Forum - Hiver 54, l'abbé Pierre - Une silhouette forte et menue
Accueil
Forum : Hiver 54, l'abbé Pierre

Sujet : Une silhouette forte et menue


De droudrou, le 23 janvier 2007 à 17:27

Occasion d'évoquer le souvenir de l'Abbé Pierre qui nous a quittés ce 22 janvier 2007.

Il est bien clair que Lambert Wilson n'est pas l'Abbé Pierre, mais, pour le moins, les voir réunis sur un plateau de télé lors de la sortie du film avait été une chose sympa. Et d'autre part, c'était très sympathique de voir Claudia Cardinale figurer au générique de ce film.

Occasion aussi de dire que, hasard d'un déplacement en Bretagne, j'avais voyagé "en compagnie" si on peut dire de l'Abbé Pierre qui occupait le fauteuil devant le mien.

Anecdote qui m'avait plu et qui me paraissait très spécifique de ce grand personnage petit par la taille, il s'était installé dans le fauteuil et s'était immédiatement plongé dans la lecture des journaux, consacrant un temps certain aux évènements nationaux et internationaux, donc à la politique.

Non loin, un autre écclésiastique était installé, le nez plongé dans la lecture des écritures, me faisant penser au personnage de Stephen Fermoyle Tom Tryon Le Cardinal avant qu'il ne soit confronté à monseigneur Quarenghy Raf Vallone et son évêque, Glennon John Huston, deux visions du catholicisme, l'un, perdu dans la beauté des écritures et la pensée philosophique, et l'autre, plus matérialiste, confronté à la gestion de nombreuses paroisses et un patrimoine assez conséquent.

Or, soudain, je vois le prêtre qui aperçoit la présence de l'Abbé Pierre, qui referme son bouquin (bréviaire ou tout ce que l'on veut), se lève et vient présenter ses salutations à l'homme d'Emmaüs, se courbant très bas et se présentant comme étant le supérieur de tel établissement qui, si mes souvenirs sont exacts, devait accueillir des séminaristes.

Coup d'oeil de l'Abbé Pierre, semblant évident que l'autre le dérangeait et qu'il avait, "effectivement", d'autres chats à fouetter… si je me peux me permettre cette expression.

Je n'ai pas regretté ce voyage pour cette anecdote sachant qu'entre autre, j'avais aidé l'Abbé Pierre à descendre son bagage…

Je l'avais suivi sur les quais et c'était quand même impressionnant cette silhouette forte et menue se perdre dans la foule pour rejoindre ceux qui l'attendaient…

On retrouve Tom Tryon au générique de Première Victoire mais sa carrière s'est plus orientée vers la littérature.


Répondre

De Gaulhenrix, le 23 janvier 2007 à 18:14

Eh bien ! sachez, droudou, qu'il y a au moins quelqu'un (frère Gaulhenrix, si j'ai bien compris) pour apprécier cette anecdote. Et merci de l'avoir relatée…


Répondre

De Impétueux, le 23 janvier 2007 à 19:28
Note du film : 4/6

Et un deuxième lecteur reconnaissant, (l'Archimandrite Impétueux), qui a trouvé votre relation très vivante et très fine !


Répondre
VOTE
De RdT, le 27 janvier 2007 à 20:11

J'ajouterai un troisième lecteur, tout aussi intéressé que les deux premiers par ce récit qui montre que la grandeur d'un aussi immense personnage transparait aussi par ses petits gestes. Merci Droudrou pour ce témoignage. J'en profite pour voter pour l'édition en DVD pour un film où Lambert Wilson a su, par son métier, faire passer une belle grandeur d'âme.


Répondre

De producteur, le 9 juin 2007 à 15:34

je voulais simplement vous remerciez pour vos "notes" ce film je l ai produit seul envers et contre tous j ai du meme payer jusqu aux copies et la pub de la sortie du film pour le monter 4années et des promesses de ministre jammais tenuesmais quelles importance .IL est la j en suis fier. merci


Répondre

De droudrou, le 9 juin 2007 à 17:06

Eh bien : ne soyez pas modeste – votre film auquel on peut ajouter "les chiffonniers d'Emmaüs" nous donne une image d'un personnage qui aura marqué par sa forte présence tout à la fois la seconde moitié du 20ème siècle et le début du 21ème siècle par l'accomplissement de ce qu'on appellerait "la charité chrétienne" – en ce qui me concerne, je serais injuste en omettant le message de ses premières années de sacerdoce, sa part dans la résistance et ses premières interventions politiques avant la "très grande", l'oeuvre de sa vie ! –


Répondre
VOTE
De frontine, le 24 janvier 2008 à 14:09
Note du film : 6/6

Je souhaite me joindre au nombreux desiderata qui demandent une édition DVD consacrée au Grand Homme qui vient de nous quitter.


