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Forum : Bob le flambeur

Sujet : Du crépuscule à l'aube


De lych666, le 24 février 2006 à 13:22
Note du film : 5/6

On se rend compte également de l'influence de Melville sur des réalisateurs Américains tels que Tarantino où encore Soderbergh (notamment Ocean's eleven). Melville prend son temps à décrire le caractère de ses personnages et l'histoire passe alors au second plan. Bob le flambeur fait partie de ce genre de films que l'on peut regarder plusieur fois en savourant la répartie des personnages plus qu'en s'attardant sur l'intrigue. On aime revoir les acteurs dialoguer et évoluer dans des endroits filmés de façon esthétique et confortable.


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De Impétueux, le 24 février 2006 à 15:02
Note du film : 4/6

Ce qui est très frappant dans ce film, c'est le mélange parfaitement maîtrisé et séduisant d'un naturalisme, d'un réalisme qui donne quelquefois l'impression qu'on assiste à un reportage sur le Pigalle des années Cinquante, et d'une intrigue enrichie de tous les poncifs romanesques possibles et imaginables sur la pègre : addiction au jeu, amitiés viriles entre truands, mollesse véreuse de la petite garce, relation père/fils de l'ancien et du jeune marlou, relations bizarres entre le policier et ses proies, trahison et duplicité du salopard, etc.

J'imagine assez que Melville s'est pris au jeu en réalisant cette sorte d'exercice de style, efficace et chatoyant.

On peut aussi très bien comprendre que la Nouvelle Vague ait été intéressée par ce film, y compris par le jeu et le ton volontairement (?) décalés, voire faux des principaux protagonistes…


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De RdT, le 24 février 2006 à 20:17
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Bob le flambeur de Melville fait partie de mes références. Peu de commentaire à ajouter, si ce n'est l'impression qu'il m'a donné, en le revoyant récemment, d'être déjà la «nouvelle vague». Si tant est que ces étiquettes ont vraiment une signification. Les œuvres réussies débordent les étiquetages sous lesquelles on veut les ranger. Oui, Melville a bien fait œuvre de pionnier, et il n'est pas étonnant que Godard se soit souvenu de lui dans A bout de souffle. On aimerait voir plus de cinéastes avoir aujourd'hui la même audace. C'est vrai qu'on peut sentir une parenté avec Tarantino. Mais ce que ce qui fait réellement la force de Tarantino n'est ce pas, précisément, de dépasser cette influence?


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De vincentp, le 26 août 2006 à 20:01
Note du film : 6/6

Une grande réussite avec ses plans courts, ses cadrages sophistiqués, ses séquences elliptiques, et son ton résolument moderne (les personnages ont une psychologie bien définie, légèrement décallée par rapport aux conventions). Un classique parmi les classiques, en avance sur son époque, bien qu'il présente de nombreuses ressemblances avec touchez pas au Grisbi, sorti peu avant.


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De RdT, le 26 août 2006 à 23:10
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Oui il y a des points commun avec Touchez pas au Grisbi, mais avec des ingrédients supplémentaires qui traduisent une virtuosité hors pair de la part du réalisateur.


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De Xaintrailles, le 13 septembre 2007 à 15:25
Note du film : 5/6

C'est le seul film de Jean Pierre Melville qui se termine bien. Et le plus fort, c'est que cette fin quasi optimiste (puisque Bob ne récoltera que cinq ans et qu'il retrouvera son magot gagné tout ce qu'il y a de plus légalement à la sortie) ne tombe pas du tout comme des cheveux sur la soupe, comme c'est le cas pour beaucoup de happy ends, mais que c'est, au contraire, la conclusion la plus logique pour le flambeur invétéré qu'est Bob puisqu'il n'est lui-même "comme sa mère l'a fait" au point d'en oublier ses complices et le casse auquel il participe que quand il se met à jouer.


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De Impétueux, le 30 novembre 2012 à 14:26
Note du film : 4/6

Philippe Labro, dans l'intéressant supplément du DVD, dit excellemment que Bob le flambeur n'est pas, contrairement à ce qui a été abusivement dit, un chef-d'œuvre, mais un film plein de poésie et de charme. Je trouve qu'il a bien raison.

L'intrigue, si on veut absolument qu'il y en ait une, est plutôt pâlotte et sans grand intérêt. D'ailleurs Melville s'en débarrasse comme il peut dans une conclusion invraisemblable et bâclée : le casse du casino de Deauville n'a rien à voir avec celui de Du rififi chez les hommes de Jules Dassin ou de Mélodie en sous-sol d'Henri Verneuil (pour n'évoquer que des exemples français contemporains) ; il n'est qu'à peine représenté dans sa préparation, et il tourne court si vite dans sa réalisation qu'on n'a pas le temps d'y entrer.

Roger Duchesne, dont j'apprends donc qu'il a fricoté avec l'Occupant entre 40 et 44 (et, de fait, la liste de ses tournages à cette époque est impressionnante) et qui fut un des amants de Viviane Romance, est catastrophiquement mauvais : ton faux, jeu décalé, quelquefois même allure hors de propos. C'est dommage, parce qu'il a une belle gueule fatiguée de truand revenu de tout.

