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Sujet : Une oeuvre méconnue de Fritz Lang


De Duracuir, le 8 mars 2007 à 00:41
Note du film : 5/6

Voilà un long métrage que je recherche depuis des lunes. J'ose espérer trouver un moyen de me le procurer sous peu, car c'est un souvenir de jeunesse inestimable.


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De vincentp, le 13 novembre 2011 à 00:00
Note du film : Chef-d'Oeuvre

…dans un monde dont nous ne soupçonnions pas l'existence…

Guerillas brosse une page de l'histoire de la seconde guerre mondiale (la guerre qui oppose les américains aux japonais sur le sol philippin), aborde le choc des cultures, des projets politiques et militaires concurrents engagés dans une compétition féroce.

Fritz Lang mixe grandes causes et problèmes du quotidien. Il montre l'amitié entre deux militaires, l'amour naissant entre l'un des deux hommes et une femme rencontrée par hasard. Il décrit un coup de foudre amoureux, et l'obligation de respecter la convention du mariage. Le sentiment amoureux est traité par des gros plans doublés de champs-contre champs, succédant à des plans larges ou moyens : émotion garantie. Le cinéaste aborde la rivalité délicate entre les deux hommes, qui en découle, et la confrontation de caractères.

Fritz Lang parle aussi de l'échec, de la part du hasard qui intervient dans le cadre de l'activité humaine. La part de l'inconnue aussi dans lequel évolue l'être humain, toujours en phase de recherche, de découverte, d'adaptation, face à des mondes, grands ou petits, qu'il ne cesse de découvrir au détour d'un chemin ou au gré d'une rencontre. Autre thème abordé : la part de plaisir, de créativité et de défoulement liée à l'art. Mais le cinéaste peint aussi l'espace et le temps tel qu'il s'organisent autour de l'être humain (voir comment est traité le périple maritime vers le sud des Philippines). Il montre la capacité de l'homme à triompher de l'adversité quand il est organisé autour de valeurs démocratiques. Il parle des choses drôles et graves qui font le sel et la difficulté du quotidien.

La mise en scène, le scénario, la photographie, mais aussi la musique sont de très grande qualité. Idem pour l'interprétation. Tyrone Power et Micheline Presle, très naturels, composent un couple emblématique.

La représentation des idées en images (type de plan), l'enchaînement des idées et des images, sont parfaits, superlatifs. Le récit avance à toute vitesse, synthétisant des idées, pour ralentir ensuite et procéder à des analyses. La gestion de l'espace et du facteur temps dans le récit est admirable. Regardons simplement comment sont représentés les soldats en posture d'attente dans l'église face aux japonais. Quelques plans fixes qui semblent figer le temps, les rapports de force, faisant monter la pression psychologique chez le spectateur, ceci pour mieux engager et dérouler la séquence suivante.

Guerillas est une oeuvre d'art total, admirable, magistrale, puissante, innovante, qui pousse le support cinématographique dans ses derniers retranchements créatifs. Fritz Lang fut un cinéaste de génie, l'un des plus grands artistes du siècle dernier. Son oeuvre cinématographique prend place parmi l'éternité, et les acquis de la civilisation. Elle produit l'effet d'une lumière éternelle permettant de mieux comprendre les ressorts de l'activité humaine et de guider l'être humain dans le cadre de son activité quotidienne, sociale et politique, d'aujourd'hui et de demain.


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De verdun, le 14 novembre 2011 à 21:26

Tiens donc, ton message m'interpelle. Ne pouvant être là ce week-end j'ai raté cette séance de Guerillas. Voilà donc encore un film bien au-dessus de sa (faible) réputation…


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De vincentp, le 14 novembre 2011 à 23:25
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Etait-ce le grand écran de la salle Henri Langlois ? Une humeur favorable ? Mais j'ai ressenti une grande puissance de mise en scène, Fritz Lang maîtrisant totalement son sujet. On voit là ce qu'est un grand metteur en scène ! Puissance des idées, adéquation forme-fond, tout y est (à mon avis).

Mais c'est un film peut-être simplement destiné à des cinéphiles… chevronnés. Je ne jurerais pas que mon point de vue soit celui de tout le monde… J'ai vu à ce jour 28 films de Fritz Lang et c'est celui-ci que je préfère…


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De vincentp, le 15 novembre 2011 à 09:42
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Il y a comme ça des film qui plaisent énormément mais à un nombre de spectateurs réduit. La femme de l'aviateur n'a pas rencontré son public en son temps, par exemple, mais je le trouve très réussi. Mais Guerillas souffre aussi d'une exposition insuffisante (pas de dvd).

Sinon, je n'ai pas détecté en cours de séance, ni la présence de Micheline Presle, ni celle de Tyrone Power (je suis arrivé juste après le générique d'ouverture). J'ai trouvé ces acteurs inconnus tous les deux excellents ! Différents de ce qu'on voit traditionnellement dans le cinéma hollywoodien. C'est en lisant la fiche du film sur dvdtoile (après la séance) que j'ai fait le rapprochement.

Heu… Je retrouve bel et bien le style et les thèmes propres à Fritz Lang. Le scénariste et producteur Trotti a du certainement composer avec son collègue. Alholg a raison de souligner le rôle de Trotti. Trotti malheureusement est décédé à 52 ans en 1952, mais il est contributeur d'un grand nombre de réussites en matière de scénario. Est-ce cette collaboration que j'ai appréciée ? Possible. Je pense que la collaboration Trotti-Lang a été fructueuse et a profité à ces deux auteurs sans doute très complémentaires.

