Pour ce qui est de voir une série noire au suspense prenant, Trois jours à vivre n'est pas vraiment un modèle du genre, mais le film ne manque pas de charme, et le tournage en studio n'est pas des moindres. Prenant pour cadre une petite troupe de théâtre en tournée, peuplée de vieux ringards, de cabots ridicules, d'un patron menteur et opportuniste (le drôlissime Aimé Clariond)
, le film a pour particularité d'avoir pour "héros", un individu tout simplement répugnant : un jeune acteur déjà aigri, et imbu de lui-même, qui n'hésite pas à faire condamner un innocent, pour faire sa pub, et – plutôt en avance sur son temps – profiter des médias, pour se faire une célébrité à peu de frais. Evidemment, quand "l'innocent" en question s'appelle Lino Ventura,
et qu'il s'évade pour se venger, ça se corse. Gélin
endosse bravement ce rôle antipathique et veule, sans aucune qualité rédemptrice, et sa relation avec Jeanne Moreau
est teintée de sado-masochisme. Encore jeune, et déjà marquée, Moreau
crée un personnage intrigant, et sa séquence de séduction avec Ventura
est originale et inattendue. C'est elle qui prend les devants, qui ne semble absolument pas effrayée, qui tire les ficelles. Apparaissant assez peu, Ventura
qu'on a beaucoup vu jouer ce genre de personnage dans les années 50, est un voyou crédible et imposant. Et son face à face dans la chambre d'hôtel avec une Jeanne Moreau en costume de scène, laisse deviner le potentiel d'un personnage trop peu utilisé par le scénario : le dur à cuire réglo, d'un total machisme, dont le sens de l'honneur va jusqu'à l'acte suicidaire.
Bien sûr, le film pèche par la légèreté avec laquelle est conçue la partie "polar" : recherché par toutes les polices de France, Ventura voyage à visage découvert, loue des voitures, prend des chambres dans des hôtels, avec une royale décontraction. Le flic chargé de protéger Gélin,
est un quinquagénaire amateur de Cinzano, et le plan des flics pour coincer l'évadé (l'intercepter à l'aéroport !) est des plus bâclés. Mais l'essentiel de Trois jours à vivre
n'est pas là : le dialogue d'Audiard
est souvent réjouissant, la description du petit monde de la troupe est amusant (Alexandre, le vieux cabot couard et intarissable est bien vu), et la vision que Grangier
a du jeune comédien – et on suppose des jeunes comédiens, en général – est d'une cruauté rare.
Si le rythme est un peu lent, ce qui vieillit considérablement le film, est la musique de Kosma, envahissante et terriblement ringarde, qu'on dirait écrite pour un autre film.
A noter que si l'image est d'un niveau honnête, le film "saute" légèrement à chaque changement de plan, ce qui est extrêmement désagréable.
Je partage entièrement le point de vue de PM Jarriq sur ce petit film de samedi soir, très daté (ah ! le portrait du mirobolant Président René Coty dans les commissariats !),qui manque un peu de rythme, qui ne vaut guère que par quelques traits du dialogue d'Audiard, par le comportement vénéneux de Jeanne Moreau
et par la présence physique de Lino Ventura
qui manque, toutefois, un peu de distance par rapport à l'immense acteur qu'il deviendra.
Et c'est un film sur le théâtre et les théâtreux, ce qui est assez rare…
Car, quoi qu'on en dise et qu'on qu'on y fasse, cinéma et théâtre sont des mondes à part, moins connivents qu'adversaires, se méprisant et se jalousant tout à la fois dans une impossible concurrence. Et, à dire le vrai, à part quelques beaux Guitry (notamment Le Comédien)
et Les enfants du Paradis,
je ne vois pas beaucoup d'hommage à cet art ringard…
Je n'ai pas vu ce film donc je ne peux pas juger.
Mais Lino Ventura tient t'il le rôle principal dans ce film ?
DEBURAU…ENTREE DES ARTISTES…Quelques gros degrés en dessous le pittoresque SENECHAL LE MAGNIFIQUE et , peut-être " QUAI DES ORFEVRES " qui fait quand même la part belle au music-hall…En cherchant bien , il doit y en avoir d'autres , mais il est vrai assez rares.
Je vois pas beaucoup d'hommages au théâtre… Le Dîner de cons ? Le cinéma abdique, le théatre l'emporte, et pourtant, c'est un très bon film !
