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Sujet : Guerre d'Afghanistan


De Duel, le 5 juin 2005 à 16:18

Un coup de maître. Avec presque rien (un char, quelques acteurs et le désert), Kevin Reynolds réalise un film de guerre tendu, violent, en évitant tout manichéisme.La première séquence donne bien le ton du film: des chars russes attaquent un village afghan et le mettent en pièces.La scène est d'une brutalité impressionante et devient insoutenable lorsqu'un afghan est lentement écrasé sous la chenille d'un tank.Les acteurs sont excellents (Dzundza en chef fanatique), le désert (le film a été tourné au Maroc) magnifiquement filmé, et la claustrophobie à l'intérieur du tank est palpable.Bref un film remarquable qui devient peu à peu culte.


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De paul_mtl, le 16 janvier 2007 à 20:53
Note du film : 5/6

Non ce film US de Kevin Reynolds ne traite pas de la guerre d'Afghanistan de 2001 avec les GI mais celle de 1979 avec les russes. Au lieu de refaire un film avec un budget énorme, juste changer les insignes des uniformes par traitement video et americaniser les dialogues de l'équipe du char et vous avez un tres bon film assez d'actualité avec la deuxieme guerre d'Aghanistan et d'Irak.

Plaisanterie à part, vu il y a qq années c'est un film assez dur et violent avec une forte tension psychologique qui restitue j'imagine bien l'angoisse du soldat face à cette guerilla. Quand vous commencerez à entendre les soldats disposant de l'équipement technologique nettement superieur se pleindre des résistants qui ne respectent pas les regles de guerre, vous aurrez probablement le point de basculement entre la victoire et la défaite de l'armée réguliere et moderne technologiquement. La technologie ne doit pas faire oublier que le mental joue aussi un rôle tres important.

Je l'ai interpreté comme un film anti-militariste qui montre les horreurs et les absurdités de la guerre tout en parlant de valeurs morales qui vont pousser un militaire à refuser d'obeir aux ordres.


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De droudrou, le 17 janvier 2007 à 08:54
Note du film : 5/6

Existe-t'il des guerres justes, en causes et en moyens ?

Je viens de terminer la lecture de "Tempête Rouge" de Tom Clancy. On est confronté à une technologie qui prime sur l'homme. Résultat, la destruction des moyens est importante et parallèlement qu'il y ait des milliers de morts, on s'en contrefiche sauf pour les "héros" du récit… Mais sont-il des héros au plein sens du terme ?

Et ta remarque est juste : le mec à bord d'un char n'est pas respecté par le moudjahidin qui, armé d'un AK 47, lui balance des cocktails Molotov dans la gueule !… L'un tire sur des cibles mais l'autre ne tire pas sur une cible : il tire sur une machine qu'il faut éliminer compte tenu de sa dimension de "bête de guerre".


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De paul_mtl, le 17 janvier 2007 à 12:24
Note du film : 5/6

Je sais pas si La Bête de guerre c'est le char d'assault ou aussi et surtout le capitaine interpreté par George Dzundza qui ne fait qu'un avec son char.

Bête a plusieurs significations comme chacun sait. la Bête de guerre signifie une personne très compétente en guerre ou fanatique de la guerre. Bête désigne aussi une personne sans intelligence ou un animal ou (famillierement) un gros objet bizarre. La Bête c'est aussi une locution nominale pour designer l'esprit du mal.

Le titre est tres bien choisi car le film parle de toutes ces significations.


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De Gaulhenrix, le 17 juin 2007 à 11:20
Note du film : 5/6

J'ajoute, aux points de vue précédents, un avis très favorable à ce film peu connu de Kevin Reynolds (1995.


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De droudrou, le 3 juillet 2007 à 21:20
Note du film : 5/6

Je me range à l'avis général. Je ne connaissais pas. Je viens de découvrir. Il n'y a rien à ajouter aux divers commentaires des uns et des autres. Très particulier. Dur. Violent. C'est une oeuvre certainement mésestimée et donc méconnue.


