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Sujet : Deux points de vue différents sur le film


De dumbledore, le 14 juillet 2005 à 09:18

Plutôt de Pocahontas de Disney…


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De vincentp, le 20 mars 2006 à 21:40
Note du film : 5/6

PRECISIONS :

Vous trouverez ci-dessous deux points de vie très différents concernant le film "le nouveau monde".

  • Tout d'abord, mon point de vue, très subjectif, d'autant plus subjectif que j'ai vu le film en soirée, après une journée de ski, bien fatigué. Je ne dis donc pas que j'ai raison !
  • Ensuite le point de vue intéressant d'un autre cinéphile (Olivier F…, un autre bon habitué de la Cinémathèque française) mais qui n'est pas encore relié à internet et ne peut donc pas s'exprimer sur ce site.

A chacun de se faire sa propre opinion sur le film !

MON POINT DE VUE (film noté 4/6)  :

"Le nouveau monde" est un film décevant.

  • Décevant quand on connaît le talent de cinéaste de Terrence Mallick, et quand on a vu -et admiré- ses trois films précédents.
  • Décevant car le sujet initial -la découverte d'un nouveau monde et de ses autochtones- est un sujet en or, qui offre de multiples possibilités de traitement, et qui a produit des chefs-d'oeuvre du 7° art (ex : Aguirre, Danse avec les loups)
  • D'autant plus décevant que le début de ce présent film est époustouflant, tant sur le fond que sur la forme.

Le nouveau monde aborde à son entame deux thématiques bien claires, adroitement entremêlés:

1) la découverte d'un nouveau monde innocent et vierge de tous les travers d'une société bâtie autour de la possession matérielle (qui conduit à la dégénérescence des individus : aliénés, cupides, jaloux,…)

2) la quête existentielle d'un personnage, conscient des travers de la société dont il est issu, et qui est à la recherche de valeurs essentielles.

Lors de cette entame du film, Mallick exprime clairement une vision très personnelle de l'humanité. Le monde idéal est celui ou les hommes vivent sans rechercher la possession matérielle, respectant leur espace naturel. La grandeur de l'âme humaine va de pair avec celle de l'espace naturel. L'homme peut être un parasite pouvant briser l'harmonie du monde idéal.

Si le propos est clair, il est aussi parfaitement développé. Mise en scène, dialogues, photographie, musique, bruitage, interprétation, costumes, montage atteignent des sommets.

Mallick avance alors brillamment et à toute allure, porté par une vision mystique, qui transparaît clairement, au travers d'images sublimes, de propos exprimés par voix-off, et d'une propension à ignorer des péripéties futiles pour se centrer sur des sujets essentiels.

Mais malheureusement, au bout de 25 minutes (quand le capitaine Smith regagne son campement), le film déraille… Les deux thèmes développés précédemment passent alors à la trappe (alors qu'ils pourraient être développés plus en profondeur), pour refaire surface par moments, le tout sans qu'on sache très bien pourquoi.

La romance entre la princesse et ses deux soupirants devient le sujet central du film, et l'on assiste, quelque peu incrédule, au développement d'un psychodrame à quatre sous, aux rebondissements parfois ahurissants et contradictoires avec ce qui précède (exemple, le vieux chef indien qui vend sa nièce pour un chaudron de cuivre, laquelle nièce se promène alors en petite tenue chez les colons, sans se soucier de la menace des lascars vérolés qui tirent une langue à terre en la voyant, et sans chercher à rencontrer son bien-aimé qui est dans le camp). Bizarre, bizarre !

Mallick, qui n'est pas Douglas Sirk ou Vicente Minnelli, se débat alors à grand-peine dans cette romance, sans arriver à faire vibrer la corde sensible du spectateur. On peut penser qu'il a grand tort de s'aventurer sur une contrée qui lui est hostile ! L'arroseur arrosé en quelque sorte !

Le film est par moment incompréhensible, quelque peu grandiloquant, et surtout hautement pénible à suivre. On s'interroge : pourquoi tel ou tel personnage est-il mis au placard ? Pour que le film dure deux heures et quart ? Et surtout ou Mallick veut-il en venir ? Quel est donc son propos ?

On consulte alors son chronomètre, en se disant que l'intrigue pourraît tenir en 90 minutes et en attendant, quelque peu mortifié, la conclusion du film, qui n'éclaire que très peu notre lanterne, car portant sur un sujet annexe.

