Réalisateur de films d'une qualité exceptionnelle comme Le grand chantage, l'homme au complet blanc et Tueurs de dames, Alexander Mackendrick est selon Tavernier et Coursodon, le plus grand réalisateur de l'histoire du cinéma anglais avec Hitchcock.
Ce "Cyclone à la Jamaïque" est hélàs l'apogée de cette oeuvre trop courte et voué aux échecs commerciaux en son temps. Il s'agit d'un film d'aventures qui est aussi une des plus belles fables jamais tournée sur l'enfance face au monde adulte.
Serais-je iconoclaste en clamant que ce film vaut les archi- célébrés La nuit du chasseur et Moonfleet ? Sans doute un peu, pourtant il s'agit bien d'un film d'une grande subtilité qui mêle à merveille la comédie et le drame, l'ironie et l'authenticité.
Le propos évite complètement le manichéisme et nous invite à nous poser la question suivante: des jeunes enfants et des pirates, quels sont ceux qui ont le moins le sens de la morale ? Les enfants ont-ils vraiment l'innocence qu'on leur attribue ?
On saisit donc là la richesse de ce qui paraît n'être qu'un simple film d'aventures qu'aux mauvais critiques… Et puis le film constitue aussi une belle méditation sur la confusion possible entre le rêve et la réalité.
Enfin, il convient aussi de rendre hommage à la belle prestation de Anthony Quinn, acteur qui me semble bien oublié aujourd'hui et qui donne ici une de ses plus belles prestations, comme dans Lawrence d'Arabie, L'homme aux colts d'or, La vie passionnée de Vincent Van Gogh, Les dents du diable, Barabbas ou L'héritage..
Sans oublier Revenge, où il est magnifique en parrain mexicain impitoyable.
Oui, Whisky a gogo est vraiment génial. Quant au film cité, je ne l'ai pas vu non plus, un dvd zone 2 serait le bienvenue.
4,8/6. Très étonnant long-métrage daté de 1965, réalisé par le britannique Alexander Mackendrick (Tueurs de dames, Whisky à gogo), produit par la 20th Century fox, tourné dans un somptueux cinémascope de plein air. Une vision à la fois hollywoodienne (les ingrédients types d'un récit d'aventure) et britannique (on pense à Les grandes espérances de David Lean). Des éléments propres à la modernité des années 1960 (le bris des vagues sur les rochers, renvoyant à une perception mentale, m'ont fait penser à The Sandpiper) renouvellent le récit traditionnel d'aventure des années 1950. C'est le regard croisé de l'enfance sur le monde adulte et du monde adulte sur celui des enfants. Ces deux classes d'âge promènent un regard antagoniste sur la vie et la mort, avec des points de liaison. Excellente mise en scène, scénario, interprétation, photo (Douglas Slocombe), musique…
Il manque sans doute un petit quelque chose à Cyclone à la Jamaïque pour s'imposer comme un chef d'oeuvre du septième art (on se dit par moment que ce film n'est pas complètement abouti), mais ses qualités sont nombreuses et indéniables. La peinture du microcosme des pirates est très réussie (sur le bateau et peut-être plus encore lors de l'escale) : des mouvements de caméras superbes au sein de la foule, pour attirer l'attention du spectateur sur tel ou tel point visuel ou narratif (emploi répété de plongées – contre-plongées gérant superbement la profondeur verticale, complétant les grand-angles prenant en charge la dimension horizontale de l'espace). Un moment de forte émotion pour le spectateur quand le pirate Anthony Quinn prend la petite fille dans ses bras, stoppe brusquement son mouvement, révélant un amour filial qui va le mener à sa perte. De nombreux thèmes sur la société, les rapports humains et sociaux (entre classes sociales mais aussi entre colonisateurs et autochtones), sont d'autre part traités de façon relativement brillante (subtile, aussi) par les images et les sons.
C'est un film à découvrir ! Chaque spectateur, qu'il soit jeune ou âgé, y découvrira des centres d'intérêt qui lui sont propres, et pourra développer sa compréhension du monde qui nous entoure.
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