Mais voilà une sympathique contreverse vouée à être enrichie par d'autres contributeurs.


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De vincentp, le 11 décembre 2011 à 09:37
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Hier, dans ma messagerie, je trouve le message suivant (de OlivierF)

"Salut Vincentp, J'ai vu "Guerillas" hier soir : tu avais raison, c'est un super film."

Un jugement court, mais émanant d'un très bon connaisseur de l'oeuvre de Fritz Lang, et donc à prendre en considération !


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De vincentp, le 1er janvier 2012 à 12:52
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Pendant que Impétueux tente de percer le mystère de la couleur de la petite culotte de Sharon Stone de Basic instinct (avec l'aide sans doute de quelques grands-crus bordelais dont il a le secret) et que Arca1943 se passionne pour le jeu cabot d'un "mélodrame centré sur un chien" (objet de son futur ouvrage en lente gestation, de l'autre côté de l'Atlantique), fidèle à mes habitudes cinéphiliques de bonne tenue, je parcours avec avidité le livre de Bernard Eisenschitz, Fritz Lang au travail paru en 2011.

Une bonne synthèse, claire et compréhensible, concernant l'oeuvre de Fritz Lang, abordée sous différents aspects : historiques, politiques, cinématographiques.

On y mesure les difficultés rencontrés par le cinéaste avec le système de production hollywoodien. Ruses de sioux pour ne pas renier la violence physique et mentale parcourant Règlement de comptes par exemple. Et des difficultés aussi pour Guerillas ("j'étais un général sans commandement" dira Fritz Lang). Guerillas fut le premier film de guerre d'un studio tourné sur le lieux même de l'action, en partie grâce à l'emploi du technicolor monopack (plus léger avec une seule pellicule que le technicolor habituel). Ce film fut réalisé dans des conditions de production difficile, mais c'est étonnant, cela ne se mesure pas à l'écran, ou éclate à mon avis le génie créatif de Fritz Lang. Profondeur des thèmes abordés, adéquation idées-images, et emploi de thèmes traditionnels du cinéaste (les faux-semblants, par exemple)…

Il manquerait peut-être un petit quelque chose au livre de Eisenschitz : faire le lien entre les schémas de découpage des décors, et des plans dessinés par Fritz Lang (ils sont nombreux à avoir été conservé, notamment à Paris) et le résultat en terme de mise en scène et d'image. Pour percer là le mystère de la création cinématographique…

Ce sera peut-être l'objet d'un futur ouvrage (ou bien peut-être existe-il déjà, je ne sais pas ; il y a déjà eu de nombreux ouvrages consacrés à Fritz Lang, notamment par des critiques français comme Jean Douchet). Cet ouvrage ne sera pas de moi, toutefois, car je ne suis pas tout à fait en âge de prendre ma retraite professionnelle…

Je m'en vais retourner de ce pas à l'exposition en cours consacrée à Fritz Lang à la cinémathèque française pour regarder cet aspect visuel (plans et schémas) de plus près.


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De vincentp, le 17 janvier 2014 à 13:30
Note du film : Chef-d'Oeuvre

On apprend aujourd'hui la mort d'un soldat japonais, Iroo Onoda, 91 ans, ayant continué la guerre jusqu'en 1974 (caché sur une ile des Philippines). Il a fallu que son "ex-commandant s'enfonce dans la jungle" pour le convaincre de déposer les armes. Cet olibrius a quand même attaqué (avec un compère) en 1972 les troupes philippines ! Le compère fut tué dans l'attaque ! Onoda a donc mené des opérations de guérillas aux Philippines pendant plus de trente ans.

http://www.liberation.fr/monde/2014/01/17/mort-d-un-soldat-japonais-ayant-continue-la-guerre-jusqu-en-1974_973574


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De vincentp, le 6 août 2015 à 23:47
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Je viens de revoir Guerillas, cette fois-ci en dvd (publié par Sidonis) et ai regardé également le supplément (présentation du film par l'incontournable Patrick Brion). On apprend dans ce bonus qu'une partie des scènes (notamment les batailles autour de l'église) est l'oeuvre d'un assistant de Henry King. Je confirme mon avis initial : de mon point de vue Guerillas est un des chefs d'oeuvre de Fritz Lang et un de ses meilleurs films (j'ai vu 29 films de Fritz Lang, notamment tous ceux réalisés à partir de 1936). Guerillas est exceptionnellement bien mis en scène…

Chaque scène pendant une heure quarante est construite, filmée, interprétée de façon parfaite. La traduction des idées en images, le poids des images, la gestion des facteurs temps et espace, sont tout simplement géniaux… Tom Ewell poursuivi par les japonais : fantastique. Micheline Presles et Tyrone Power fêtant Noël avant que Power opère un blessé : fabuleux. L'oeuvre d'un artiste qui maîtrise complètement tout ce qui constitue une oeuvre cinématographique. Micheline Presle pense avoir réalisé ici un petit rôle : à mon avis, elle a trouvé là sans le savoir le rôle de sa vie.


Nb : les messages ci-dessus donnent l'impression que je soliloque avec moi-même. En réalité le contributeur Alholg, fâché pour d'obscures raisons avec d'autres contributeurs, a effacé ses messages intercalés entre les miens il y a deux ou trois ans avant de créer un nouveau site internet aujourd'hui totalement confidentiel… Une opération de Guerillas sans doute…


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