On aime ou on n'aime pas Brigitte Bardot… a-t-elle eu du talent ou simplement un physique ?… Je serai beaucoup plus nuancé.
Tout ce que nous partageons au quotidien et qui nous semble louable, agréable, sera à coup sûr ringard dans quelques décennies… Car il faut bien comprendre que la demoiselle Bardot a révolutionné l'image que l'on se faisait de la femme dans les années 50…
Au cinéma nous avions jusque là des actrices (françaises et étrangères) qui se drapaient dans des rôles stéréotypés de "femme fatale", de "garce", de "mère", de "bourgeoise"… Et puis subitement une gamine, avec sa robe vichy, les cheveux en désordre, marchant pieds nus, proclamant très fort sa liberté séxuelle, est venue bouleverser ce bel ordre établi (Et Dieu créa la femme)… Elle n'avait rien à prouver… Elle était "Elle" tout simplement… une seauvageonne !…
Quelle révolution ! (nous n'étions pas encore en mai 68)… Enfin (ne soyons pas Tartuffe) elle a bouleversé à l'époque la libido de pas mal de mâles de tous âges…
Tout cela est bien gentil me direz-vous… mais l'actrice dans tout ça ?… D'autres que moi ont décrié son jeu scènique relativement pauvre… et même si je partage cette analyse, j'ajouterai que cela n'ennuyait personne lors de la sortie de ses films !…
Alors il faut bien mettre en exergue quelques films où l'actrice a marqué son empreinte de façon positive… Hormis "En cas de malheur" de Claude Autant-Lara, où la présence de Jean Gabin a été bénéfique à la réussite du film, on peut citer "La vérité" de H.G. Clouzot dont la rumeur faisait dire qu'il avait eu la main leste pour provoquer des émotions à la pauvre Brigitte… Et puis "Vie privée" avec Marcello Mastroianni, mon film préféré, car il relate tout simplement les attentes et les illusions d'une jeune femme dont la vie a écrit à sa place les plus belle pages, sans qu'elle puisse véritablement changer le cours de l'histoire… Riche et à la fois démunie sentimentalement, cette quête à l'identité aboutira inéxorablement à la mort, à un moment où tout aurait pu être possible…
4,5/6. Un beau portrait, par Louis Malle, d'une vedette féminine de cinéma, victime de sa notoriété. Le mode de narration globalement moderne, comporte des séquences frappantes, elliptiques, ou sans dialogues, portées parfois simplement par quelques notes de musique, captant les sentiments intimes de ce personnage, ou la caractérisant. La caméra suit par exemple lentement et attentivement la déambulation de Jill Brigitte Bardot
dans l'appartement de Fabio (Marcello Mastroianni)
, la devançant par moments –me semble-t-il, de mémoire-, marquant le caractère mélancolique et hésitant du personnage. Ou l'observant se déplacer à petit pas dans un jardin assombri –attitude caractéristique de sa personnalité introvertie, loin de son image publique.
Autre intérêt du film : intégrer ce portrait dans un cadre social, et montrer comment les antagonismes de classe –exprimés par des images récurrentes- générent à la fois le vedettariat et la presse à sensation.
Le soin apporté aux décors, aux dialogues, l'intelligence du scénario, la qualité des prises de vue, de la mise en scène…, feront oublier le doublage en français calamiteux de Mastroianni (sa voix naturelle, modulable à souhait est infiniment plus porteuse d'émotions), quelques développements un peu datés (ainsi ces reproches méprisants exprimés par plusieurs personnages à Jill et qui représentent aujourd'hui un mode de pensée bien dépassé), cette voix off, emphatique et ringarde, de type « actualités » des années cinquante, ou ces violons un peu déphasés. Le film date de 1962, le cinéma français est alors en pleine transformation, et sans surprise, plusieurs styles différents peuvent coexister.
Ce récit peut faire penser par moments à La dame sans camélias d'Antonioni
(1950), ou à d'autres films ultérieurs du cinéaste italien, par le sujet, et son traitement. Citons comme éléments communs, pêle-mêle, les difficultés de communication, le mal-être ambiant, l'émancipation difficile du personnage féminin principal, le cadre bourgeois, ou l'importance accordée aux décors, au rythme, à la musique –le piano comme dans Le cri
par exemple-, …
De son côté, Louis Malle, ancien assistant du Commandant Cousteau pour Le monde du silence
a acquis d'emblée la notoriété par deux films jugés scabreux, Ascenseur pour l'échafaud
et Les amants
et par la fantaisie assez vaine de Zazie dans le métro.
Je trouve le film à l'image de son sujet : parfaitement nul et vide, mais, en même temps, plein d'un certain charme. Ce milieu d'oisifs, de parasites artistiques, de photographes de presse voraces, de bourgeois mécréants qui côtoie un populo hypnotisé par ce qu'on n'appelait pas encore les people n'est finalement pas très intéressant. Et, multipliant les séquences vaines et répétitives, Vie privée est un peu languissant, jusqu'à susciter l'ennui. On pourrait dire que c'est précisément ce que souhaite montrer Malle,
mais la gageure aurait été, de fait, de ne pas ennuyer avec l'ennui. (Ce qui, j'en conviens volontiers, n'est pas la chose la plus aisée du monde).
Film mineur dans la carrière de Louis Malle, (qui devait rebondir immédiatement après avec Le feu follet)
, Vie privée
a la superficialité un peu lasse des romans des hussards mineurs, Stephen Hecquet ou Willy de Spens et un assez beau thème musical. On peut toutefois largement se dispenser de le voir.
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