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Forum : Mémoires de nos pères

Sujet : A propos de...


De droudrou, le 24 octobre 2006 à 20:02

Je ne sais comment va réagir la mémoire d'Impétueux (j'oserai un jeu de mots : "La mémoire de nos pères" – merci : je sais que c'est très mauvais…). Impétueux se souvient certainement de cette période qui a suivi la seconde guerre mondiale. Dans le fatras de l'époque, pour le moins, on ne peut pas cacher que la culture américaine, quoi que l'on dise, envahissait notre vie. Il y avait les films. Il y avait les revues. Il y avait nos "comics". Et parallèlement, pour la ménagère et la famille "The american way of life". – Les films de guerre envahissaient régulièrement nos écrans et abordaient, avec certes il est vrai "America is first !". Tout y passait. Les batailles dans les airs, sur terre, sur mer… Parallèlement, nous devenions "westerners" et toutes les quinzaines, ma tante m'achetait un "comics" qui s'appelait "Le petit sheriff". Impétueux s'en souvient peut-être. Ca accompagnait toutes ces revues qui fleurissaient alors dans les kiosques et les bonnes librairies pour occuper agréablement et utilement le temps de madame. Cette revue, typiquement US, consacrait les aventures de "j'ai oublié le nom" et ajoutait des pages se rapportant au cinéma et aussi à ce qui était l'équivalent des "Belles Histoires de l'Oncle Paul" sur le magazine Spirou. Et c'est par ce biais que j'ai découvert Ira Hayes et la bataille d'Iwo Jima. Certes, nous avions grand mal à situer les lieux où s'est déroulé le fait d'armes,mais pour le moins le récit de la bataille était intéressant puisqu'il est encore dans ma mémoire (de père !…) et que les noms de lieux étaient particulièrement évocateurs. Pour le moins, dans le cadre de cette revue on ne peut qu'admirer le fair-play qui était le leur : "Ira Hayes" était un indien. Quand on sait que…

Je suis allé voir les divers sites consacrés à cet épisode de la 2ème guerre mondiale dans le Pacifique. Je ne critiquerai pas le film de monsieur Eastwood pour ne pas l'avoir vu mais, pour le moins, d'en découvrir les images n'apparaît pas nouveau. Et puis, puisque l'on a affaire avec monsieur Spielberg, il faut remarquer ces grands panoramas où l'on découvre toute l'armada US qui est peut-être numérisée…

A bientôt pour la suite…


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De Impétueux, le 24 octobre 2006 à 22:59

J'ai un peu scrupule à faire de ce forum une sorte de vitrine de sentiments d'époque. DVD Toile est un site de cinéma et non une compilation de blogs qui, tous auraient leur intérêt mais ne nous fédèreraient pas autour d'une passion commune, une passion qui a cent dix ans ou – si l'on fait abstraction de l'époque du muet – à tout le moins soixante quinze…

J'ai scrupule, et pourtant la finesse du propos de Droudrou me touche, parce que ce propos, fort bien écrit, soulève des ondes puissantes d'évocation. Je pense que nous aurions beaucoup de plaisir, lui et moi, à nous faire mutuellement regoûter la saveur de ces années, de la perception que nous en avions, et à jouer ensemble à un "Je me souviens" renouvelé de Georges Pérec.

Je ne suis pas certain pour autant que nos souvenirs auraient vraiment la même couleur ; il me semble, à la lecture de ce qu'il écrit à propos de Mémoires de nos pères qu'il ait été, dans son contexte familial, très orienté vers la fascination des jeunes Texans ou Californiens bronzés et macheurs de chewing-gum débarqués en 44 ; il ne me paraît pas qu'il en ait été de même chez moi ; je suis de cette Provence où l'occupant était italien, assez bienveillant et point sauvage et je ne me souviens pas avoir entendu mes grands-mères évoquer une autre Guerre que la Grande, celle de 14, qui avait dévasté les familles et orné les monuments aux morts. A côté de celle-là, le conflit de 40 apparaissait comme une affaire très extérieure, survenue en Russie, ou en Extrême-Orient, en tout cas dans des endroits où nous ne mettrions jamais les pieds.

Ce que je viens d'écrire va faire blêmir et frémir, mais c'est la vérité : une relative indifférence à tout ce qui n'était pas français, avec un regard amusé vers l'exotisme des westerns. Mais sans plus.

Ecrivant ceci, je crains d'être mal perçu, mal compris : je dis simplement ce que, pour un enfant de ma contrée, de mon extraction, de ma tradition, pouvait être le début des années Cinquante. Le Monde ne nous intéressait pas beaucoup…

A la réflexion, je me demande si je ne devrais pas effacer ce message…


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De vincentp, le 24 octobre 2006 à 23:26
Note du film : 5/6

Mais non, mais non. Ces témoignages sont TRES intéressants. Le cinéma fait remonter à la surface des parcours individuels, issus de notre histoire collective. Ce n'est pas qu'un art ou divertissement que l'on consomme comme un robot (ou sur lequel on s'on exprime comme un Terminator pour mettre une note ou demander une réédition). Je vous fait remarquer les scores énormes des dernières émissions historiques passées sur Arte (procès de Nuremberg). On attend d'en savoir maintenant un peu plus sur la guerre d'Algérie et la guerre d'Indochine (souvent passés sous silence).