Sur les milieux du théâtre/ music-hall, il faudrait que je pense à mettre la main sur Les Feux du music-hall. Et je reverrais aussi Poussière d'étoiles
avec Alberto Sordi
et Monica Vitti.
Un hommage au monde du théâtre ? Mais… All about Eve, voyons !
Je n'évoquais que ce que je connais : le théâtre en France… et je n'ai jamais vu Eve (je sais, c'est impardonnable) et Entrée des artistes
évoque le Conservatoire…le moment où tous ces jeunes gens croient encore en leur destin…
Pour répondre à Frétyl : relisez avec attention, mon garçon, le message de PM Jarriq, qui vous dit très clairement la place et le rôle que tient Ventura dans ce Trois jours à vivre
qui ne laissera pas grande trace…
Impardonnable, mais remédiable. Heureusement…
Il y aussi The Dresser, Le Dernier métro, et bien sûr le semi-documentaire Theatre of Blood
…
Frétyl, vous êtes exaspérant ! Où voyez-vous que Le Père Noël est une ordure se passe dans le milieu du théâtre ?
Ce n'est pas parce que vous savez que le film est tiré d'une pochade de café-théâtre et que la pièce a été éditée en DVD qu'il faut écrire n'importe quoi ! Parce qu'à ce moment-là, Les bronzés est directement issu d'Amours, coquillages et crustacés, de la même troupe du Splendid !! Si vous lisiez vraiment ce qui est écrit, vous feriez davantage de progrès !
Oui, Le dernier métro, Arca, vous avez raison ; mais l'intrigue et la situation historique particulière font tout autant partie prenante du film ; on devrait s'arrêter là, non ?
Non M'sieur , un dernier pour la route…TÔA , Cinéma au service du theâtre ou le contraire ?…
Vous n'allez pas me dire quand méme que le pére noél est une ordure n'a pas un coté théâtre, au même niveau que Jo avec De funés ou le diner de con la sinistre adaptation de l'avare ou encore oscar sont des films qui par leur cloisonnement nous font presque croire que nous sommes bien au théâtre, il ne manque que les rires et les applaudissements des spectateurs.
Pour un film qui se passe directement dans le milieu du théâtre mais qui ne ménage pas cet art là , nous avons par contre le très particulier chobizenesse ou Jean Yanne semble régler quelque compte avec le théâtre intellectuel et commercial.
Il ne s'agit pas de ça , Simon…Oui , tu as raison quand tu dis que "Jo" , qui fut d'abord une pièce de théâtre , est une oeuvre filmée comme si nous étions au théâtre. "Oscar" également , bien sur.
Mais nous évoquons les films qui rendent HOMMAGE au théâtre. "Les enfants du Paradis" , par exemple est un merveilleux film ou…il n'est question que de théâtre.
Mais qu'il est bête ! Qui ? Frétyl, bien sûr !
La nuit ne m'a pas porté conseil ; j'ai lu, hier soir, la calme et pédagogique réponse de Sépia qui, comme une institutrice de Maternelle tentait de remettre notre caniche fou sur des rails à peu près droits. Mais, sous le beau soleil d'octobre, grisé par la victoire de nos Bleus sur les Blacks, mon impétuosité naturelle se donne à plein.
Frétyl, n'avez-vous jamais songé que le cinéma a succédé au théâtre (et, à mes yeux, l'a totalement ringardisé) en s'affranchissant, certes, de nombre de ses contraintes et limites, mais aussi en utilisant ses recettes et en adaptant ses récits ? Les films tirés de pièces de théâtre sont légion ! Et ça va de Marius à Key Largo,
de Douze hommes en colère
à Cyrano de Bergerac
… Et Dogville,
alors ?…
On pourrait même dire, dans une certaine mesure, que tous les films tournés en huis clos utilisent l'espace fermé du théâtre ; cela n'en fait pas des films SUR le théâtre…
Pour répondre à un précédent message de Sépia : si je n'ai pas vu Tôa, je crois, comme vous, connaître assez l'œuvre de Guitry –
et ses orientations – pour penser que le Maître, à l'arrivée du parlant plus que sceptique sur le Nouvel Art, a vite compris – sans jamais trop l'avouer, ou même se l'avouer (ç'aurait été une sorte de parricide) que le cadre théâtral était dépassé, et que la souplesse du cinéma, entre extérieurs, montage, jeu des lumières et des caméras, pérennité de l'enregistrement en sus, était la voie de l'avenir.
