Je ne connais que fort peu l'œuvre de Jean-Pierre Mocky, cinéaste réputé pour son humour décapant mais aussi sa tendance à bâcler ses films.
A mort l'arbitre fut considéré à sa sortie comme un film excessif, dans une France qui était loin de connaître l'enthousiasme pour le ballon rond qui connaîtra son pic avec la coupe du monde 1998.
Non, on ne pouvait admettre que les supporters soient aussi bêtes et violents que ceux présentés dans ce film; de même, l'autre grand film français sur le foot, Coup de tête fut lui aussi critiqué, à la même époque, pour avoir donné une image exagéré d'un milieu footballistique corrompu.
Aujourd'hui, l'affaire OM-VA a validé les hypothèses émises 15 ans auparavant dans Coup de tête tandis que le drame du Heysel a montré la bêtise infinie de certains supporters, bêtise qui est le sujet de A mort l'arbitre !.
Car A mort l'arbitre ! est une vertigineuse parabole sur la bêtise humaine, une bêtise incarné par un Michel Serrault au sommet de son art, prodigieux dans la violence et la démesure; face à lui un arbitre incarné par un Eddy Mitchell
convaincant.
On peut être incommodé par le côté caricatural du film. Objectivement, le film est très excessif: il s'agit d'une chasse à l'homme sanguinolente ponctuée par des meurtres, des viols et des dérives en tous genres.
Or c'est ce côté excessif qui fait la force des films de Mocky: trop souvent les comédies françaises ne vont pas assez loin dans la folie, la cruauté et la satire sociale. De se trouver face à un film aussi radical nous change des spectacles formatés pour le prime time.Le cinéaste a un sens du rythme et de l'action indéniable.
Et Mocky réussit pleinement à instaurer une atmosphère inquiétante grâce au choix de sinistres cités bétonnées de banlieue parisienne pour camper le décor du film.A cet égard aussi,le film est visionnaire.
Dommage que quelques aspects fauchés subsistent: une musique -pourtant signée Alain Chamfort- est datée et horripilante. Et les scènes de match semblent bien modestes, plus proches de la CFA 2 que de la L1.
Mais c'est un grand film sur la violence qui montre le talent inestimable de Mocky, combien son cinéma anarchisant est précieux.
Verdun : ce que tu dis est indéniable : "trop souvent les comédies françaises ne vont pas assez loin dans la folie, la cruauté et la satyre sociale." – En contrepartie, imagine un metteur en scène qui irait dans ce sens. Comment serait-il accueilli. D'un certain côté, ce qui vient de l'étranger nous rassure face à notre quotidien.
Bonjour à tous
Oh ça bardait déjà pas mal sur les terrains de foot en 1984. Les supporters dérivaient à souhait. Jean-Pierre Mocky en bon cinéaste a du s'en inspirer. Soyons indulgent le bougre a quand-même réalisé "Le Miraculé c'était pas mal ça
Comment se fait-il que, devant filmer un sujet aussi original et actuel, bénéficiant de l'intéressant apport d'une galerie de tronches débiles aussi spectaculaires et des immeubles monumentaux et terrifiants que Riccardo Boffil a construits à l'ouest de Marne-la-Vallée, comment se fait-il que ce barbouilleur de Jean-Pierre Mocky puisse rater à un point pareil un film qui aurait pu être une plongée au couteau dans le monde trouble et désespérant des supporters de football ?
Sans doute faut-il mettre cette bouillie indigeste (mais fascinante) entièrement sur le compte d'un réalisateur je-m'en-foutiste, flemmard et imbu de lui-même à un point tel que sa misanthropie croissante et son autocélébration perpétuelle ont peu à peu refroidi tous ceux – dont je suis – qui au vu des Dragueurs, de Un drôle de paroissien,
et jusqu'à L'étalon
lui accordaient quelque crédit, sans être jamais entièrement dupes.
