Touche-à-tout léger et désinvolte, spécialiste des comédies mondaines et des vaudevilles chics, Yves Mirande a signé avec Baccara
un de ses plus grands succès, paraît-il ; il est vrai que le bon public de l'époque (1935) se satisfaisait largement des numéros d'acteurs, des intrigues bien ficelées, des épilogues heureux et, comme le populo d'aujourd'hui, qui lit Gala ou Voici, d'incursions dans le décor des maisons de riches…
Pour le reste, c'est tout de même assez bêta, et ce serait même totalement dénué d'intérêt sans la présence des excellents acteurs et sans le fumet désuet et délicieux que la bluette dégage.
Ladite bluette a, dans son scénario, une certaine parenté avec le bien plus remarquable Ils étaient neuf célibataires de Sacha Guitry
: il s'agit dans l'un et l'autre cas, pour de riches étrangères, de trouver, moyennant finances, un mari français qui leur permettra de ne pas courir le risque d'être expulsées du territoire ; il est assez intéressant de voir que deux films, spirituels et souvent drôles, s'appuient sur un argument qui courrait dans l'esprit du temps.
Les acteurs, donc ; bizarre charme (on ne peut écrire beauté) de Marcelle Chantal, à la carrière brève et peu frappante, numéro habituel de Lucien Baroux,
à la longue filmographie sans coup d'éclat, qu'on surprend là joueur de guitare et chantre de l'amitié et surtout éclat du magnifique Jules Berry,
lui-même joueur invétéré, ce que n'est qu'un peu seulement l'André Leclerc qu'il interprète dans Baccara.
Un mot enfin : le DVD est – avec celui du Revenant de Christian-Jaque –
une des pires productions du saboteur René Château : image trouble, tremblotante, grumeleuse, quelquefois presque effacée, son médiocre, naturellement ni chapitrage, ni suppléments. Je veux bien que l'éditeur ait acheté les droits…mais il devrait y avoir un minimum de respect…
Surtout que les éditions René Chateau sont loin d'être les moins chères du marché.
Après le savoureux baccara, diffusé hier au soir au
Dedée d'Anvers d'Yves Allégret
(DVD)
Panique de Duvivier
(DVD)
Martin Roumagnac de Lacombe
(DVD)
Fric-Frac de Maurice Lehmann (DVD)
Si Paris nous était conté de Guitry
(DVD)
Si peu de personnes regardent, c'est plus sûrement en raison de l'heure tardive. Parce qu'il ne faut pas croire que tout le monde peut s'offrir des DVD. Pour le prix d'un DVD à cinq euros, et vous conviendrez qu'ils ne sont pas les plus nombreux, une mère de famille peut faire un repas pour deux, trois enfants. Je ne suis pas dans ce cas, (même si je dois faire un choix par exemple pour les DVD de Mocky qui frôlent les vingt euros) mais je connais beaucoup de gens qui regardent la télé en attente de bons films qu'ils n'ont pas les moyens de s'offrir. Tant à s'abonner à Canal Sat ou autre… Ce monde là existe encore ! La cinéphilie n'exclue pas la misère, hélas.
Page générée en 0.0045 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter