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Sujet : Dewaere le grand


De Hombre, le 31 janvier 2003 à 12:56

Je n'ai pas le souvenir d'un vraiment grand film : trop hystérique, trop systématiquement glauque, mais j'ai très envie de le revoir pour Dewaere, véritable pile électrique, flippant d'intensité.


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De Isidore, le 27 avril 2004 à 22:13

Pour ma part, je trouve le film extraordinaire, grâce à Dewaere. Le mot me manque pour décrire le talent qu'il a investi dans ce film . Mais Je pense que le film appartient à une lignée dont font également partie La lune dans le caniveau de Beinex, Mortelle randonnée de Claude Miller, ou Canicule de Boisset : tout est poussé au maximum. Ce qui fait que ces films, pour la plupart très réussis, ne touchent pas toujours un public aussi large qu'ils ne le devraient. Merci en tout cas à Alain Corneau d'avoir réalisé cette merveille.


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De devil, le 20 juin 2004 à 18:37

je trouve pour le moins scandaleux qu'à aucun moment il ne soit fait mention du nom de Jim Thomson auteur du livre et de son titre – si ce n'est par des spectateurs – A en croire vos informations le film serait l'œuvre de Cornaud et Pérec. Un beau sujet de réflexion, dommage qu'il soit mort.


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De le shaman, le 23 août 2005 à 12:21

Vraiment une très belle observation de ce film fort et difficile. Le meilleur de Corneau avec "Le Choix des Armes" et le trop célèbre "Police Python 357". Avec "Série Noire", le réalisateur s'approche d'un José Giovanni et offre une prestation de tous les diables au génial et tant regretté Patrick Dewaere.

Violent, dramatique et constructif, la descente au enfer est un electro-choc primordial et encore une fois, la mise en scène repose entièrement sur le personnage de Deware, grand acteur au charisme redoutable. Il est bien trop tard pour s'en rendre compte à présent, mais il fallait de l'autonomie pour diriger une telle bombe ! "Série Noire" rend aussi bien justice à l'acteur qu'à l'ambiance opressante et perverse d'une banlieue qui ne mérite pas un seul regard.

Je dois avouer aussi m'être influencer de ce film ainsi que du "Deuxième souffle" de Jean-Pierre Melville et du film "L'Albatros" de Jean-Pierre Mocky pour écrire mon scénario…….

Alain Corneau avait tout pour s'imposer tel le Scorsese ou le Samuell Fuller du cinéma contemporain français. Et encore une fois, histoire de conclure, Marie Trintignant nous manque ainsi que ce paternel de Bernard Blier qui était un unique homme de caractère…

Un authentique chef d'oeuvre pas assez représenté…


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De vincentp, le 23 avril 2006 à 19:06
Note du film : 5/6

Un très beau film policier, adaptation d'un livre du génial Jim Thompson, et qui est porté par les brillantes interprétations de trois acteurs très talentueux aujourd'hui disparus, Marie Trintignant (mignonne à croquer), Patrick Dewaere (génial, tout particulièrement lors de la séquence d'ouverture) et Bernard Blier (superbe). Mais les seconds rôles sont également joués à la perfection. Très beau descriptif des mœurs de marginaux et paumés de banlieues, avec une mention que j'attribue pour le portrait de l'escroc cynique, exploitant veulement les faiblesses humaines, interprété par Blier. Ce genre de personnage n'est malheureusement pas que de fiction.


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De Noodles Aaronson, le 28 janvier 2010 à 16:22

Et le scénario et dialogues de Georges Pérec!!!


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De Impétueux, le 31 octobre 2011 à 18:19
Note du film : 5/6

Une réelle singularité dans la carrière bizarre d'Alain Corneau, marquée de quelques coups d'éclat – ce film, mais aussi Police Python 357, l'étonnant et un peu ennuyeux Tous les matins du monde, l'intéressant Cousin – mais aussi des trucs pas bien nets – La menace, Le Prince du Pacifique, le remake indécent du Deuxième souffle.

J'avoue sans peine que j'ai, pendant des années, et dans l'évidente foulée des Valseuses – davantage sujet de scandale que film de qualité, à mes yeux – j'ai eu tendance à tenir Patrick Dewaere comme une sorte de faire-valoir, de second couteau un peu triste, un peu grisaillant, un peu fêlé, aux côtés du solaire, du lumineux Gérard Depardieu.

On sait bien ce qu'est devenu Depardieu aujourd'hui – qui n'est pas toujours sans talent, mais décontenance par une sorte de laisser-aller dans les choix de tournage et de vie – ; mais on ne saura jamais ce que serait devenu Dewaere si certaines failles intimes ne l'avaient pas conduit à se tuer en juillet 1982. Sans cynisme, mais avec un réel scepticisme sur la nature de ces choses si délicates, j'incline à penser que la fin tragique était évidemment en germe dans le jeu suraigu, tendu comme une corde à violon, à la perpétuelle limite du dérapage et de l'outrance, trouvant dans sa folie le coup de génie qui en rend le talent inimitable.

J'ai révisé mes classiques avec Adieu, poulet, Un mauvais fils, Mille milliards de dollars, Coup de tête, La meilleure façon de marcher. Je ne suis pas certain de voir ou revoir ce qu'il a tourné avec Yves Boisset, ou avec Bertrand Blier, dont le cinéma ne me séduit pas beaucoup… mais mon admiration pour Dewaere, à chaque découverte ou redécouverte, ne cesse d'augmenter…

On voit bien que Série noire n'existerait pas sans lui, sans sa présence hallucinée. Il porte tout le poids du film, éclipsant tous ceux qui l'entourent, à l'exception notable d'un Blier trop rare, mais toujours prodigieux de justesse, des silhouettes qui paraissent n'exister, n'avoir de vie réelle que dans la seule mesure où elles croisent sa marche de plus en plus folle, de plus en plus minable.

Car tout est minable, dans un film qui paraît sur ses épaules porter tout le désenchantement des dernières années Giscard et les fols projets de la Gauche unie. Il pleut désormais continuellement sur ces terrains vagues aux lisières des immeubles de tours et de barres ; on ne croit plus que les Cités soient une solution d'urbanisme bien maligne mais, la vitesse acquise aidant, on fait comme si… Il y a tout à côté dans des villages rattrapés par l'urbanisation, exemplaires de laideur, avec leurs pergolas cassées et leurs parements en pierre meulière, des chemins pleins de glaise, des jardins désespérants. La campagne n'est pas loin : au moment où Poupart-Dewaere, au tout début du film, sonne à la porte de l'immonde Tante (Jeanne Herviale), le chant du coq retentit…

Et ça se passe où, d'ailleurs ? La plaque d'immatriculation de Poupart signale 78 (Yvelines), mais il me semble avoir décelé dans la course de Poupart et de Tikidès (Andreas Katsulas) une publicité pour le centre commercial Créteil-soleil et quelques bâtiments qui appartiennent (grand bien leur fasse !) au chef-lieu du département du Val-de-Marne. Ce sont des franges malsaines, mal fichues, mal bâties, purulentes ; rien qui aille. Minable, minable et sordide : la maison de la vieille maquerelle qui aime les robes de chambre matelassées, le gymnase où Poupart va aller escroquer Tikidès, le pavillon de Poupart, sa souillon de femme (Myriam Boyer à qui il lance, même pas furieux C'est toujours partout pareil : avec toi, toutes les maisons deviennent des taudis !) ; sordide des situations (la scène de Poupart avec les bikers) ; sordide des sentiments (la manipulation de Tikidès, dévoué comme un bon chien et abattu parce que c'est son destin) ; sordide du temps (pas un seul rayon de soleil de tout le film…).

Il est haletant, fragile, fou furieux quelquefois, misérable ; il se demande ce qu'il va bien pouvoir faire de Mona (Marie Trintignant, au regard particulièrement vide et crispant) ; il est foutu…

C'est un film d'une grande gaieté…


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De Steve Mcqueen, le 23 août 2014 à 21:20
Note du film : 6/6

"Sans cynisme, mais avec un réel scepticisme sur la nature de ces choses si délicates, j'incline à penser que la fin tragique était évidemment en germe dans le jeu suraigu, tendu comme une corde à violon, à la perpétuelle limite du dérapage et de l'outrance, trouvant dans sa folie le coup de génie qui en rend le talent inimitable." (Impétueux)

Qu'ajouter ?

Simplement que Dewaere est épuisant dans ce film, épuisant d'intensité, épuisant de talent brut, épuisant de génie. Quelque chose clochait peut-être, on ne pouvait pas "interpréter" un rôle avec tant de talent, passer par toute la gamme des sentiments contradictoires avec tant de maestria, dans la seconde, sans être soi-même sur la corde raide. Il n'est pas question ici d'interpréter un rôle, mais de faire corps avec lui, de fondre l'acteur et le personnage dans une même entité qui les dépasse.

Corneau invente un monde qui est comme une antichambre de l'Enfer, un purgatoire profane, gris et terne. Des antihéros s'y meuvent, beaux et dérisoires, appâtés par le gain et l'amour. Un monde où l'on assassine un homme tout en récitant les paroles d'une chanson joyeuse. Un monde en déréliction où les sentiments semblent obscènes, comme hors-sujet. Un monde d'asphalte décharné, d'intérieurs glauques.

Un monde absurde émaillé de tristesse, éraillé de tendresse.

   

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