Contrairement à notre cher Vincentp, je n'ai guère l'occasion de voir de grands classiques en salles, sauf quand je passe par Nantes. Mais j'ai vu ce film en débtut d'année, et c'est l'une de mes plus belles expériences en tant que spectateur. Des films en salles comme celui-ci, j'en redemande.
Il s'agit d'une troublante expérience de spectateur en effet. C'est d'abord le scénario qui scotche. Difficile de dire ce qu'il faut en penser sans tout dévoiler mais nous sommes entraînés dans un complot diabolique aux conséquences terrifiantes. Toutes nos certitudes sont sans cesse renversées, tant par rapport à l'histoire elle-même que par rapport aux intentions de l'auteur. En tous cas, celà donne un film qui dénonce les fragilités du système judiciaire, sans jamais verser dans la démonstration. Très fort !!
Tout aussi hallucinant est le travail sur la mise en scène qui est proposé ici tant nous avons l'impression d'une "épure poussée jusqu'au bout, aussi bien dans un filmage d'une incroyable précision que dans la nudité des décors ou la photo en noir et blanc. Et c'est sans doute par cette mise en scène simple et élaborée à la fois que nous ressentons la puissance d'un récit au contraire riche en coups de théâtre.
Et enfin, à certains égards, le film est une satire terrible de la société américaine qui est vue comme une faune terrible. Chaque personnage ici est amibigû à souhait, grâce aux divers retournements en partie. On ne peut se fier à personne et pas même à la justice, censée être vertu des vertus. Ici, tout est rongé par le doute. Donc pas de démonstration, ce qui rend d'autant plus fort le propos et l'accablement que l'on peut ressentir.
Je vois que Vincentp ou Alhog ont mis ce film dans leur liste. Bien sur il s'agit d'une claque comme Moonfleet ou Réglement de comptes, d'un chef-d'oeuvre et avec l'ami Fritz, on est habitué.
Mais là ce film prend l'allure d'un aboutissement, d'un "testament" même on attribue ce qualificatif au dyptique composé par Le tigre du Bengale et Le tombeau hindou, films qui me touchent un peu moins que ce grand film noir..
Je me réponds à moi-même: je viens de revoir ce film et je le trouve sans cesse plus gigantesque. Une oeuvre inépuisable…
J'ai hélàs lu quelque part que Wild Side avait renoncé à publier le dvd prévu à cause d'un matériel de mauvaise qualité: voilà une bien triste nouvelle pour un des films qui manquent le plus à l'édition du dvd !
Inutile de dire que l'on trouve le remake avec Michael Douglas intitulé Présumé coupable dans toutes les grandes surfaces !
Revu aujourd'hui sur grand écran. Deux thèmes sont traités : la question de la peine de mort, et la position de chacun par rapport à la justice. Parmi les personnages du récit : le procureur ambitieux et le responsable de presse humaniste, qui s'opposent l'un à l'autre courtoisement sur un plan humain, de façon virulente sur un plan idéologique. Mais il y a aussi le cas de conscience du personnage interprété par Joan Fontaine, le professionnalisme du policier, le côté calculateur de l'écrivain joué par Dana Andrews. Des thèmes bien explorés au travers de personnages crédibles et bien caractérisés. Mais c'est la mise en scène de Fritz Lang qui constitue le principal attrait de L'invraisemblable vérité : ultra-efficace, sans effets, presque épurée (ex : l'accident de voiture en un minimum de plans). Les 80 minutes du récit passent à la fois très vite, mais on a aussi l'impression qu'il s'est passé beaucoup de choses pour ces personnages en l'espace des à peu près trois jours qui ponctuent ce récit. Un chef d'oeuvre d'efficacité !
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