Etonnante évolution d'un film, qui démarre sur les chapeaux de roue, et qui se termine malheureusement sur les jantes, victime d'une sortie de route au bout d'une demi-heure de course.

POINT DE VUE DE OLIVIER F… Film noté 6/6 :

Le nouveau monde est un pur chef d'oeuvre, réalisé par un très grand cinéaste.

Mallick exprime de façon magistrale dans la première partie du film un point de vue panthéiste. Cette vision du monde n'est pas nouvelle, mais la façon dont elle est traduite en image est impressionnante. Le rythme est rapide, le point de vue exprimé est celui de John Smith : une vision fiévreuse et quasi-mystique.

Dans la deuxième partie qui débute avec le retour de Smith dans son camp, et qui s'achève par son départ du camp, le sujet et le ton changent, mais le film demeure tout aussi intéressant. Mallick nous montre alors sur un rythme globalement plus lent, la situation de coopération/confrontation qui s'établit entre les deux civilisations, avec ses éclats de violence. Il nous montre aussi de fort belle manière, comment dans un tel contexte, des personnages, qui tatonnent pour survivre, peuvent évoluer psychologiquement.

Cette deuxième partie introduit une rupture narrative radicale, en particulier concernant le traitement des personnages. Ceci n'est pas sans rappeler un classique du mélodrame, "Le mirage de la vie" de Douglas Sirk. Il faut l'accepter pour apprécier toutes les qualités du film.

Dans la troisième partie, le personnage principal est celui de la jeune fille abandonné par Smith qui poursuit ses chimères d'un nouveau monde, toujours plus idéal. Ceci se matérialise par la voix-off de la jeune fille. qui nous livre quelques-unes de ses pensées. Le point de vue exprimé par Mallik est clairement celui de ce personnage : ceci est particulièrement évident quand le film se situe en Angleterre.

Mallick montre alors l'assimilation progressive d'une jeune personne au sein d'une autre culture et les difficultés qui sont liées à cette situation. Il montre aussi l'évolution psychologique d'une jeune femme confrontée à un amour impossible (un sujet proche de celui de Adele H). La douleur psychologique de ce personnage se matérialise par un rythme très lent, et la vision de quelques scènes quasi-lugubres, reflets de sa psychologie, et qui peuvent désorienter le spectateur.

Un film magistral, allégorie complexe sur la civilisation humaine, le choc entre les civilisations, et leurs conséquences sur les individus. Il faut le voir absolument !

NB : j'invite Olivier F… qui vient de s'acheter un ordinateur à rejoindre la petite communauté de dvdtoile.com


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De PM Jarriq, le 30 avril 2006 à 17:31
Note du film : 3/6

Le traitement ? Un peu de Last of the Mohicans (la photo, les batailles, la présence de l'irremplaçable Wes Studi), une pincée de Aguirre, pas mal de National Geographic, et l'insupportable Colin Farrell, avec son unique expression et son regard vide. Le film est beau bien sûr, rien d'étonnant de la part de Malick, mais il n'en finit pas, chaque séquence s'étire jusqu'à l'assoupissement, la voix "off" est redondante, la musique assommante. La seule raison de rester jusqu'au bout est le charme de la jeune comédienne amérindienne, sorte de version "native" de Jennifer Garner, qui illumine tout le film. Les seconds rôles sont inexistants (Jonathan Pryce fait à peine de la figuration dans deux plans, je n'ai même pas été capable de repérer John Savage, Noah Taylor est gaspillé), et la déception est finalement presque totale. Days of heaven était une merveille, La ligne rouge un beau film, The new world, une sorte de "best of" de l'oeuvre qu'il aurait dû être. Espérons que Malick n'attende pas trop longtemps pour un comeback…


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De Citizen Dave, le 23 août 2006 à 22:23
Note du film : 5/6