Les dialogues, d'Auguste Le Breton, n'ont pas non plus beaucoup de qualité. Il sera beaucoup pardonné à ce transfuge de la Haute pègre pour avoir importé sur nos écrans des titres aussi magnifiques que Du rififi chez les hommes précisément ou que Razzia sur la chnouf (sans compter Le clan des Siciliens) ; mais le dialoguiste n'atteint pas les sommets du romancier.

Qu'est-ce qui reste, alors dans Bob le flambeur ? Beaucoup de choses tout de même : à part le sale marlou Marc (Gérard Buhr), tous les seconds rôles sont excellents, en premier lieu Roger, le vieux pote fidèle de Bob, l'ouvreur de coffres-forts (André Garet), le commissaire de police brave type ( Guy Decomble) et l'encore bien belle Yvonne, patronne du bistrot de Pigalle (Simone Paris, qui fut une des maîtresses de Sacha Guitry). Une note spéciale pour la très jeune Isabelle Corey, qui avait 17 ans au moment du tournage et qui joue avec une impudeur impressionnante et un aplomb total le rôle d'Anna, gamine indifférente, lointaine, absente : parfaite.

Puis la musique, écrite principalement par Eddie Barclay, qui n'était donc pas seulement l'homme qui collectionnait les mariages et les fêtes tropéziennes en blanc ; c'est un jazz las, fatigué, tel qu'on peut le jouer et l'entendre à la fin d'une nuit passée à traîner dans les bars. Et c'est d'ailleurs ainsi que commence le film : ces images d'aube sur Montmartre, sur le désert de Pigalle où passent en frissonnant, au milieu des arroseuses municipales, les travailleurs du petit matin et les fêtards de la nuit…

Melville, qui était l'un d'entre eux, filme, quatre ans avant Deux hommes dans Manhattan, qui est le pendant new-yorkais de l'errance nocturne parisienne de Bob les pavés mouillés, les éclairages livides, les néons aveuglants, la médiocrité, finalement, d'un monde qui semble clinquant et qui n'est que miteux. Pigalle y apparaît dans sa vulgarité infinie. (ah ! l'invite racoleuse sur la façade d'une des boîtes : Les nus les plus osés du monde) ; le malheur est qu'elle semble éternelle.


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De Tamatoa, le 30 novembre 2012 à 17:25
Note du film : 4/6

..la médiocrité, finalement, d'un monde qui semble clinquant et qui n'est que miteux. En êtes vous si sûr ?

Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles
A certaines heures pâles de la nuit
Près d'une machine à sous, avec des problèmes d'hommes simplement
Des problèmes de mélancolie
Alors, on boit un verre, en regardant loin derrière la glace du comptoir
Et l'on se dit qu'il est bien tard..qu'il est bien tard..

Nous avons eu nos nuits comme ça moi et moi
Accoudés à ce bar devant la bière allemande
Quand je nous y revois des fois je me demande
Si les copains de ces temps-là vivaient parfois…

Si les copains cassaient leur âme à tant presser
Le citron de la nuit dans les brumes Pernod
Si les filles prenaient le temps de dire un mot
A cette nuit qui les tenait, qui les berçait…

Le cercle rouge, Un flic, Le samourai,Le deuxième souffle Et si j'osais, j' y ajouterai même Le Le silence de la mer. Melville le savait ! Et il ne nous a jamais raconté que celà..


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De Impétueux, le 30 novembre 2012 à 18:25
Note du film : 4/6

Je ne connais pas trop bien et n'aime pas beaucoup Léo Ferré, Tamatoa (bien qu'il ait écrit un très beau Paname, que je préfère chanté par d'autres que lui…)

Je parlais moins du monde de la nuit que de la pègre… il est vrai qu'il y a tant d'interférences…


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De Tamatoa, le 7 juillet 2014 à 20:32
Note du film : 4/6

J'ai revu, hier au soir au cinéma de minuit, ce Bob le flambeur. Je suis mille fois d'accord avec toutes les excellentes critiques présentes sur ce fil. Rien à dire. Sauf une chose, peut-être essentielle à mes yeux et que personne ne relève : Ce Roger Duchesne est une caricature de truand et joue comme un cochon ! Cet espèce de Riquet à la houpe est franchement mauvais et ca nuit considérablement au film. La placidité d'un Ventura, (je pense au Deuxième souffle) ou d'un Jean Servais (je pense à Du rififi chez les hommes de Jules Dassin ) aurait bien plus anobli ce film que la mauvaise contrefaçon qui nous est offerte. Troublant, d'ailleurs, de la part de Melville que d'avoir choisi ce comédien qui surjoue alors qu'il devrait être tout en retenue..

Ah ! pardon : 20h 43 ..Notre ami Impétueux avait relevé l'horrible anomalie ! Je viens de m'en rendre compte et de ce fait, suis rassuré sur mon jugement.


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