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De Steve Mcqueen, le 10 avril 2011 à 09:00
Note du film : 5/6

Dans les entrailles d'un tank russe perdu en plein désert afghan, monstres de tôles et d'acier, se joue un duel psychologique intense entre Koverchenko, jeune soldat idéaliste et Daskal, moderne Achab, l'intellectuel contre le pragmatique, la Raison conte la Folie meurtrière…

La première qualité du film est de déstabiliser le spectateur, en empêchant tout d'abord son désir d'identification à un héros "positif". Tout commence par un générique somptueux qui donne à voir le quotidien paisible d'un petit village afghan (qui, au passage, donne un aperçu dix fois plus crédible de l'Afghanistan en quelques secondes que Rambo 3 dans sa totalité). Puis on entend un sifflement, et deux explosions emplissent l'écran. Plusieurs chars russes apparaissent sur l'écran tandis qu'on lit au bas de l'écran "Afghanistan, 1981". La séquence de la razzia sur le village qui suit montre la folie et la barbarie qui d'habitude concluent un film de guerre. La violence est d'autant plus choquante que, dissimulée derrière l'alibi de la vengeance, elle montre que la guerre transforme des hommes ordinaires en "bêtes de guerre". Suit une scène qui vaut tous les réquisitoires contre la barbarie : un résistant afghan est lentement écrasé sous la chenille du char (notons au passage que c'est Koverchenko, le futur "identifiant" du spectateur, qui est "obligé" d'accomplir cet acte de cruauté).

Dès le début, Reynolds fait confiance aux images pour défendre sa thèse (la guerre transforme en machine des hommes ordinaires). Dès lors, il peut filmer une épopée dérisoire, la poursuite d'un char en plein désert par une poignée d'Afghans armés d'un lance-roquette qu'ils ne savent pas utiliser.

Après le sac du village par les Russes, on a droit à une séquence magnifique : Taj (le jeune héros) découvre le charnier. Reynolds, sur les ruines encore fumantes d'une Humanité déclinante, enregistre alors un désir de vengeance placé sous le signe d'Allah.

Car il s'agit bien d'une longue traque métaphorique : Taj est un nouveau David qui lutte contre un Goliath fait de tôles, de boulons et qui donne la mort. Kevin Reynolds filme son Goliath sous toutes les coutures (la caméra fixe le canon en gros plan, multiplie les contre-plongées, se place sous le char) et l'enrichi de multiples connotations, le plus souvent sexuelles (le russe qui crie, à califourchon sur le canon du char : "Je veux une femme !")

Le cinéaste excelle à enregistrer l'angoisse d'hommes confinés dans un espace clos (la séquence du "long-feu"). Il traduit la désolation à coup d'images fortes qui impriment durablement la rétine du spectateur : "Le Russe tue pour tuer" dit un Afghan, avant que la caméra ne s'élève pour embrasser un immense cercle de terre brûlée jonché de cadavres de cerfs carbonisés (massacrés par erreur par les Russes). La fin renforce le côté déséquilibré d'une guerre où deux hommes armés de fusils traquent un tank, filant la métaphore de David et Goliath.

Que dire d'autre ? George Dzunda trouve son meilleur rôle, en fou de guerre implacable mû par une logique déraisonnable (la séquence où, alors que lui et ses deux hommes peuvent être sauvés par un hélicoptère, il décide de repartir en char : "on est venu en char, on repartira en char" est saisissante). Jason Patrick (acteur sous-estimé) excelle dans son rôle d'intellectuel qui se découvre une conscience politique et morale. Patrick à Dzunda :" comment ça se fait que ça soit nous les Nazis, cette fois, chef ?"). Enfin Steven Bauer interprète un Taj émouvant dans ses faiblesses ("- est-ce que je suis apte à devenir le nouveau khan ?" – Poser cette question montre que tu en es apte").

Reynolds privilégie le côté afghan sans rien cacher des dissensions qui le déchirent. As t-on déjà vu le désert mieux filmé que dans la "bête de guerre?" Musique plus minérale que celle de Mark Isham ?

Le sang, la sueur et la poudre… Avec une économie de moyens remarquable (un tank, une poignée d'acteurs en état de grâce et le désert) Reynolds réalise l'un des plus grands films de guerre de de ces 30 dernières années, un film qui dépasse le cadre étriqué de la simple série B. A mi-chemin entre l'Enfer et le Purgatoire, La Bête de guerre est un film de guerre magistral, halluciné et d'une profondeur insoupçonnée, à la fois huis-clos étouffant et film d'aventures aéré.

Éblouissant.


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