Répondre

De Impétueux, le 31 mars 2020 à 15:43
Note du film : 4/6

Repassait hier soir à la télévision ce film un peu maladroit, un peu guindé, et en même temps un peu trop spectaculaire (c'est-à-dire sachant bien là où il faut appuyer pour émouvoir) mais qui, en même temps, met en scène un si grand personnage qu'on n'a pas le cœur de lui reprocher quelques défauts de construction et de mise en scène. Au fait, il y a tout de même quelque chose d'un peu désespérant dans ce retour au passé et nos yeux grands fermés. Le film de Denis Amar, intitulé donc Hiver 54, l'abbé Pierre date de 1989. Trente ans auparavant, en 1957 et avec les concours du véritable prêtre, Robert Darène réalisait un bien chaleureux film, Les chiffonniers d'Emmaüs. Qu'est-ce qui a changé et qu'est-ce qui ne change pas dans notre monde, où, à part de rares courtes périodes, les tentes de survie et les bidonvilles ne disparaissent jamais de l'espace public ?

Le film de Robert Darène tournait naturellement autour de la figure centrale, le fondateur des Chiffonniers d'Emmaüs mais mettait aussi en scène des anecdotes, des situations, des drames, des douleurs, des violences qui, d'une certaine façon expliquaient la situation. Celui de Denis Amar s'attache davantage au récit de qui amené à la création officielle de l'Association en mars 1954. Sans doute alors commence-t-on à sortir des restrictions de l'après-guerre, de mieux en mieux et de plus en plus rapidement, certes, mais il y a tant et tant à faire ! Et notamment la reconstruction d'un paquet d'infrastructures, routes, ponts, lignes de chemin de fer, ports, entrepôts, usines… et logements bien sûr. Et il faut arbitrer en permanence entre des demandes toutes aussi légitimes les une que les autres mais qu'on ne peut pas toutes satisfaire au même moment. On voit bien le casse-tête. Une des plus grandes difficultés du Pouvoir est précisément de devoir choisir entre ce qu'il faut faire… mais aussi entre ce qu'il faut faire ici et maintenant. (D'une certaine façon l'épidémie de coronavirus de notre printemps 2020 nous met ça dans le nez : on ne peut plus trop se préoccuper d'équilibre budgétaire lorsque la mort rôde).

Donc Henri Grouès dit L'abbé Pierre ne veut voir rien d'autre que ces centaines de sans-abri, ces hommes, ces femmes, ces enfants qui sont obligés de vivre – de survivre ! – dans des conditions affreuses. Une température glaciale s'est abattue sur toute la région parisienne en ce plein hiver 1954 et – on ne pourra plus le faire ensuite – des familles sont expulsées de leur logement et obligées de vivre dans la rue. Ancien député (battu en 1951), l'Abbé a noué de fortes amitiés avec des parlementaires (Robert Buron/Maxime Leroux) et des journalistes (Pierre Brisson du Figaro/Laurent Terzieff) ; et, en plus d'une incroyable énergie, peu concevable chez un poitrinaire, il a le sens parfait de ce qu'il faut faire, c'est-à-dire des relations publiques.

D'où le bref appel bouleversant passé sur les ondes des radios le 1er février 1954, Mes amis, au secours… Chaque nuit, ils sont plus de 2 000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu et le miraculeux succès qui a vu affluer pendant plusieurs jours à l'hôtel Rochester et dans toute la France des milliers de dons et de chèques et qui poussa le Parlement à des efforts financiers et législatifs considérables. C'était le début de l'Insurrection de la Charité.

Hiver 54, l'abbé Pierre filme avec une grande honnêteté ces moments d'exaltation généreuse ; réticences et même crapuleries des uns, embarras gênés des autres, mais tout cela est finalement emporté par le miracle. Lambert Wilson est particulièrement à l'aise dans le rôle titre (comme il était d'ailleurs, dans celui du P. Christian de Chergé, supérieur des moines cisterciens de Thibhirine dans Des hommes et des dieux). Comme je ne suis pas parvenu à trouver une photographie d'Hélène Larmier, qui ouvrit à l'œuvre son bel hôtel Rochester, qui est toujours une très belle maison, rue La Boëtie, j'ignore si elle avait le charme et la beauté de Claudia Cardinale, qui en interprète le rôle. Tous les autres acteurs sont à leur place, touchés sans doute par l'importance du sujet.

Un grand film, assurément non. Mais un film nécessaire, cent fois Oui !


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0034 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter