je ne partage pas tout à fait l'impression de froideur du film ni l'avis éclairé du bon AlHolg. J'ai été particulièrement sensible à l'émotion précisément qui jaillit des personnages, non pas de manière spontanée comme par chez nous, mais de manière rentrée, toute en finesse. A ce titre, le comédien qui joue le rôle de l'empereur est fantastique de sobriété et Jet Li n'a jamais été aussi bon depuis très très longtemps. Seule le personnage de Zhang Ziyi est un peu faire-valoir et n'a guère d'épaisseur. Elle est plutôt effacée.

Je regrette en revanche l'usage trop voyant (surtout dans les premiers) combats des effets spéciaux. Autant certains moments truqués ne gènent pas car ils sont emportés par la grâce des couleurs et de la chorégraphie, autant certains effets sont un soupçon trop appuyés. Mais ce serait boudé son plaisir que de ne pas reconnaître que ce film n'est pas tout simplement magnifique et qu'on en ressort avec une étonnante légèreté, une sorte de calme coulant en nous. Je crois que ça s'appelle l'émotion. Et c'est aussi ce que je recherche au cinéma !

La bizarre impression que donne le film de Yimou, c'est celle d'être en train de regarder le dernier film du genre. La structure rashomonienne de "Hero" est autant de palier successifs ou le Wu Xia Pan donne à chaque fois une facette différente de lui-mème, commençant de manière pure et romantique pour finir dans des formes de duplicités plus politiques et modernes. A chaque fois, c'est aussi l'occasion de créer un petit monde différent, au travers du décorum et du traitement des couleurs, les acteurs changeant la nature de la pièce. Ce type de récit est toujours amusant, et il est ici allié à un sens de de la composition picturale qui associe quasi abstraction (sans cesse seulement 5 à 6 personnages en scène, entouré de soldats et d'armées en blocs très géométrisé, on est presque dans un jeu de rôle numérisé) à la splendeur visuelle.

Le film laisse par contre un gros doute sur ses intentions . A la beauté de l' exercice de style il se lit aussi une grosse charge abominable qui mène au renoncement pour un idéal globalisant. Aussi bien politique, avec un film qui met en valeur l'Empereur de Quin de manière totalement grotesque ("snif, dire que pendant tout ce temps il a été l'un des seuls à comprendre la bonté de mes intentions"), qu'esthétique, avec cette recherche d'une forme de calligrahie qui représent uniformité et union. Le recherche d'une forme parfaite, élégante, fluide, est approchée ici par Yimou, mais la façon dont la chose est revendiquée est assez dérengeante, et le parralèle historique et idéologique franchement énervant… N'aboutit-il pas par là à une forme de fin créatrice? Le suicide des amants à la fin du film laisse songeur à ce sujet… A travers le film et en particulier le personnage de Tony leung, on a l'impression que tout celà est une réponse du réalisateur à ses détracteurs pointant l'académisme de plus en plus preigant de ses films et son raprochement avec un cinéma plus officiel. Et Maggie Cheung c'est Gong LI?

Concernant les acteurs, Jet Li est monolithique mais très charismatique, et ça fait bien plaisir de le retrouver ailleurs que dans des bouses mortelles du dragon. Le rôle qui le voit souvent gagner des combats sans enjeux est assez original pour une star de son acabit… Les vrais "Heros" du film sont sans aucun doute le couple Leung/Cheung toujours aussi parfait. Dans un autre sens, Zhang Ziyi hérite d'un rôle d'une incroyable nullité, mais elle est tellement ridicule face à Cheung dans les combats que de toute manière cette Keira Kighley asiatique ne fait pas le poids. Enfin, si c'est elle la star chinoise de demain, il va falloir essayer de s'y habituer.

Bref, sur un mème sujet, c'est un peu l'antithèse du film de Kaige tout celà, aussi bien dans la forme (l'action et la stylistion contre la saga péplumesque , faire court contre faire long) que dans les intentions (parralèle revendicatif contre le récit d'une fin d'innocence). Et c'est peu de dire que c'est "L'Empereur et l'Assassin" qu'on peut préférer… Là, Yimou flirt limite avec Leni Riefensthal.

Le probleme avec vous, critiques, c'est que vous devez toujours trouver l'erreur dans un film. Vous n'êtes pas capable de regarder un film sans le comparer a un autre. La vie est une répétition. Personellement, je pense que le film est magnifique. Arrêtez de vous constiper la vie.

… Bravo, tu es capable d'écrire en romaji. BRAVO! (sarcasme)