Car enfin, alors qu'un passionnant championnat d'Europe de football se déroule, ce n'était pas une mauvaise idée d'une chaîne de la TNT de programmer un film qui met en scène la bêtise veule de supporters cinglés. Caricaturaux ? Pas tant que ça ! Il y a dix ans, lors de la Coupe du Monde, lors d'un match, à Lens, un gendarme mobile, qui gardait paisiblement les véhicules de son unité a été agressé, matraqué, laissé pour mort et porte depuis lors de lourds handicaps ; treize ans avant, c'était le Heysel ; fin 2006, la mort d'un fan du PSG après un match contre Hapoël Tel-Aviv ; et on ne voit pas comment ça pourra ne pas croître et embellir.
Mais Mocky se croit toujours plus malin que tout le monde, estime qu'on peut filmer n'importe comment, au mépris de toute cohérence, qu'un film n'a pas à avoir de rythme réfléchi, qu'un grand acteur, comme Michel Serrault
n'a pas besoin d'être dirigé ! Et justement c'est le contraire ! Si Serrault
n'avait tourné que des films de Mocky,
avec qui il était lié par une complicité bizarre, que conserverait-on de lui, dont le côté fantasque et démesuré avait précisément besoin d'être cadré, canalisé, contenu !
Dans A mort l'arbitre, la plupart des acteurs jouent terriblement faux, Serrault
bien sûr, mais aussi Eddy Mitchell
(que Tavernier
a su si bien utiliser dans Coup de torchon)
, ou Claude Brosset ; et Mocky
lui-même, dans le rôle de l'inspecteur de police anarchiste, amer, détaché est pire que tout le monde…
Le film sur la haine brutale, congénitale et avinée reste à faire…
« Le film sur la haine brutale, congénitale et avinée reste à faire… »
Ah bon ! Serait-ce que vous n'auriez pas vu le percutant Ultrà (1992), de Ricky Tognazzi, avec le plus vrai que nature Claudio Amendola
dans le rôle central d'un tifosi enragé ?
Cet Ultrà que je verrais bien volontiers n'a pas dû franchir la ligne des Alpes… et ne paraît même pas être répertorié sur notre site favori ! C'est dire si j'ai quelques excuses !
En effet, cet excellent film n'est pas sorti d'Italie à ma connaissance. Je disais ça pour faire le mariole. J'ai vu Ultrà en VO italienne sans sous-titres, à l'époque. Et je me rappelle combien, en le voyant, j'étais enragé qu'un aussi bon film, sur un thème aussi évidemment commun à toute l'Europe (et au-delà), ne soit pas exporté. Ma haine tenace des distributeurs date un peu de cette époque-là… Après les années noires de la décennie 80, le cinéma italien reprenait du mieux dans les années 90, mais le mal était fait, le pli était pris, et les acheteurs des réseaux de distribution n'en voulaient plus.
Ultra à l'air d'être un film ultra violent, c'est ça le problème avec A mort l'arbitre, curieusement il manque la folie furieuse qui aurait donné au film toute sa dimension, des moyens aussi sans doutes, Mocky
a toujours réalisé ses films avec trois francs et six sous, la scène du match est réalisée n'importe comment et les acteurs en tentant de sauver les meubles force le trait et deviennent invraisemblable.
C'est vraiment décevant et dommage, si la réalisation avait été confiée à un Boisset, même ses détracteurs peuvent le reconnaitre, le film aurait sans doutes aujourd'hui une vraie épaisseur.
Et je ne parle pas de la musique du film, c'est à se demander si Mocky ne l'a pas fait exprès.
Revoyons plutôt Coup de tête !
Parmi les films de Mocky que j'ai vus, le plus soigné au plan de la mise en scène est sans nul doute Le Témoin, une comédie à l'italienne française (sic) sur la peine de mort, avec une excellente confrontation Sordi
-Noiret.
En plus les baisers laborieux et sans passions entre Eddy mitchell et Carole Laure sont lassants.
