Le dernier film d’André Téchiné, présenté en sélection officielle à Cannes en 2003, peut laisser perplexe à sa vision. Et encore plus perplexe une fois qu’on aura lu les critiques plutôt dithyrambiques à son sujet, même Libération a aimé ! Ce qui pose question, c’est que ce film, loin d’être mauvais, laisse tout de même un très étrange parfum de déjà-vu. L’histoire est simple et complètement prévisible : lors de l’exode suite à la victoire allemande en 39, une mère de famille, Emmanuelle Béart aux lèvres toujours aussi boudinées, trimballe ses deux enfants à travers champ et manque de se faire shooté par un méchant avion allemand. A leur fuite se joint un étrange garçon un rien dérangé, braconnier et voleur de cadavres à ses heures, qui va attirer l’attention du fils en quête de père et de la mère en quête de mâle. Ils trouveront refuge dans une maison abandonnée de ses occupants, un couple juif dont le sort ne fait aucun doute…

Ce qui gène dans ce film somme toute classique et plutôt bien interprété, avec la découverte du réel talent du jeune Gaspard Ulliel, dense et juste, c’est que tout est absolument prévisible. Comme il est difficile d’être subjugué par une mise en scène très pépère, d’une lumière de bon téléfilm de France 3, de dialogues parfois trop littéraires pour sonner authentiques et d’une fin désamorcée dont on sent trop le décor et la pose des comédiens, on se dit finalement qu’il n’y a que la scène d’amour, qui avait fait frémir les premiers rangs à Cannes (ceux qui dormaient pas encore), la scène d’amour donc qui, par la fougue et l’espèce d’ironique fatalité qui s’en dégagent, rend les personnages cruellement humains et élève le film. Pour autant, soyons sincère dans notre subjective critique, ce n’est peut être pas suffisant pour se rendre dans une salle de cinéma et payer 8 ou 9 Euros… Le film méritera par contre d'être vu à la télé un dimanche soir sur France 2.

En pleine déblaque de 1940, une femme et ses deux enfants complétement perdus suite à la destruction de leru véhicule suivent un adolescent mystérieux et débrouillard qui les installe dans une maison abandonnée par ses propriétaires. Là vont naitre entre eux des relations fortes et ambigues.

Un film dur (trés dur au début sur les routes de France avec les civils bombardés par l'aviation allemande) avec une interprétation magnifique surtout des jeunes. Un petit bémol sur les dix dernières minutes qui laissent la fin de l'intrigue en nous laissant beaucoup sur notre faim.

4,8/6. Mais ces personnages évoluent aussi au sein d'une nature, très présente, celle des bois, champs, rivières… La photographie et les sons (bruit du vent, de l'eau) rendent palpable -et vivante- cette nature. Une nature régénératrice guérissant les plaies de la civilisation, et rapprochant les êtres : les citadins et le campagnard. La maison-refuge se situe à la lisière de ces deux mondes. Les citadins ont des préjugés de petit-bourgeois, et le rural est de son côté un marginal illêtré. Mais ces deux mondes s'avèrent finalement très complémentaires l'un de l'autre, et leur alliance peut être comprise comme la clé du succès de la France éternelle. La clé aussi de la concorde homme-femme, enfant-adulte aussi.

C'est un film que j'ai trouvé subjectivement très réussi, et qui m'a rappelé au passage le ton et le style de certains films de Robert Mulligan (Un été 42).

• > Mon interprétation ne correspond pas complètement aux intentions du cinéaste, et est peut-être plus en rapport avec le livre de Gilles Perrault (que je n'ai pas lu), selon les suppléments du dvd, visiblement. Ou bien ce sont trois visions complémentaires.

Nb : la transition avec Barry Lyndon (qui n'a évidemment rien à voir) vu la veille, a été un peu rude… Attention à cet aspect-là, car Les égarés sort des sentiers battus…

Nb2 : Ce n'est pas feu Christopher Brandon qui s'est un peu égaré avec sa chronique cinglante ?