Je vote avec vous, mais surtout par curiosité de voir ce que peut donner à l'écran l'univers de ce roman de Katherine Anne Porter aujourd'hui un peu oublié. «Ship of fools» est une brique touffue, inégale, mais aussi passionnante et prenante, malgré des intentions allégoriques un peu appuyées; et aussi, à son époque, un best-seller. On y sent l'influence, notamment, d'Aldous Huxley (celui des grands romans comme «Counterpoint»). En revanche, je dois dire que je me méfie un peu beaucoup de Stanley Kramer, qui a une vilaine tendance au film "à message" primaire (quoique Bless the Beasts and Children était un très bon film pour enfants). Lui, il a dû se dire en lisant le livre : "Ah! Voilà un sujet pour moi!" Moi, je redoute justement qu'il n'ait aggravé les défauts du livre… mais sait-on jamais !

voui ! tout à fait d'accord avec ta réflexion "pseudo message primaire" à propos de Stanley Kramer. C'est devenu une caractéristique de sa "carrière".

Je vais te donner un autre avis à propos de ces "grands" metteurs en scène : à un certain moment, leur réussite devient telle qu'ils nous font tous "….." en voulant montrer qu'ils sont capables d'aborder tous les sujets avec une pareille maestria. Du même coup, il y a des flops terribles avec la critique, d'une part, avec le public, d'autre part.

Je pense que ç'a été la caractéristique d'une époque et qui me paraît revenir que c'en est une surenchère. Par exemple, personnellement, et pour être méchant, je ne supporte plus Spielberg. On est sur des machines à faire des sous et faute d'idéaux, on exploite tout et n'importe quoi du moment que ça rapporte.

Sur le dernier point que vous évoquez…il y en a un, tout de même qui a touché avec bonheur, avec perfection, même, à tous les genres : Stanley Kubrick ! Guerre, Anticipation, Science-Fiction, Thriller, Comédie de moeurs, Reconstitution historique, Comédie dramatique…

Mais Kubrick, c'est, à mon sens, de très loin LE plus grand…

Cher impétueux je suis tout à fait d'accord avec vous ! Kubrick est bien le seul ! Et on oublie aussi qu'il a abordé le western sachant qu'il s'est copieusement eng…. avec Brando pour La vengeance aux deux visages et a quitté le tournage. Quant à son "Napoléon", on comprend ses scrupules mais il est certain que ç'aurait été une oeuvre de Kubrick. Je pense que vous savez que Kubrick s'est aussi fâché avec Anthony Burgess à la suite de son Orange Mécanique mais que c'était la même époque où Burgess écrivait la "Symphonie Napoléon" que je vous engage à lire si ce n'était fait et si vous en avez l'occasion. Se basant comme il savait le faire sur le "roman" de Burgess on aurait bénéficié d'une oeuvre assez particulière dans la mesure des facettes de l'Empereur mises en évidence par l'écrivain.

Amicalement.

Revu récemment, Ship of fools est un film agréable, mais proche du film à sketches et donc, par définition, inégal. La partie entre Vivien Leigh, séductrice décatie et Lee Marvin, sportif ivrogne, vulgaire et parlant de ses problèmes intestinaux, est délectable, les séquences avec le nain Michael Dunn sont lourdingues de symbolisme, les relations du coupe Segal-Ashley sont assommantes et démodées, le duo Signoret-Werner est parfois émouvant. On voit même le sergent Garcia de Zorro, en paysan mexicain des 3ème classes ! Je crois surtout que c'est la pâtine du temps et le casting étonnant, qui rend le film meilleur qu'il ne devait sembler à l'époque de sa sortie.

C'est bien pour cela qu'il a été partiellement boudé par le public…