Réalisé par Pacino, d'après une pièce qu'il joua de nombreuses fois, Chinese coffee est un curieux produit, entre théâtre filmé, téléfilm en huis-clos agrémenté de flash-back parfois incongrus, et véritable oeuvre d'auteur, par son approche originale du montage. Le film commence comme une joute verbale, entre deux losers pittoresques de Greenwich Village, et au fur et à mesure que leur dialogue progresse, les personnages deviennent plus concrets, moins schématiques, et leurs engueulades amicales tournent au vinaigre. Le face à face décrit en fait la fin d'une amitié, tuée par la jalousie, l'aigreur. En ressortant de cette nuit éprouvante, Pacino acceptera enfin le monde réel, et signera probablement son meilleur roman, tandis que Orbach s'enfoncera dans l'oubli et la solitude. C'est d'une acuité rare, la progression est parfaitement rendue par les deux immenses acteurs confrontés ici, Pacino remarquable en vieil enfant qui s'éveille à l'âge adulte, et Orbach magnifique en aîné rongé par l'échec, et la terreur de voir son "double" plus jeune, avoir une chance de s'en sortir. Chinese coffee n'est pas bien gai, c'est certain, mais si on passe sur son aspect étriqué, il se révèle assez prenant, et en tout cas très personnel.

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