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Sujet : Le film réussi d'une actrice condamnable

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De RdT, le 18 mars 2006 à 00:38
Note du film : 5/6

Au moment où l'hiver touche à sa fin, il est encore temps d'évoquer ce magnifique Die Weiße Hölle vom Piz Palü. Un des plus beaux exploits cinématographiques qui soit. Gustav Diessl, Leni Riefenstahl Ernst Petersen n'étaient pas doublés par des cascadeurs. C'est eux qui font du ski, de l'escalade, c'est eux qui font leurs chutes. Arnold Fanck avait puisé son inspiration d'un fait divers de quelques lignes dans un journal : le récit de sept alpinistes qui s'étaient retrouvé bloqué dans la montagne. Ce qui donne ce récit : Johannes Krafft perd sa fiancée dans une crevasse lors de l'ascension du Pic Palu.Ce qui nous vaut une scène d'une belle intensité dramatique. Assis à côté de la faille où est tombée Maria Krafft, Johannès sous état de choc, est comme traumatisé d'entendre les gouttes d'une stalactite, tomber dans le silence. Cette séquence est un modèle pour qui veut faire une scène à grande intensité dramatique avec un nombre minimal d'éléments : des gouttes qui tombe d'une stalactite gelée, et la physionomie de Gustav Diessl. La goutte d'eau tombant de la stalactite est d'ailleurs réutilisé comme un leit motiv pour réévoquer la scène du drame initial au spectateur. Johannès Krafft retrouve alors Maria Maioni Leni Riefenstahl et Hans Brandt (Ernst Petersen) deux fiancés qui veulent passer des instants en tête à tête dans le refuge de montagne situé sous le Pic Palu. Le couple sympathise avec le désepéré taciturne et ils décident de faire une ascension à trois de la face nord du Pic : la plus périlleuse… Un magnifique film et à le voir, on regrette que Leni Riefenstahl se soit engagée du mauvais côté de l'histoire, car c'était une bonne actrice. En voyant la beauté de ces images et la virtuosité de ces acteurs sportifs, on a aussi à l'esprit qu'il faut se méfier de cette beauté là (et que l'action et l'engagement politique de Leni Riefenstahl doivent être clairement condamnés). Le film avait été coréalisé par Pabst, c'est l'un de ses premiers, et non un des moindres.


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De Impétueux, le 20 mars 2006 à 18:07

Je ne vous chipoterai pas sur le jugement que vous portez sur ce film (que je n'ai jamais vu et que j'ai fort peu de chances de jamais voir), mais sur l'intitulé même de votre message "une actrice condamnable" !

En quoi le fait que Leni Riefenstahl ait – à juste titre ou non – été considérée comme l'égérie du nazisme entraine-t-il votre réaction ?

Si, vous livrant à la critique de Les Dieux du Stade, son film le plus connu, relation des Jeux Olympiques de Berlin en 1936, vous aviez crié votre aversion de cette mise en scène de la force virile, des muscles et de la qualité esthétique d'un film de propagande, je vous aurais renvoyé à plusieurs débats qui ont eu lieu ici : est-ce que, vous aurais-je demandé, vous allez mettre au pilon Le cuirassé Potemkine d'Eisenstein, splendide joyau de défense et d'illustration du lénino-stalinisme, ou La Vie est à nous réalisée par Jean Renoir sur une commande du Parti Communiste (et le vrai ! Celui de Thorez et de Duclos !!) que je ne me lasse pas non plus de regarder ou encore sur les brûlots gauchistes de Marin Karmitz ?

Quelle absurdité, n'est-ce-pas ? C'est une œuvre d'art, ce sont des œuvres d'art, et, à mes yeux, peu importe que ce soit réalisé pour Jean, Paul, Pierre ou Jacques…

De la même façon, si je vois un grand acteur, je ne me demande pas s'il est vertueux, sobre, généreux !!

Je suis persuadé que parmi tous les acteurs, réalisateurs, décorateurs, musiciens que nous aimons, qui ont fait et font le cinéma que nous aimons, il y a des sombres fripouilles, des salopards qui ont conspiré pour avoir leur rôle, des voleurs, des sadiques, des pédophiles, aussi sûrement. Si on vous apprenait ça de.. je ne sais pas, moi… Raimu, ou Romy Schneider, est-ce que ça vous empêcherait d'aimer La femme du boulanger ou César et Rosalie ? Non, j'espère….Parce que, sinon, il va vous falloir lire toutes les gazettes nauséabondes qui explorent, révèlent, dénoncent toute la petite – ou grande ! – boue des secrets intimes de chacun.

Mais dans le cas de ce film de Riefenstahl antérieur au nazisme, vous lâchez votre coup de pied de l'âne sur quelqu'un qui n'a ENCORE rien fait ?