Assez d'accord avec Frétyl : mais je ne crois pas que Mocky – qui a toujours bénéficié d'une étrange aura dans les médias – ait manqué de moyens ; en fait, c'est son choix déterminé de tourner des films avec trois bouts de ficelle pour préserver son indépendance (dixit), et afin de pouvoir dynamiter le système (re-dixit).
Malheureusement pour lui, s'attaquer à la bourgeoisie, à la police, à la religion, aux supporters de football, à la télévision, à la franchouillardise n'est tout de même pas d'une audace si extraordinaire qu'il pourrait ainsi lui être conféré le statut de cinéaste maudit (mais clairvoyant). S'abritant donc sous la confortable pénurie financière qu'il organise lui-même, Mocky a toute latitude pour sortir à tire-larigot des films bâclés dont certaines scènes confinent à l'involontaire grotesque (je rejoins Jipi sur le ridicule des scènes d'amour entre Eddy Mitchell
et Carole Laure
…
Ce qui est dommage, dans A mort l'arbitre, c'est que l'extraordinaire décor onirique des immeubles de Bofill – bien filmé – n'ait pas mieux servi la folie furieuse de la bande de crétins…
Quant à Ultrà, que je propose pour remplacer avantageusement ce film, une petite fiche lui ferait sûrement le plus grand bien…
Le problème vient aussi de Serrault, même si Mocky
avait proposé à Serrault
le pire navet, l'acteur y serait allé, non pas pour la qualité de l'œuvre de Mocky
mais pour la liberté que lui laisser ce réalisateur.
Et en fait c'est ça le problème, ça n'aurait sans doute pas fait plaisir à Serrault de lire ça, mais lorsqu'il n'est pas tenu par un réalisateur exigeant l'acteur cabotine à l'excès, il fallait vraiment savoir lui dire stop, que ce soit dans Docteur Petiot,
Les fantômes du chapelier
ou A mort l'arbitre
il en fait trop, par contre diriger par Miller
dans Garde à vue
ou par Enrico
dans Pile ou face
il excelle, parce qu'il est tenu, le délire Serrault
n'a vraiment fonctionné qu'une seule fois avec La cage aux folles.
C'est exactement ce que j'ai écrit : Si Serrault n'avait tourné que des films de Mocky,
avec qui il était lié par une complicité bizarre, que conserverait-on de lui, dont le côté fantasque et démesuré avait précisément besoin d'être cadré, canalisé, contenu !
Enfin ! On peut toujours paraphraser à l'envi !
Moi je ne suis pas complétement d'accord avec l'opinion précédente. Que Serrault en fasse parfois trop, que Mocky produise des films souvent déjantés, je ne dis pas. Quant à dire que Mocky laisse faire ses acteurs sans les cadrer, moi qui l'ai vu travailler, et justement diriger Serrault, je dis n'avoir pas véritablement vu ça. Je le trouve plutôt râleur et exigent. Ce que j'accorde volontiers c'est qu'il fait ses films avec des bouts de ficelle et en bricolant. Mais est-ce vraiment le coût dans les accessoires qui fait la valeur? Ce que vous appelez manque de rigueur ou de cadrage, moi j'appelle ça ouverture, sans doute voulue, vers l'émergence de possibles et de réalités imprévues. Ne pas avoir décidé péremptoirement comment devra jouer chaque acteur permet les surprises. Et quand ça ne lui plait pas il sait faire recommencer. Des tas de fois. Justement, pour moi, c'est le décalage entre la vérité humaine qui émerge du jeu pas trop contrôlé des acteurs et l'aspect souvent irréaliste du scénario qui produit le rêve et le charme dans les films de Mocky. C'est flagrant, à mon avis, dans un des films qui n'est jamais sorti dans le circuit traditionnel, ni en DVD, je ne sais plus si c'est le dernier ou l'avant dernier qu'il a tourné avec Serrault, le BENEVOLE, que j'ai vu dans la salle spécialisée dans les Mocky, qui le passe plus ou moins régulièrement, le BRADY, à Paris. Pour moi, c'est un film qui mériterait de sortir en vraies et nombreuses salles ou à tout le moins en DVD. Et ce n'est pas le parce que le sujet bouffe un peu et pas méchamment du curé, du psychiatre, du syndicaliste, etc. qu'il serait forcément mal accepté. Je pense au contraire. Je trouve dommage que Mocky, tout en ne voulant pas jouer le jeu de la commercialisation classique, se heurte à des diffuseurs qui rentrent trop dans son jeu et ne l'aident pas à diffuser, même s'il n'est pas marrant avec eux. C'est plus les films que le bonhomme qui comptent. Et ce serait dommage de mettre ses films aux oubliettes. Si bien qu'au lieu de les voir et d'inciter à les voir et à en parler après, on se contente d'en discuter et de les undergroundiser, avec des exagérations selon moi, aussi bien dans la dithyrambe que dans la vindicte.
