En 2003, le maître Patrick Alessandrin réalise avec Mauvais Esprit son chef d'oeuvre qui bouleverse et marquera longtemps le cinema français et international.

Dans la longue tradition des comedies burlesques, initiée au début des années 30 par Dupond et Dupont on retrouve deja les bases d'un genre devenu depuis légendaire.

Sélectionné au Festival de Cannes 2004, Mauvais Esprit ne reçoit ni la palme ni le "Grand prix du jury" présidé par le réalisateur Tarentino. Une controverse se déclenche aussitôt devant cette flagrante injustice . Rien y fait malgré l'intervention de la diplomatie francaise, Tarentino dicernera la palme à un documentaire médiocre mais issu de sa maison de production.

En arrière plan de la tragédie individuelle vécue par Michel Muller, son étrange réincarnation en bébé bouleverse le spectateur sur sa comprehension des lois de l'univers et de l'omega. Il y a donc une réalité sociale singulière, dramatique qu'il serait dommage d'ignorer. Elle permet de mieux apprécier l'opposition, la contradiction, soulignées par le scénario entre morale d'adulte et morale de bébé entre politesse et ro. Thématiquement très proche de 3 hommes et un couffin de Coline Serreau, le film en constitue une sorte d'antithèse. Le réalisateur s'est probablement aussi souvenu de la naissance, au cours de l'époque où se déroule le récit, de son fils. Mauvais Esprit possède un burlesque indéniable, davantage dans son humour narratif et sur le plan visuel que sur celui de la mise en scène.

Les interprétations des acteurs sont à la fois formidablement expressives et cocasses, en particulier celle du remarquable Thierry Lhermitte dans un rôle très différent du séducteur habituel.

Avec ce film Alessandrin bouscule la suprématie du roi Francis Veber.

Entre "Mauvais esprit" et la pensée de "Kill Bill Tarantino", il est bien clair que ce n'est pas tout à fait le même type de réflexion et d'élévation de la pensée…

mais il y a une similitude de style critique avec HaraKiRi. :D