C'est comme si, parlant des Disparus de Saint-Agil, de L'assassinat du Père Noël ou de Goupi mains rouges (ou de Quai des brumes, pendant qu'on y est), je lançais du venin sur Robert Le Vigan qui, pourtant a fui pitoyablement ensuite dans les fourgons de l'ennemi jusqu'à Sigmaringen !

Zut, alors !


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De RdT, le 20 mars 2006 à 18:26
Note du film : 5/6

Je maintiens mon titre. Ce Die Weiße Hölle vom Piz Palü est un grand film. Les comédiens (et Leni Riefenstahl, en particulier) sont excellents et fort impressionnants. Mais raison de plus pour rappeler que Leni Riefenstahl est condamnable. Elle l'est d'autant plus qu'elle avait du talent. En voyant ce film qui exalte la nature et la beauté des corps sportifs on ne peut que frémir en pensant que ces références là ont ensuite été mises au service de la barbarie la plus immonde, la plus féroce la plus condamnable qui soit. C'est quelque chose qu'on ne doit jamais oublier. Et à ce sujet je vous invite à vous pencher sur le Neuvième cercle avec Beba Loncar.


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De Impétueux, le 20 mars 2006 à 19:24

Quelle déception !

J'attendais un peu plus et mieux de vous que la perpétuation de l'assertion "Elle a pas été gentille après " !

C'est à se demander si vous m'avez lu.

Ou si, m'ayant lu, vous m'avez compris.

Ou si vous avez un minimum d'honnêteté intellectuelle !


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De vincentp, le 20 mars 2006 à 21:49
Note du film : 5/6

Allons donc, Papa !

Pas de dispute ! Un bon verre de cognac avec RdT dissipera ces malentendus.


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De RdT, le 21 mars 2006 à 01:02
Note du film : 5/6

Je vous ai lu. Est ce que je vous ai parfaitement compris, c'est une autre question. Vous écrivez :

«En quoi le fait que Leni Riefenstahl ait – à juste titre ou non – été considérée comme l'égérie du nazisme entraine-t-il votre réaction ?»

C'est précisément le fait que Leni Riefenstahl ait été l'égérie du nazisme qui me contraint à annoncer qu'elle est une actrice condamnable. Elle est condamnable pour cela. Elle a d'ailleurs admis; elle même, qu'elle était allée trop loin. J'ai écrit que je l'avais trouvée bonne actrice, mais en l'écrivant je ne peux quand même pas méconnaître qu'elle a été avec Les dieux du stade la cinéaste officielle du III Reich, et cette chose est révoltante. De la même manière qu'est révoltante l'antisémitisme de Louis-Ferdinand Céline. Et même si je lis avec plaisir «Le voyage au bout de la nuit», ou «Mort à crédit» (La prose Célinienne est admirable) je ne lui pardonnerai jamais d'avoir écrit «Bagatelle pour un massacre». Pour Le Vigan (qui est d'ailleurs présent dans «Nord» de Céline) si j'avais à lui lancer des louanges (ce que je ne ferais pas), j'ajouterais aussitôt que je ne peux admettre son racisme. Mais je suis sûr qu'un bon verre de Cognac, avec Vincentp autour de Passe-muraille pourra apaiser notre petit débat.


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De Impétueux, le 21 mars 2006 à 10:06

Le cognac n'y changera rien !

Comment peut-on porter des jugements artistiques sur des attitudes personnelles ?

Que Louis Aragon ait écrit des pages démentielles d'adulation et de veulerie sur Staline ne m'empêchera jamais de considérer que c'est un des plus grands écrivains du siècle ! Et que Simone Signoret, Yves Montand, Gérard Philippe, Roger Pigaut et bien d'autres aient été eux aussi des sectateurs du Petit Père des peuples ne retire pas un iota d'admiration pour leur talent.

Vous confondez deux notions qui n'ont rien à voir.


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De RdT, le 21 mars 2006 à 17:15
Note du film : 5/6

Attention Impétueux, n'oubliez pas que vous êtes ici sur la pente glissante de Die Weiße Hölle vom Piz Palü


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De vincentp, le 30 mars 2022 à 22:24
Note du film : 5/6

5,4/6. Excellent film en effet : beauté exceptionnelle des images, mise en scène soignée, comme le souligne Rdt. Ce Piz Palu est un très beau film de répertoire, restauré en blu-ray avec de gros moyens…Comment était-il possible de faire de l'alpinisme en 1929 sans gants ni lunettes de soleil ? Un aspect bien développé de ce récit est le point de rencontre entre la civilisation et la nature belle mais sauvage et dangereuse. Mieux vaut rester au chaud dans le refuge de montagne que de tenter de gravir la face nord.


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