Privé de mouvement suite à ses origines Lucas Steiner (Heinz Bennent) végète dans un sous sol de théâtre.
Au dessus de lui des corps et des voix s'agitent et répètent. Des passions virtuelles couchées sur papiers émeuvent peu à peu ces comédiens tyrannisés par des incessantes coupures de lumière.
Marion Steiner (Catherine Deneuve) s'agite entre sous sol et surface épouse modèle elle se sent récupérée néanmoins par la fougue lumineuse de Bernard Granger (Gérard Depardieu) coureur de jupons et redresseur de tort.
En ses années de guerre le pouvoir est détenu par la chaleur et la lumière. La chaleur se découvre dans les salles obscures ou les parisiens se réfugient quelques heures avant de retrouver un logis glacial.
La lumière est imprévisible, elle s'arrête soudainement en pleine répétition occasionne des angoisses à cette troupe de théâtre devant conserver son sang froid devant la double adversité de l'ombre soudaine et de la plume terrible et hypocrite du critique d'art Daxiat (Jean-Louis Richard) collabo et antisémite envers la masse mais sympathisant au cas par cas
(A signaler que la correction infligée à Daxiat par Bernard Granger est à l'identique de celle infligée mais de manière plus violente par Jean Marais en 1941 dans les mêmes conditions à Alain Laubraux au sujet de la pièce de Jean Cocteau la machine écrire).
Les efforts de Raymond le régisseur (Maurice Risch, remarquable) homme à tout faire et de Germaine Fabre (Paulette Dubosc) rétablissent un relationnel familial basé sur la sincérité des responsabilités.
Lucas en chef d'orchestre cloîtré bénéficie de sens plus développé, il perçoit la sensibilité et les limites des comédiens jouant au dessus de lui, il corrige, prend des notes que Marion de plus en plus attirée par Bernard néglige de consulter. Bon prince il encourage leur union.
« Le dernier métro » pouvoir alternatif de l'ombre et de la lumière rapproche une sensibilité mutuelle établit dans un premier temps par un texte de théâtre qui lentement déstabilise les fonctions premières de deux comédiens dont l'une se doit de respecter ses engagements de base.
La présence indisposante de l'occupant est à gérer dans un contexte sympathisant ou ces gens aux métiers artistiques ont la chance inouïe d'être sur les planches et non sur le front des combats.
La liberté de s'exprimer par le théâtre est une manière de survivre dans un Paris momentanément privé d'indépendance.
Certaines arrogances cachent une force, la passion de vivre intensément de peur que tout s'arrête subitement. C'est le message principal de ce film, une lumière atténuée refusant de disparaître.
C'est le début d'une rétro Truffaut à la cinémathèque, ce qui est bien. Ce qui est un peu moins bien, c'est le fait d'en entendre constamment parler sur les ondes actuellement, comme si c'était un événement culturel de très grande importance (encore sur france-info il y a quelques minutes). Le fait d'avoir affaire à un cinéaste français ? Comme le faisait remarquer PM Jarriq sur ce forum il y a quelques années, Truffaut est déifié par certains (bobos ou journalistes parisiens ?), et haro sur ses plus ou moins pondérés détracteurs du moment.
Le cinéma de Truffaut n'est pas parfait, et certains de ses films franchement guindés et guère intéressants. Il vaut mieux parler ou écrire à propos des œuvres cinématographiques les plus intéressantes, à mon avis, quels que soient leurs auteurs, nationalités, et date de réalisation, comme on le fait sur ce présent forum, et ne pas placer sur un piédestal un cinéaste pour des raisons idéologiques. Il serait bien que les journalistes de cinéma s'intéressent de plus près aux ressorties en salles de classiques, ou aux classiques non édités.
Ce culte autour de Truffaut date d'il y a quelques années déjà.. Mérite t-il d'être plus célébré qu'un Louis Malle
qui lui aussi tourna son lot de chefs-d'oeuvre, de films simplement corrects et de ratages ???
Truffaut
a sans doute plus d'aura médiatique, de publications derrière lui mais ce sont les fills qui comptent…A ce niveau je pense que nous sommes sur la même longueur
En revanche, j'apprécie Le dernier métro mais sans partager votre enthousiasme.
