On craignait une once de déception. Enième biographie d'un mythe et battage médiatique agaçant, l'entrée dans la salle s'accompagnait d'un scepticisme presque naturel. Fort heureusement, celui-ci a vite valsé. Grâce à une réalisation esthétique et originale, Olivier Dahan, cet inconnu du grand public, a effectivement réussi son ambitieux pari. Plus encore que Claude Lelouch,
qui dans la même lignée, avait signé le convaincant 'Edith et Marcel' en 1983. Mais Dahan, concédons-le, bénéficiait de moyens financiers à la hauteur des enjeux, la chaîne TF1 étant de la partie.
Œuvre historique, émouvante et nostalgique, il faudrait être sacrément exigeant pour ne pas succomber au charme de ce film qui fera date dans le cinéma français. Grâce aussi, à l'impressionnante orchéstration musicale. Magistrale, l'ex-discrète Marion Cotillard est donc parvenue à ressusciter Piaf.
Son personnage écrase presque le reste d'un casting pourtant à la hauteur. On ne pourra d'ailleurs reprocher à Gérard Depardieu
de s'y être perdu.
Enfin, la perfection de l'ensemble et la charge émotionnelle permanente nous fait même omettre un montage parfois contestable – seul reproche possible au film. 'Non, je ne regrette rien', disait la môme. Eh bien assurément, nous non plus!
Vous aimez la nuit ? Oui avec beaucoup de lumière.
Cette question posée en bord de mer résume parfaitement le parcours de cette môme des rues au démarrage plus que catastrophique parachutée dans un désastre social de début de siècle.
La môme Piaf n'est qu'un temporel alternant progression chaotique et gloire vacillante le tout menant au respect par un prénom glané à la dure accompagné d'un carburant sordide, une hérédité de bas fonds constamment entretenue par certains accompagnateurs existentiels.
Edith au gré du vent est exécrable, autoritaire ou exécutante et pleurnicharde, ses caprices sont désordonnés, elle se tient mal à table, sa grammaire est simpliste, sa voix railleuse, ses managers semblent plus soumis aux contraintes procédurières du métier qu'aux limites intellectuelles de leur représentante.
Sur scène ce petit bout de femme semble en croix, une passion régulière envers un public ayant l'aspect de juges impitoyables est entretenue par l'intermédiaire d'une voix poussée au maximum.
Cette alchimie béatifie un mécanisme parallèle orgueilleux de survie et d'auto destruction dont les excès vaporisent une volonté poussée à son paroxysme.
L'amour envers l'autre ne peut être que viril, les coups reçus en jeunesse sont redistribués dans le temps par un sportif représentant la vengeance, Edith subjugué par une machine à frapper découvre la dominance gérée par la force des lois sélectives naturelles.
Une enfant découvre une famille dans l'abattage quotidien d'une maison close, les profils sommaires nivelés par une première guerre mondiale particulièrement meurtrière sont incapables de bypasser des métiers de rues.
Cette Marseillaise boueuse improvisée par une enfant devant palier sur le terrain les faiblesses d'un père est un état des lieux d'esprits vides, de ruelles sordides et de viandes saoules, la cartographie d'un pays contenant une multitude de grands Zampanos en puissance.
Un Paris au look Victorien positionne un visage d'Eléphant sur une jeune fille à la dérive frisant le phénomène de foire faute de solutions et d'encadrements.
La dégradation ventile le renouveau d'un visage en relation avec les époques, Edith anéantie par les déroutes de son existence offre en fonction de l'avancée de sa destruction un visage plus ou moins épargné.
La fin est dure, un fagot effrité implose dans un déconnecté mêlant réalité et fiction.
« La môme » est captivant de bout en bout avec une reconstitution rigoureuse et réaliste d'un Paris roteux et ordurier de début de vingtième siècle ou les sentiments et les devoirs sont a des années lumières d'une injustice vécue au jour le jour.
La chaleur d'un encadrement enfin offert à une jeune fille en pleine détresse ne suffit pas à corriger une trajectoire héréditaire indélébile, c'est certainement cela le message du film.
Un produit fini avance dans un temps aux moeurs évolutives accompagné d'un catalogue primitif sommaire de base existentiel, un comportement d'enfant à temps complet dont les caprices muselés par les pierres brutes de l'enfance comblent leurs retards en se balladant au coeur d'un sablier éxistentiel rugueux par ses distortions internes.
Belle réussite, un beau travail soigné sur une hérédité négative massive empéchant un esprit d'éclore.
Bonjour Jipi.
Vous aimez bien cette idée d'"hérédité" qui pèse sur les destins, n'est-ce pas ? Il me semble que vous l'évoquiez déjà à propos de la violence du personnage joué par Gabin dans le jour se lève
…
C'est vrai, c'est intéressant mais je dois dire que j'ai un peu de mal à bien la comprendre… Pourriez-vous l'expliciter, s'il vous plaît ?
Bonjour Benja Tout d'abord merci de votre réponse, je pense en ce qui concerne « La môme » que son hérédité négative est un « cadeau » de naissance, Je m'explique Edith n'a pas la maturité nécessaire afin d'entamer un combat contre un tel adversaire quelle ne perçoit pas en temps que tel. La boisson et la cuisse légère sont acceptés et deviennent d'agréables compagnons de routes masquant une réalité environnante catastrophique.
La célébrité imposant une cour de courtisans soumis à l'astre principal accentue l'entretien du mal, Edith domine de manière désordonnée à la manière d'une petite fille capricieuse courant sans arrêt après une enfance non exécutée.
Pour François (Jean Gabin) et la j'espère que Monsieur Impétueux réagira, l'hérédité malgré ses crises subites et combattue par un homme voulant vraiment s'en sortir mais sans savoir griser par de pompeuses promesses un cœur à l'écoute d'un ailleurs. A travers le jour se lève c'est l'harassante condition ouvrière de l'époque qui est dénoncée par l'intermédiaire d'un esprit rudimentaire épuisé, soumis à une mécanisation dérobeuse de vies, il est incapable intellectuellement de lutter contre l'arrogance bourgeoise d'un marginal bien habillé préservé de l'usine et image d'un père pour une jeune fille naïve donc récupérable .
Comme le dit Oscar Wilde l'hérédité bonne ou mauvaise est la seule perception de Dieu.
Une autodestruction temporelle acceptée.
Benja, si vous jugez cette explication insuffisante n'hésitez pas à me le dire.
Merci Jipi, c'est plus clair à présent. Je crois que je vois de quoi vous voulez parler.
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