Peu de temps avant The Queen, Helen Mirren avait joué une autre Elizabeth, "Elizabeth I", dans un téléfilm HBO en deux parties, où elle est positivement extraordinaire, balayant le souvenir de Bette Davis et Cate Blanchett, qui avaient campé le même personnage, dans des films couvrant les mêmes événements.

Il me semble qu'Helen Mirren a été primée pour son interprétation du téléfilm qui doit être disponible incessamment en DVD si je ne me trompe pas ou si j'ai bien lu…

Attends, Arca : Cate Blanchett dans ce rôle avait été très bonne puisqu'il est prévu une suite. Par contre, Cate Blanchett n'est pas toujours égale… c'est peut-être ce que l'on pourrait lui reprocher…

Lui reprocher… !? Oser reprocher quelque chose à Cate Blanchett !?! Non, môssieur Astérix : Cate Blanchett est toujours parfaite et voilà tout. Si j'étais l'organisateur d'un forum comme celui-ci, toute critique – que dis-je, tout bémol – sur Cate Blanchett vaudrait automatiquement à son auteur d'être expulsé – et sans qu'on lui explique pourquoi, en plus, comme dans Le Procès !

Aucune jeune actrice contemporaine ne va à la cheville de Cate Blanchett ! (dis-je tandis que les miennes, de chevilles, enflent démesurément). Cela dit, je suis un type tout à fait ouvert à la discussion… tant et aussi longtemps qu'elle ne remet pas en question une vérité objectivement et impartialement indiscutable, bien entendu !

Arca ! Ne me parle pas de Cate Blanchett dans "Le saigneur des Agneaux"… pardon, "Le Seigneur des Anneaux". "Tu me fends le coeur !" si ça te rappelle quelque chose.

Du coup, tu m'obliges à revoir toute sa filmographie. Mais j'ai pu noter à quel point tu étais ouvert à toute discussion. Ca fait du bien sur ce forum où certains avis sont sans complaisance et sans retour ! (Ouille !)

Il est vrai que "Elizabeth I" est un remarquable téléfilm, et que la dame Mirren y est grande. Le spectacle est somptueux, la photo magnifique tout en clairs-obscurs, et seul le choix du "gore" dans les séquences de torture (Braveheart peut aller se rhabiller, pour ce qui est des éviscérations !) et de décapitation est discutable. Ainsi l'exécution de Mary Stuart est proprement insoutenable. Mais après coup, on se dit que c'était assez malin de montrer la brutalité d'une époque, par quelques courts instants de violence et de bestialité. Dans les relations entre la reine et Essex, on est loin de Errol Flynn et Bette Davis. Le jeune "héros" est présenté ici comme un crétin querelleur et vaguement gigolo, et la reine comme une femme frustrée, hystérique dès qu'on parle des choses du sexe. Les scènes où Helen Mirren perd les pédales font littéralement froid dans le dos. Elle rappelle l'intensité de Glenda Jackson dans ses films des années 70 : même physique ingrat, même force, même intelligence, même violence. Jeremy Irons est égal à lui-même, c'est à dire un peu terne, en confident d'Elizabeth. Vraiment de la télévision haut-de-gamme. Ne revenons pas – une fois encore – sur l'accablante oeuvre de Dayan, mais pourquoi n'arrive-t-on pas à produire ce genre de téléfilm en France ? Ce ne sont pourtant pas les événements historiques qui manquent !

Enfin vu The queen. Et si Dame Mirren est encore meilleure que ce à quoi je m'attendais, si Cromwell est exceptionnel de veulerie, j'avoue que le travail de Frears m'a déçu. Pourquoi avoir filmé de façon aussi rudimentaire ? Pour mieux raccorder les images d'archives avec la fiction ? Probable, mais c'est tellement laid, la photo est si moche, qu'on se croirait dans un vieux docu de la BBC aux couleurs passées. Le scénario est bien construit, avec un passage magnifique : la rencontre hautement métaphorique entre la reine et un grand cerf. Là, on sent ce que le film aurait dû être. Curieusement, l'amoncellement de plans d'actu inséré dans le métrage, décrédibilise la fiction, et le fait que certains comédiens soient les sosies de leurs modèles, et d'autres pas du tout (le prince Charles) est extrêmement dommageable. Mais The queen restera dans les annales, pour l'incroyable travail de Helen Mirren, littéralement fondue dans son rôle, dans une osmose parfaite. Quelle actrice ! The queen est loin d'être un mauvais film, mais son parti-pris esthétique est plus que discutable, et la forme finit par nuire au fond.

C'est Helen Mirren et la carrière d'Helen Mirren qu'il faut saluer par le biais de ce film qui la… consacre !

Je demeure donc d'autant plus désolé de demeurer si seul sur le forum du Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant ou Helen Mirren est si sublime !