Votre message, Algui, a le très grand mérite d'apporter des éléments factuels très intéressants sur la façon dont filme Mocky et de prendre de façon mesurée et intelligente la défense d'un cinéaste qui ne laisse personne indifférent.
Et un autre très grand mérite, c'est celui de DVD Toile de nous permettre de nous exprimer avec franchise et netteté alors que nous ne sommes pas d'accord. J'apprends donc que, sur un tournage, Mocky est exigeant, mais vous convenez qu'il laisse beaucoup la bride sur le cou à ses acteurs… Vous appréciez cette possibilité de délire, et c'est votre droit le plus strict ! Je préfère, pour ma part, des acteurs très dirigés, très encadrés, très manipulés, à la Duvivier
ou à la Clouzot
!
L'essentiel est que nous aimions le cinéma, n'est-ce pas ?
Décidément je détesterai toujours Mocky et chacun de ses films.
Ça se veut décapant, ça n'est que terne et vulgaire. Même après un revisionnage ou j'anticipai pourtant les défauts du réalisateur, ça ne passe pas ! Serrault est en roue libre, on le trouvera nettement plus inquiétant dans Assassin(s)
ou Garde à vue
… Mocky
est effectivement le pire de tous, les acteurs jouent comme des robots. Il n'y avait que Mocky
pour gâcher un pareil sujet avec une pareille équipe.
On souhaiterai presque un remake.
Heureusement que Michel Serrault tourna pour Miller,
Enrico,
Sautet
ou tant d'autres, car si l'on ne conservait de sa carrière uniquement ses prestations pour les films de Mocky
l'acteur paraitrait bien affligeant !
Gentiment je rehausse ma note : 0/6 à 2/6.
Ce qu'il y'a d'étonnant avec ce film que Impetueux et moi même n'avons cessé de lapider. Surtout compte tenu de l'idée originale de départ. Du concept effroyable qui aurait pu être.
Mocky a réalisé un truc tellement hypocrite, faux… Que oui il faudrait exiger pour une fois un remake.
Il n'y avait que lui pour rater un pareil sujet.
Pourtant… Avec le recul en sachant les défauts du film. En le renvoyant j'ai aperçu des qualités qui m'avaient échappé aux deux trois premiers visionnages.
Bien sûr Mocky est affreux. Cependant le personnage de Serrault
(dangereux psychopathe) est fascinant.
2/6 pourquoi ? La sortie du match où se confrontent supporters adverses dans un moment de frénésie pur et dur…
Mais surtout, je n'avais jamais fait attention que la poursuite finale entre l'autocar en plein milieu d'un chantier nocturne et la camionnette de Mitchell avait été plus que remarquablement tournée. Serrault
fout la trouille ; son pétage de plomb, sans fondement restera mémorable et l'on se rend compte que Mocky
pouvait être un excellent technicien de l'image du suspense, de la violence. Serrault pousse la folie à son extrémité. On peut supposer que la grande partie du budget du film est partie dans ces deux moments.
Rature notoire. Une bonne heure et demie d'emmerde quand même.
Faux coup de maître. Brouillon à revoir.
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