Le Nouveau monde est un très beau film. Certes, on a plus d'intérêt avec La ligne rouge car on s'y intéresse à plus de matière, au sort de plus de personnages. Mais, les images du Nouveau monde sont magnifiques et on ne peut s'empêcher d'y trouver le support d'une comapraison avec le film Les Moissons du ciel sur le plan de la triangulation amoureuse (deux hommes, une femme). Je remarque une erreur systématique des commentaires. Les gens voient une vision négative pure et simple des colons, de leurs mentalités, avidités soi disant radicales, etc. C'est faux. Si le plan d'un paradis perdu est présent, le film ne brosse pas un portrait au noir de colons dans une situation d'ailleurs bien délicate et digne d'intérêt. Qui plus est, le film se concentre tout particulièrement sur l'amour que porte pocahontas à cet univers inconnu. Bref, Le nouveau monde ne va pas dans le sens d'une bienpensance facile à penser, mais va dans le sens d'une réconciliation de l'humanité entre les parties qui la composent. Pocahontas est attiré par les colons, curieuse de ce monde-là. Son rôle est magnifique et touchant. Elle est abandonnée par un lâche amibtieux qui la juge comme un problème sur sa route sociale et qui lui parlera tel un goujat lors de l'ultime rencontre. L'indienne va alors découvrir dans le fond de sa désillusion une autre forme de réconcilaition intime avec la vie en retrouvant l'unité auprès de son mari et de son enfant. Hélas, la mort va l'emporter. Le second homme qui va l'aimer porte un regard sur elle qui est alimenté par une analogie de situation qui va de pair avec la compassion, et crée un amour plus noble. Ce qui est intéressant, c'est que son regard nous fait voir la courageuse indienne seule au milieu de cette société européenne si nouvelle, si inconnue, si étrangère, abandonnée de celui qu'elle aimait et qui l'aimait un peu quand même, renié par sa tribu, sa famille et son père. Franchement, comment bouder un tel film où le jeu de séduction de l'indienne est d'une grâce infinie et où les sublimes images du paysage américain défilent sous nos yeux avec toute cette part minimum de symbolique de paradis perdu.


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De droudrou, le 3 octobre 2006 à 19:01
Note du film : 5/6

La critique n'avait pas accueilli avec des éloges ce film de Terence Malik.

Pourquoi ? Peut-être le personnage Pocahontas suite aux visions qu'en avaient donné les films Walt Disney.

Je pense que du point de vue de l'Histoire, Malik respecte la trame historique tant dans les faits que dans la reconstitution proprement dite. Les premiers contacts entre les deux civilisations sont intéressants, chacun ayant sa propre perception pour "sentir" l'autre. Que les choses dégénèrent dans les rapports, c'était inévitable. Le personnage de Pocahontas et son environnement familial sont aussi des curiosités à découvrir. C'est vrai que l'homme blanc a quelque peu perturbé l'harmonie d'un système qui, jusqu'à présent, n'avait jamais attendu après lui pour vivre.

Quant à la communauté blanche, Malik ne manque pas de nous en rappeler les origines.

Mon épouse qui s'intéresse à l'Histoire des Civilisations dans ce qu'elles ont d' "inspiré" est d'accord avec l'approche de Malik. Vivant près de la nature ainsi qu'ils la vivaient, les indiens ne pouvaient être pervertis par ce qui faisait depuis longtemps la dégénérescence spirituelle de notre civilisation.

J'ai beaucoup aimé l'image.

Vous serez bien gentils d'excuser mon rédactionnel : ce soir je ne suis pas en très grande forme ! Ca arrive !


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De vincentp, le 3 octobre 2006 à 20:28
Note du film : 5/6

On vous pardonne ! Un bon grog et ça va repartir !

Pour information de tous, un intéressant petit guide édité par la FNAC vient de sortir. Intitulé "panarama du cinéma américain en 230 films", vendu modiquement 4,50 euros, il constitue une bonne synthèse, à destination du grand public, de ce qu'il est intéressant de savoir sur ce cinéma. Il décrit ainsi les courants qui ont marqué ce cinéma depuis ses origines, présente en quelques mots les "studios", dresse le portrait de plusieurs metteurs en scènes et comédiens, et commente 230 films phares que l'on peut trouver dans les boutiques.

Quelques mots bien sentis dans ce livre concernant Terence Malick, présenté comme celui "qui interroge la place de l'homme dans l'univers".

Et puis, Droudrou, si vous voulez en savoir un peu plus sur les films de Malick, je vous invite à consulter le remarquable ouvrage de Jean Douchet "la dévéothèque de Jean Douchet" (ed. petite bibliothèque des cahiers du cinéma, prix : dix euros) qui produit (notamment) une analyse brillante de l'oeuvre des précédents films de Malick, un livre qui nous fait dire après lecture : "Bon sang, mais c'est bien sûr".


