80% de parlotte, 20% d'action, c'est la formule de ce Death proof qui ne pouvait être signé que de Tarantino. Le scénario (?) est incompréhensible : une première partie lookée années 70, avec scratches de pellicule compris, et une seconde qui démarre mollement pour s'achever dans une excitante poursuite, évoquant les grandes heures de Russ Meyer.
Le problème de Tarantino, et qui ne fait que s'accentuer avec les années, est qu'il s'adore, et qu'il adore ce qu'il fait. Au point d'infliger de longs plans-séquences de voiture, où quatre idiotes vulgaires échangent des banalités dignes d'un reality show, sur les mecs, et la vie en général, envoient des SMS débiles, se chamaillent à coups de "bitch" et de "fuck"… Jusqu'au crash salvateur, le premier sketch est d'un ennui mortel, uniquement sauvé par l'extraordinaire présence de Kurt Russell, buriné et balafré, qui a enfin acquis le charisme qui lui manquait tant dans ses films avec Carpenter. Il fait à un moment donné, un imitation saisissante de John Wayne. L'acteur est aussi bien utilisé en psychopathe, que le furent jadis Travolta dans Pulp fiction, ou Robert Forster dans Jackie Brown. QT s'est bien sûr réservé un (petit) rôle de barman, et de ce côté-là, il n'a pas fait de progrès !
La deuxième moitié de Death proof est un peu plus jouissive, d'abord parce que les filles sont plus amusantes, même si elles jacassent autant que les précédentes, et ensuite parce que le retournement de situation final est surprenant.
En voulant rendre hommage aux films "de bagnole" d'antan, Tarantino oublie que ceux-ci duraient à peine 1 H 30, et parfois moins, et qu'étirer sa maigre historiette sur plus 1 H 50, est une torture. Mais c'est le péché mignon de ce réalisateur qui aime se voir filmer, et il est clair que sa totale liberté créatrice ne lui réussit pas toujours. Death proof est une sorte de pot-pourri bourré de clins-d'oeil plus ou moins lisibles, d'humour "redneck", et de violence brute. Le premier accident porte néanmoins la patte d'un vrai réalisateur, qu'on aimerait bien voir se pencher sur un matériau plus intéressant… Parce que Kill Bill était crétin mais élaboré. Death proof est juste crétin.
Depuis quelques temps, l'esprit accaparé par un univers uniquement musical, ma vision du cinéma s'est un peu modifiée et ma tendance involontaire à rapprocher cet art à celui de la musique a donné lieu à différentes distorsions dans ma perception des films de Tarantino. Je profite donc d'un peu de temps pour venir en parler sur Dvdtoile.
Dans la musique contemporaine, beaucoup de musiciens travaillent seuls avec leurs machines. Pour combler en partie les lacunes potentielles de certains sur le sujet : les Disc-Jockey ne sont pas seulement des animateurs de boîtes de nuit et beaucoup de DJ sont compositeurs et utilisent le "sampling". Le "sample" (échantillon), est un extrait de musique ou un son réutilisé en dehors de son contexte d'origine afin de recréer une nouvelle composition musicale. L'extrait peut être une note ou un motif musical (wikipédia). C'est une manière de réutiliser les créations des autres, anciennes ou modernes, de les fragmenter, les mélanger pour créer quelque chose de nouveau, faire du neuf avec du vieux en somme. Le but est souvent de créer un morceau original qui n'a absolument rien à voir avec le matériel utilisé pour le composer. Le charme de ces compositions modernes peut parfois venir des crépitements de vieux vinyles, laissés délibérément sur la piste sonore pour qu'on sache que ce morceau hyper branché est un sampling de James Brown avec un soupçon de Beethoven, ponctué d'enregistrement quelconque de vol d'abeille ou de rugissement de lion.
Je ne sais pas si vous voyez où je veux en venir mais je considère Tarantino comme un "sampler" du cinéma, un "Film-Jockey". De plus, la musique influence déjà beaucoup ses films, c'est un réalisateur qui a un don pour ressortir des vieux morceaux du néant jusqu'à les propulser tubes dont les pubs s'arrachent ensuite les droits pour vendre tout et n'importe quoi.
Ceux qui ne m'ont pas oublié sur Dvdtoile, savent que j'aime beaucoup Tarantino et je suis allé voir son dernier film en avant-première. Ce n'est pas son meilleur et pour cause, je lui préfère le segment de Rodriguez (j'y reviendrais quand j'aurais le temps). Mais bon, le projet initial était de diffuser les deux films à suivre, les montages ont été modifiés, rallongés pour faire deux films bien distincts, tout ne s'est pas passé comme prévu, tant pis…
Pourtant, je suis de nouveau largement comblé par ce Death Proof qui malgré une déception et des longueurs au niveau des dialogues, mérite visionnage pour de nombreux moments anthologiques (l'accident est époustouflant). Ce réalisateur devient de plus en plus fort pour manipuler le spectateur et le surprendre par des virages à 180° (sans mauvais jeu de mot), sa direction d'acteurs est toujours aussi maîtrisée (Kurt Russel est extraordinaire), l'intrigue se découvre naturellement, les informations ne sont pas données, il faut les saisir dans les dialogues. Les personnages féminins sont humains, sensibles, d'actualité, désolé PM Jarriq mais ce genre de filles existent. Fidèle à son univers qui suinte les seventies, ce qui doit sûrement agacer ceux qui aimerait le voir évoluer et mûrir vers un autre genre de cinéma, Tarantino a réalisé une série B en pensant autant à divertir les spectateurs que les spectatrices. La première partie est plus poussiéreuse et donne l'illusion d'être plus vieillote, les filles sont vues comme des victimes alors que la deuxième partie dépoussière le genre et renverse la donne. Se servir de la pellicule qui saute où qui brûle pour zapper volontairement des moments du film est une idée rythmique fort ingénieuse, dommage que l'expérience Grindhouse ait fait un bide. Je suis définitivement client de ces deux sales gosses que sont Tarantino et Rodriguez et j'attend le prochain projet avec impatience.
2,5/6
Le film démarre sur les chapeaux de roues, se moquant des poncifs du film de genre (les utilisant pour ensuite les détourner brusquement). Les prouesses visuelles sont également indéniables…. La première partie décalée, est réussie, -mérite un 5/6 ! – mais hélas…
Ensuite cela se gâte sérieusement. Tarantino perd le contrôle de son véhicule. Une absence de propos, d'idées, de trame narrative, une mauvaise direction d'acteurs, apparait au grand jour. Vacuité totale. Les 40 dernières minutes sont catastrophiques, accumulant dialogues insipides, longueurs, inepties, invraisemblances énormes et même des cascades foireuses (Friedkin a fait beaucoup mieux). Tarantino semble vouloir massacrer son film, et le public avec. Ou le fond et la forme sont-ils trop décalés, trop expérimentaux ? Ou bien cherche-t-il à se mettre en scène lui-même ? On ne sait pas. En tout cas, ce film prometteur est raté.
Il manque sans doute un scénariste (ou un producteur) à Tarantino pour le recadrer par moments dans ses fantasmes cinématographiques.
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