Si je comprends bien, ce film de 1948 est librement adapté du classique d'Eugène Sue, puisque l'histoire court par-dessus les siècles pour finir pendant la Seconde Guerre mondiale et la Shoah. Décision intéressante de la part des onze (sic) coscénaristes (dont Mario Monicelli et le protéiforme Ennio De Concini). J'avoue que ce film m'intrigue beaucoup. Quelqu'un l'aurait-il vu ?

En entrevue, l'acteur Vittorio Gassman disait toujours que sa vraie carrière au cinéma a commencé avec Le Pigeon et que tout ce qui a précédé était un travail alimentaire qu'il détestait; sa vie, c'était le théâtre, qui lui rapportait beaucoup de prestige, mais peu d'argent. Sans doute, mais pour Riz amer, par exemple, peut-être est-ce un peu moins vrai ? Quoique même dans ce De Santis, il se retrouve dans son casting typique de l'époque : celui du méchant. Ici, par contre, ce n'est pas le cas : il est le héros éponyme. D'après le résumé, ça raconte notamment que le Juif errant va s'évader d'un camp nazi avec sa compagne Esther (Valentina Cortese).

Comment montrait-on ça en 1948 ? Décidément, ça m'intrigue. Je vote.

Je m'associe à notre ami Arca. Comment cette histoire a-t'elle été traitée ?

Comme dit un internaute sur le site film.tv.it : « È il primo film che parla di Shoah (…) a due anni dalla fine della seconda guerra mondiale. »

C'est intéressant. Déjà qu'à cette époque, Vittorio Gassman dans un autre rôle que le méchant de service était une denrée rare (car avant Le Pigeon, c'était un tout autre acteur, d'après ses dires moins bon, du moins au cinéma). Mais surtout, je garde un souvenir admiratif d'un autre film du réalisateur Alessandrini, Nous, les vivants , qui en plein 1942 avait intelligemment pris le point de départ d'un film anticommuniste commandé par le régime pour en faire un film antitotalitaire en général, dans le genre suivez-mon-regard, sans que la censure fasciste se rende compte de ce qu'elle laissait passer. N'ayant vu que cet autre film du réalisateur, je dirai pourtant que le sujet de ce Juif errant qui commence dans l'Antiquité pour s'achever avec la Shoah ne m'étonne pas de sa part.