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De DelaNuit, le 3 août 2011 à 09:42
Note du film : 5/6

Finalement, ce "nouveau monde", est-ce celui que les colons découvrent en Amérique ou celui que la princesse indienne découvre en Europe ? Au "Paradis perdu" des indiens bientôt abîmé puis détruit par les européens répond le "Paradis retrouvé" par Pocahontas dans les jardins anglais (auprès d'un nouvel amour, après avoir fait son deuil de son amour précédent). Idée confortée par le fait que dans sa forêt natale, la jeune femme interroge sans réponse l'esprit de sa mère décédée en lui demandant où elle vit désormais… puis, réconciliée avec la vie et la nature dans la beauté harmonieuse des jardins d'Albion, lui déclare, : "Maintenant je sais où tu vis"…

Ces ambiguïtés et cet effet miroir entre ces deux mondes n'est pas le moindre intérêt de ce très beau film, porté par une comédienne si belle et expressive, et par la musique de James Horner, agrémentée d'extraits classiques, dont le fameux "thème du Rhin" de la Tetralogie de Wagner, ouvrant et fermant cette histoire dans un rappel au fleuve primordial, à l'eau de la vie s'écoulant sans frontières de pays en pays…

Après le passage d'un monde à l'autre (l'ancien et le nouveau), reste à traverser le dernier fleuve pour rejoindre cet "Autre monde" qui est celui de l'au-delà… et c'est justement le dernier voyage de Pocahontas.


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De Impétueux, le 3 août 2011 à 12:48
Note du film : 3/6

C'est la première fois que je regardais, à la télévision, hier soir, un film de Terrence Malick et je suis bien perplexe : les images, composées avec un soin extrême sont absolument bluffantes ; le récit m'a paru, en revanche d'une grande niaiserie…

Je regarderai sûrement autre chose…


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De vincentp, le 5 août 2011 à 08:58
Note du film : 5/6

Le scénario ne m'a pas plu et ce récit qui me fait penser à Barry Lyndon par le rythme lent, le souci de reconstitution historique, est un peu lourd à digérer. La balade sauvage ou Les moissons du ciel me paraissent plus réussis. Mais il existe une version longue pour Le nouveau monde qui corrige certaines imperfections, peut-être.


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De JIPI, le 12 août 2023 à 18:28
Note du film : 5/6

"Pourquoi la terre a des couleurs?"


Une intrigue sentimentale faussement maigrelette dans une suite d'images magnifiques, inondant des personnages un peu statiques d'une lumière céleste.

L'ensemble, tout en étant bien souvent parsemé de longueurs éprouvantes détient malgré tout une poésie nonchalante presque féerique, dont la valeur sera certainement un jour mondialement reconnue.

Une nouvelle manière de filmer sobrement la découverte d'un autre monde, par de nouvelles perceptions fécondées au contact d'une nature flamboyante.

Un retour aux origines passionnelles et guerrières, sur des terres dominées par la violence et l'émotion, avec en primes de nombreuses interrogations sur le sens de la vie, les yeux rivés vers le ciel.

Des vibrations presque surnaturelles investissant un périple fastidieux, dont il faut supporter la lenteur.

Association mystique et gratifiante entre le ciel et la terre, dont on ressent intensément le partenariat sans pour autant en définir la véritable profondeur.

Ceci grâce à la découverte de l'autre et de sa manière d'être sur des terres inconnues dont les incomparables splendeurs renforcent encore davantage par leurs diversités le besoin naturel de fusionner leurs différences.


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De droudrou, le 13 août 2023 à 08:53
Note du film : 5/6

tu es bien courageux Jipi ! "je ne supporte pas le cinéma de Terrence Malick !" donc hors de question de revoir Le nouveau monde depuis j'ignore volontairement ses nouvelles productions – il m'en serait de même pour Christopher Nolan sauf si je pressens…


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De JIPI, le 13 août 2023 à 12:46
Note du film : 5/6

Je te comprends Droudrou, c'est vrai qu'il m'a fallu plusieurs visions pour l'apprécier. Laisse-toi tenter ou retenter par la ligne rouge, ça peut fonctionner surtout si votre première rencontre n'a rien donnée. Concernant Christopher Nolan inception possède le mérite de déposer l'offrande de quelques méditations intéressantes. Par contre pour Tenet j'ai claqué la porte, tout est beaucoup trop confus. Trop de révélation tuent la révélation.


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De droudrou, le 13 août 2023 à 13:17
Note du film : 5/6

merci Jipi ! tu es bien gentil de m'évoquer La ligne rouge pour moi, ç'a été le début de la fin avec Malick ! totalement à côté de la plaque pour qui a lu le roman de Norman Mailer si je ne déconne pas !… mais merci pour tes encouragements !…


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