frydman Charles, le 14 janvier 2019 à 07:15
Note du film : 4/6

Une musique étrange, lancinante, qui cadre bien avec le film mais qui devient vite envahissante .


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De Impétueux, le 2 octobre 2021 à 23:16
Note du film : 2/6

On sait bien que de Jean-Pierre Mocky, on ne peut pas attendre grand chose, si ce n'est de l'abondance et du verbiage. Et de l'excès et du mauvais goût. Et des orientations qui poussent vers le grotesque, l'invraisemblable, le caricatural, l'outrancier. C'est une sorte de marque de fabrique, fièrement arborée et finalement plutôt ridicule : un type qui a voulu entrer dans la cour des grands et a fini par tourner n'importe quoi en arborant sa solitude comme un bouclier odoriférant.

Mais La cité de l'indicible peur, au beau titre que des producteurs félons ont voulu remplacer, ab initio par une grotesque Grande frousse, cette Cité là fait encore partie des films où Mocky ne se fichait pas du monde ; enfin, ne se fichait pas trop du monde. Il y a une vague esquisse de scénario, des dialogues, à peu près réussis, de Raymond Queneau, le choix pour décor de l'étrange atmosphère de la petite ville de Salers (Cantal, pour ceux qui l'ignorent et ont bien tort de l'ignorer).

Le film s'appuie sur l'adaptation d'un grand récit glaçant du merveilleux Jean Ray, auteur belge à peu près aussi prolifique que son grand compatriote Georges Simenon ; un auteur de haute qualité qui, assez bizarrement, n'a guère été adapté au cinéma puisque, à part La cité de l'indicible peur et quelques petites choses télévisées, on ne repère de lui que le singulier Malpertuis de Harry Kumel, alors que son œuvre recèle des monceaux de pépites angoissantes. Mais Mocky et son complice Queneau ont tiré l'intrigue vers le farfelu et le grotesque, respectant néanmoins la structure du récit, moins fantastique qu'inquiétante.

Le réalisateur le dit clairement, dans le supplément du DVD : les producteurs lui ont imposé d'employer la plus grande quantité possible d'acteurs, plus exactement de trognes, de visages, dans qui les spectateurs pouvaient reconnaître des physionomies connues. Le film est un peu, d'ailleurs, un florilège, une accumulation de seconds rôles de grande ou moyenne notoriété à l'époque du tournage (1964) : même Bourvil n'était pas alors l'immense vedette qu'il deviendra, l'année suivante avec Le corniaud de Gérard Oury ; et si Jean-Louis Barrault était connu et révéré de tous, c'était bien grâce à sa place dans la création théâtrale plus que d'avoir été Baptiste dans Les enfants du Paradis ou Berlioz dans La symphonie fantastique.

Et tout le reste de la distribution était fait de ces visages que chacun reconnaissait, sans pouvoir toujours leur mettre alors un nom : Jean Poiret, Jacques Dufilho, Francis Blanche, Marcel Péres… Et je ne parle qu'à peine de Fred Pasquali ou de Léonce Corne, déjà oubliés depuis longtemps. Deux exceptions toutefois, qui avaient une immense notoriété théâtrale : Raymond Rouleau et Victor Francen, l'un et l'autre d'ailleurs absolument brillants.

Le film est parfaitement foutraque, peu fantastique et peu terrifiant : un policier benêt, Simon Triquet (Bourvil) qui a arrêté par mégarde un grand criminel, Mickey le Bénédictin (Joe Davray), échappé à la guillotine de façon rocambolesque, est chargé de le retrouver dans la petite ville de Barges où le malfaiteur est censé se cacher. Barges, c'est, à l'écran, la cité de Salers, bâtie en pierres volcaniques noires et c'est certainement une des meilleures qualités du film que d'avoir été tourné dans cet étrange, austère, corseté paysage. Se déroulent dans cette petite cité provinciale, désert sans solitude (selon le mot de François Mauriac) des épisodes abracadabrants. Qui n'ont d'autre intérêt que de montrer, pour qui l'ignorerait, la quantité de haines rancies et de petits secrets dégueulasses que toute réunion d'individus recèle forcément. La découverte du principal coupable n'a d'ailleurs aucun intérêt.

L'ennui c'est que, comme toujours dans les films de Mocky, les comédiens ont la bride sur le cou et rivalisent d'affectation dans leurs emplois respectifs : Poiret fait du Poiret, Dufilho du Dufilho, Blanche du Blanche et ainsi de suite ; et Bourvil qui saura plus tard se montrer grand comédien, roucoule, fredonne et ulule comme on n'aime pas le voir.

Si Rouleau remplit sans risque un rôle exaspérant à sourire exaspérant, c'est Francen qui est, de très loin, le meilleur acteur du film, en médecin sceptique imbibé d'alcool : il est là, dans un tout autre genre, aussi exceptionnellement bon qu'en Marny dans la sublime Fin du jour de Julien Duvivier.

C'est donc regardable, mais ce n'est jamais que du Mocky. Et le meilleur du film, en fin de compte, ce sont les apparitions de trois hommes pleins de mystère, vêtus de noir et ironiques ; ainsi, au tout début, les voit-on chevaucher avec de grandes capes ouvertes au vent, ce qui est assez beau. Et c'est à peu près tout, avec l'arrivée dans les rues hostiles de Salers et ses maison bâties en pierre de lave noire, rues où souffle un vent mauvais et où les feuilles d'arbres arrachées sont presque menaçantes.

Que l'on prenne garde !


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