Le film est porté par un casting parfait, notamment Deneuve.
Certaines idées, notamment celles du mari dans la cave, sont magnifiques.
Mais il y a un côté propret, consensuel, qui me fait penser à un téléfilm de luxe. Je trouve le film inférieur à d'autres grands films français sur la période: ainsi La traversée de Paris,
Monsieur Klein
ou L'armée des ombres
entre autres. Et dans l'oeuvre du cinéaste, je tend à préférer le Truffaut
de films plus secrets ou intimistes comme La chambre verte,
La peau douce
ou les meilleurs "Doinel".
Ceci dit, c'est une superproduction culturelle des plus estimables, comme le sera dix ans plus tard le Cyrano de Rappeneau.
En lisant, il y a peu, Les histoires de ma vie, les mémoires de Jean Marais, j'ai été surpris qu'il nous raconte…. Le dernier métro
! En fait, le rôle tenu par Depardieu
n'est autre que celui de Jean Marais
. J'ai vu ce film je ne sais combien de fois sans jamais penser une seconde que c'était un pan de la vie de Jean Marais,
entre autres, qui nous était conté… Pour l'anecdote et emboîter le pas à Verdun, je préfère cent fois La peau douce
… Et il doit être bien agréable de la revoir sur grand écran, cette peau là . Mais pour ce qui est du cinéma de Truffaut
en général, culte ou pas, il est absolument et génialement incontournable et tient une place prépondérante dans le cinéma Français. On ne dit pas Truffaut
comme on dit Jean Boyer
ou Christian Jaque
. Mais je pense, c'est mon humble avis, que le dernier métro
ne représente pas le le cinéma de Truffaut
par excellence. Je veux dire que ce n'est pas ce film là qui vient de suite en tête quand on prononce le nom du cinéaste. Baisers volés,
la peau douce,
Jules et Jim
ou Les Quatre cents coups
sont beaucoup plus représentatifs de l'esprit de Truffaut
que ce dernier métro
qui quitte un peu la voie sacrée du réalisateur .
Surtout que dans La peau douce, ami Tamatoa, il y a la regrettée Françoise Dorléac. Elle avait à mon goût un charme beaucoup plus sensuel que sa soeur Catherine Deneuve. On comprend aisément que Jean Desailly ait succombé à tant de féminité. Bien trop tôt disparue, elle nous aurait encore séduits avec plaisir. Cruel destin….
Période dotée donc d'une aura légendaire, souvent à juste titre tant elle recèle de silhouettes floues, de circonstances ambiguës, d'interrogations sans possibles réponses, tant elle fourmille de situations où tous les repères habituels sont estompés. Personne n'a mieux décrit cela que Patrick Modiano et c'est vers lui que Truffaut
et ses co-scénaristes, Suzanne Schiffman
et Jean-Claude Grumberg auraient dû se diriger, comme l'avait fait, quelques années plus tôt, Louis Malle
pour tourner l'éblouissant Lacombe Lucien.
Là une incidente sur le caractère décoratif du film : j'ai bien ricané en constatant que les scènes de rue ont été tournées en studio et que le carton-pâte y est aussi visible (et peut-être même un peu davantage) que dans les films de la Qualité française que Truffaut et ses copains des Cahiers du cinéma descendaient à coups de bombes incendiaires quand ils prétendaient créer une Nouvelle vague à coup de son direct et de prises de vues en extérieur. C'est dire assez qu'une fois les vieilles barbes chassées – ou plutôt les places conquises à leurs côtés – les révolutionnaires se sont pieusement assagis (ce qui est d'ailleurs le sort et le propre de tous les révolutionnaires, lorsqu'ils ne se sont pas entre-zigouillés).
Ah, au fait, savez-vous pourquoi Jean Marais alla calotter Alain Laubreaux ? On dit beaucoup que c'était parce que le critique avait éreinté La machine infernale dans les colonnes de Je suis partout ; sans doute ; mais sans doute aussi parce qu'il avait qualifié Marais
d'Homme au Cocteau
entre les dents ; ce qui était rosse mais pas mal trouvé du tout, non ?
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