(Même réflexe visionnaire chez Pagnol,
d'ailleurs).
Mais nous allons pouvoir gloser de tout cela à l'envi puisque, malgré RdT et ses épigones, de gigantesques coffrets Guitry vont sortir avant la fin du mois, avec tout ce que nous aimons, films issus de pièces de théâtre (Faisons un rêve)
ou merveilleuses compositions cinématographiques pures (Les perles de la Couronne)
…
Bon. On a compris la leçon de choses, maintenant, Frétyl ?
Le plus grand film sur le théatre est incontestablement All about Eve de Mankiewicz.
Et on avait oublié de citer le savoureux Coups de feu sur Broadway, de Woody Allen
qui traite à la fois de théâtre, de création, d'imposture et du métier d'acteur.
….Alors , Sacha se lève , prend son enfant dans ses bras et se demande : "- Vais-je savoir en faire un homme heureux ?…"
(fin de l'acte -Mon père avait raison- )
à Pierre et Simon.
Et la comédie loufoque TO BE OR NOT TO BE de Lubitsch
se situant dans un théâtre où une troupe répète sa nouvelle pièce, "Gestapo".
Ici, Lubitsch
instille dans notre affect, par le truchement d'un entrelacement de suspense et de rire, une diatribe satirique sur la vanité incommensurable des acteurs et surtout un pamphlet acide sur le national-socialisme.
Ne levons tout de même pas le drapeau trop haut : ça demeure un petit film tranquille et sans beaucoup d'ambition, un film réservé aux salles de samedi soir, fauteuils de peluche, ouvreuses à piles Wonder et esquimaux Gervais compris. Mais c'est bien tenu, rigolotement dialogué (par Michel Audiard) et plutôt bien interprété par des acteurs solides, Daniel Gelin,
Jeanne Moreau,
Aimé Clariond
et, en second rôle (qui pèse lourd), Lino Ventura.
Dans Trois jours à vivre, l'histoire est loin d'être insignifiante, suffisamment originale pour retenir l'attention et assez bien racontée (un peu poussivement, néanmoins). Le meilleur en est le regard narquois posé sur ce petit monde des tournées théâtrales minables, quittant le casino de Fécamp pour le Kursaal de Saint-Valéry en Caux, dans une sorte de course effrénée pour l'oubli de leur propre médiocrité. Un regard un peu plus appuyé (et un peu plus inspiré), et ce ramassis de minables se retrouvera quelque jour dans la bouilloire méchante de La fin du jour
; un peu plus tendrement considéré, c'est le trio pathétique, désolant et délicieux des Grands ducs
… Les scènes où tous les comédiens sont réunis, les uns bouffis de vanité, les autres bien conscients qu'ils n'iront pas loin sont très réussies.
Jactance des uns, jalousies, envies, aigreurs des autres : Gilles Grangier aurait pu davantage insister là-dessus, ce qui aurait mieux permis de comprendre pourquoi Simon Belin (Daniel Gélin)
, le seul de la troupe qui ait un peu de talent mais qui végète en second rôle entre Carpentras et Villers-sur-Mer se saisit sans beaucoup de scrupule de la chance qu'il a eue d'être témoin d'un assassinat et donc de bénéficier à une notoriété qui lui permet de passer au premier plan, au bénéfice d'un faux témoignage.
On aura le plaisir de reconnaître, outre les têtes d'affiche, de bons acteurs moins notoires, Aimé Clariond et Roland Armontel
en premier lieu, mais aussi, cueillis ici et là, Marcel Pérès,
Jacques Marin,
Gabriel Gobin, Robert Rollis…
Tout ça, il est vrai, ne mérite pas un aussi long message…
Il peut paraitre surprenant que Lino Ferrari ne se défende pas lorsqu'il est accusé d'un crime qu'il n'a pas commis . Cela sur la seule foi du faux témoignage de Simon Belin. Son unique réaction est qu'il veut se venger du faux témoin ,il le menace à la cour d'Assise . Il aurait pu fournir un alibi, clamer son innocence… Il semble en fait qu'il voulait couvrir le véritable coupable, un semblant d'explication est fourni vers la fin du film, mais ce n'est pas très clair . Vers 1 h 15 mn : Lino Ferrari " je sais qui a tué. .- Jeanne Fortin : vous connaissiez l'assassin et vous ne l'avez pas dénoncé ! – Vous êtes marrante , vous, il faisait partie de mes relations, si j’avais la mentalité de votre petit ami…"
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