A ce sujet, j'aime beaucoup Païsa car il capte un instant du moment présent correspondant à une période clé de notre passé. Il fixe aussi sur la pellicule quelque chose qui s'apparente à un état psychologique intemporel : le passage de l'oppression à la liberté, dans la douleur, et l'exaltation qui est liée à ce moment, avec le sentiment d'avoir en face de soi l'ouverture d'un nouveau monde et de nouveaux horizons.


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De Impétueux, le 24 octobre 2006 à 23:58

Merci, cher Vincentp, de nous donner ces intelligentes justifications : vous avez raison : le cinéma n'est pas une création que l'on peut séparer des contextes divers dans lesquels on a vu les films, dont on a ressenti la présence, et votre lien avec l'admirable Paisa me semble particulièrement pertinent…


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De droudrou, le 25 octobre 2006 à 19:36

Je partage très bien l'avis d'Impétueux dans ses évocations et les comprends parfaitement.

Ca n'a rien de particulier. Ca n'a rien de contradictoire. J'en parle d'autant plus facilement que, quand Impétueux et moi avons fait notre service armée, nous avons été l'un et l'autre, j'en suis certain, en relation avec des gens en provenance de diverses régions de France et qui avaient des points de vue très certainement radicalement opposés à nos propres visions. Depuis je pense que ces points de vue deviennent moins nuancés dans la mesure où les médias laissent leurs empreintes sur nous mais à l'époque qui était nôtre les passions étaient encore très vives.

J'avoue par contre que j'ai été "relativement pétri" de culture anglo-saxonne mais que je me suis pétri moi-même de la même culture, la prenant néanmoins avec une certaine distanciation. Rendons à Cesar ce qui lui appartient.

Puisque j'ai mon ami Impétueux en ligne, je pense que dans les semaines à venir, lui et moi ferons très certainement des interventions à propos d'un film qui sort sur les écrans cette semaine : "Ô Jerusalem" que, j'en suis à peu près certain lui et moi avons lu il y a… un certain temps et qui vient de connaître une adaptation cinématographique. Je pense que ce ne sera pas triste dans la mesure où notre culture s'est enrichie des évènements qui se sont succédés sur cette durée, ceci globalemnet mais ensuite face à notre ressenti culturel.


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De PM Jarriq, le 11 mars 2007 à 19:03
Note du film : 4/6

Pour parler un peu de Mémoires de nos pères, disons que c'est un film assez impressionnant par sa maîtrise, par la perfection des F/X (invisibles), mais qui n'apporte rien de plus, après Saving private Ryan et la splendide série Band of brothers. Les débarquements, fort bien filmés, on les a déjà vus, le discours anti-guerre aussi. Ce qui appartient à Eastwood, et qui rappelle un peu L'étoffe des héros, c'est l'amertume du propos, cette façon d'aller au fond des choses, quitte à mettre en pièces le Rêve Américain. L'héroïsme ? Du showbiz pour remplir les caisses, les héros ? De pauvres types traumatisés, exhibés comme des bêtes de concours, les batailles ? Une boucherie infecte, jonchée de membres arrachés et de tripaille. Le Iwo Jima de Clint n'a rien à voir avec celui de John Wayne, et son film suinte l'échec, le cynisme et une franchise qui fait mal. Déjà perceptible dans Million dollar baby et Mystic river, la noirceur du regard du réalisateur s'est encore accrue, sa lucidité devient cruelle. Sous des allures d'épopée américaine, Mémoires de nos pères est une entreprise de démolition courageuse et terrible. Comme dans les meilleurs films de guerre (Attack, The Big Red One, Deer hunter), qui a envie d'aller jouer au petit soldat, après avoir vu ça ?


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De PM Jarriq, le 10 mai 2007 à 10:08
Note du film : 4/6

J'ai lu dans une revue, que John Frankenheimer avait consacré en 1960, un téléfilm "The American", au personnage de l'Indien Ira Hayes, alors campé par Lee Marvin. Voilà un supplément qui aurait été bienvenu dans le DVD d'Eastwood !


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De droudrou, le 10 mai 2007 à 11:51

D'accord avec toi, PM Jarriq ! J'ai vu que fin août sortirait un coffret contenant Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima. J'avouerai les attendre et, surtout, de pouvoir les regarder tranquillement comme j'en ai envie.

Quand tu cites différents titres qui devraient nous porter à déclarer "Plus jamais la guerre", je ne peux m'empêcher de revenir à mon intervention sur le site ces jours derniers à propos du film A l'ouest, rien de nouveau de Lewis Milestone.

Faisant un inventaire du cinéma "consacré à la guerre", ce qui veut dire ne s'attachant pas à notre époque mais à l'Histoire de l'Humanité, il y a un nombre d'évocations suffisamment important pour qu'on en soit à jamais dégoûté. Mais, il est vrai aussi que certaines époques retraitées au cinéma ont encouragé une forme d'héroïsme consacré à la guerre, ce qui est aussi une des particularités de la civilisation… et de l'Histoire des civilisations.

Dans le fond, tout se porte sur le héros qui se sort vivant de l'aventure, mais autour de lui, que de cadavres et que de misères pour ne pas dire que de cruautés…


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