Forum - Tengu-to - Ça va pas être évident de mettre la main dessus...
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Forum : Tengu-to

Sujet : Ça va pas être évident de mettre la main dessus...

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De Arca1943, le 19 novembre 2007 à 23:52
Note du film : 4/6

…mais je vote pour ce jidai-geki de monsieur Yamamoto, avec Tatsuya Nakadai dans le rôle d'un paysan qui prend les armes contre le pouvoir shogunal. Je présume que le mouvement Tengu dont il est question dans le titre n'est pas sans rapport avec la "Rébellion Tengu" de 1864, rébellion à laquelle fut mêlé le clan Mito (encore eux !? voir Kiru et Samuraï).


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De Arca1943, le 1er décembre 2007 à 19:44
Note du film : 4/6

Je ne peux résister à l'envie de faire des jaloux : je viens de dénicher Tengu-To (avec sous-titres anglais, sous le titre Blood End) par l'aimable intermédiaire d'un correspondant californien, pour la somme ô combien raisonnable de 10 dollars US ! Il devrait m'arriver… incessamment…


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De Arca1943, le 29 janvier 2008 à 04:46
Note du film : 4/6

Bon film sans être un grand film, Tengu-To se regarde surtout pour certains faits historiques à s\'arracher les cheveux et pour Tatsuya Nakadai, qui se renouvelle encore une fois dans le rôle d\'un paysan de 1860 poussé à la révolte d\'abord par des taxes impossibles puis par la punition barbare et humiliante qu\'il doit subir en public.

Les autres acteurs aussi sont très bien, notamment Go Kato dans le rôle d\'un rônin qui croit sincèrement aux promesses du Tengu-To – un Japon où paysans et samouraïs seront égaux – et le vétéran Kanemon Nakamura, qui joue un vieux yakuza qui fait partie des initiateurs du mouvement et qui s\'en distanciera par la suite, au péril de sa vie.

Le scénario, par contre, a ses hauts et ses bas. La survie finale du héros n\'est pas loin d\'être aussi invraisemblable que celle de Clint Eastwood dans The Gauntlet. Mais au moins, les auteurs le savent : « Je ne mourrai pas! » lance Sentaro (Nakadai). Ça veut dire que la paysannerie ne mourra pas, bien sûr. Ce qui m\'amène à l\'autre défaut du film : son caractère par moments trop appuyé, avec certains dialogues vraiment trop démonstratifs et didactiques, tel un Cayatte nippon.

Enlevez ces dialogues de trop, ajoutez au moins un duel au début du film, et Tengu-To aurait été meilleur. Ce duel du début qui n\'est pas là, c\'est qu\'on voit Sentaro arriver chez sa maîtresse, couvert de sang et frappé de stupeur. \"Je viens de tuer pour la première fois\", dit-il. Et c\'est un rônin qu\'il a tué, lui simple paysan ! Cette scène est d\'ailleurs très bonne, devant sa maîtresse apeurée qui se tient à distance, le paysan sabreur semble dans une sorte d\'état second. \"C\'est comme si je n\'étais pas réveillé.\" Seulement, même si on sait qu\'il vient de passer des années à s\'entraîner chez les yakuza (qui le méprisent, soit dit en passant, et le traitent de bouseux), ce n\'est pas tous les jours qu\'on voit un chambara où un paysan qui a le dessus sur un samouraï dans un duel. Montrez-nous ça, voyons ! Ce fut mon premier réflexe.

Évidemment, par la suite, on a amplement l\'occasion de voir Sentaro à l\'oeuvre dans de furieuses mêlées. Et ajoutons – mais est-ce vraiment nécessaire – que l\'acteur Tatsuya Nakadai a vraiment l\'art d\'apparaître dangereux lorsqu\'armé d\'un sabre. Il y met fougue et précision, avec un style simple et sans apprêts (Sentaro n\'est pas samouraï).

Le personnage de ce paysan en ébullition est très attachant, d\'autant plus quand Sentaro commence à perdre ses illusions sur le Tengu-To. Car perte des illusions il y a, et c\'est le coeur du film. Or, quand tu as la chance de disposer d\'un acteur de cette qualité pour jouer dans ton film, c\'est censé te permettre justement d\'éviter les dialogues \"de trop\". Tout passe dans certaines scènes excellentes. Pourquoi en remettre ? Dans la même séquence où, accompagné de deux autres samouraïs du clan Mito, Go Kato parle à Sentaro, avec l\'air un peu illuminé qui convient, de ce futur Japon où samouraïs et paysans seront égaux, Nakadai fait force courbettes et sourires d\'excuses : voyez donc, ces messieurs importants qui daignent lui adresser la parole ! Et on se dit en le voyant faire que cette histoire d\'égalité paysans/samouraïs, c\'est pas gagné…

L\'histoire du Tengu-To, telle que racontée dans ce film en tout cas, est celle, bien connue en France, de la Révolution qui dévore ses enfants. Mais alors, à vitesse grand V. C\'est d\'abord ça que raconte ce film et il y réussit fort bien. On comprend assez vite que c'est surtout cela qui intéresse le réalisateur. Il y a plusieurs étapes; ce n\'est pas simple à résumer. Le mouvement commence avec une poignée d\'hommes réfugié dans les montagnes, puis s\'amplifie. Des paysans et des marchands se joignent aux samouraïs, qui prêchent une idéologie égalitaire certainement fort séduisante pour ces gens qui souvent ont été chassés de leur terre, comme Sentaro, par incapacité à acquitter les taxes. Le succès du mouvement a une première rançon : un faux Tengu-to apparaît, simple truc opportuniste utilisé par des pillards pour impressionner les paysans et les voler. Seulement au Tengu-To véritable, il y a certains samouraïs du clan Mito qui sont des \"conspirationnels\"-nés (ah ben comme c\'est différent de notre époque!) et croient que ces bandits qui se font passer pour eux sont à la solde de rivaux politiques. Bientôt miné par des querelles intestines meurtrières, le Tengu-To décline; et après avoir réussi à rassembler plusieurs milliers d\'hommes et constitué une vraie menace militaire, ils doivent admettre leur amère défaite et chercher le pardon de l\'Empereur. Sauf que l\'Empereur ne pardonnera qu\'à des samouraïs, sibien que les paysans et les marchands qui se sont joints au mouvement deviennent gênants : il faut les éliminer. Et voilà.

Les scènes de batailles ne sont pas si nombreuses, mais spectaculaires et très bien menées. Des hommes armés seulement de sabres coincés sous les feux de l\'artillerie lourde, cette scène de bombardement va me rester, c\'est sûr. (Comme va me rester la scène toute petite où l'on voit Sentaro acheter le journal : feodal certes, mais de la galaxie Gutenberg).

Pour traverser ces tragiques événements, les auteurs ont, fort judicieusement, choisi un personnage du bas de l\'échelle, Sentaro, un simple paysan devenu héros malgré lui et qui finit par se rendre compte que sa lutte s\'est fait détourner, falsifier puis finalement transformer en son contraire. l\'ensemble demeure brinquebalant, pas toujours maîtrisé (c\'est évidemment un sujet fort ambitieux). Mais heureusement, le film repose sur les épaules d\'un grand acteur dont la performance tant physique que dramatique parvient à soutenir l\'intérêt de bout en bout. Encore une fois bravo, Nakadaï-san !


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