Forum - Jeremiah Johnson - L'homme des montagnes
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Forum : Jeremiah Johnson

Sujet : L'homme des montagnes


De Gaulhenrix, le 4 juillet 2003 à 19:37
Note du film : 5/6

Il faut éditer ce film en zone 2 car il est l'une des meilleures réalisations de Sydney Pollack.

S'inspirant d'une histoire vraie (vers 1800, un trappeur, qui a épousé une Indienne, poursuit la tribu responsable de sa mort, devenant un véritable mythe chez les Crows), il traduit les idées de son époque (la recherche de l'Eden par Jeremiah Johnson fait écho au mouvement hippie) et propose une leçon d'humanité à travers ce retour à la Nature. Ce film est d'ailleurs à rapprocher de "Délivrance" de Boorman (les deux films s'ouvrent sur un même plan de rivière et développent une thématique assez proche). Mais Pollack ajoute une critique de l'histoire américaine (défricher un espace inconnu en lui imprimant ses marques culturelle et économique) : Jeremiah Johson finit, en effet, par renoncer à sa culture "blanche" et comprend que son projet passe par l'acceptation d'autrui et l'égalité des cultures (comme le montre le salut final "respectueux" entre l'Indien et lui-même).

On notera, d'ailleurs, que Pollack commence par filmer son personnage de loin ; puis le montre au plus près dès qu'il perd de sa superbe face aux difficultés d'adaptation, avant de le filmer en gros plan lorsqu'il s'humanise – et qu'il se rapproche donc de l'image idéale. Un excellent "western" (décors, récit, acteurs) qui pousse à la réflexion.


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De adonhiram, le 27 octobre 2004 à 11:00
Note du film : 6/6

Indispensable dans une DVDthèque digne de ce nom.


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De jpl, le 2 mai 2005 à 16:46
Note du film : 6/6

Après ce qu'en dit ci-dessous "Gaulhenrix", je n'ai pas grand chose à ajouter,

sinon que ce film a accompagné mentalement toute ma vie depuis sa sortie en 1973,

qu'il est un peu au cinéma ce qu'est "la Quête" de Brel à la chanson…

Une réédition en DVD lisible en Europe me paraît un "Must".


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De jipi, le 4 janvier 2007 à 11:04
Note du film : 6/6

« Ce que tu as appris en bas ne te servira à rien par ici ».

Les premiers pas de pèlerin en pleine nature malgré un choix délibéré sont laborieux, l'accueil est glacial, les premières pèches médiocres, le mépris du regard indien devant tant de maladresses est une condition impérative à s'améliorer afin d'être accepté.

Une offrande congelée tombée du ciel assure gibier et pitence, un grizzly est livré à domicile, des indiens font le signe de croix et parlent la langue de Molière devant un crucifix anachronique.

Un assistanat improvisée projette ce nouveau venu dans une vigueur protectrice, la veuve et l'orphelin sont un concept universel, pour en assurer la survie il faut être conditionné physiquement avoir la parole brève tout en veillant sur son cuir chevelu susceptible d'être scalpé à chaque instant.

Les rencontres fonctionnent par cycles. « Toujours en vie ? » sont les premiers mots d'une retrouvaille. Les propos délivrés à cheval face à l'horizon sont somptueusement improvisés par la transcendance.

C'est presque un miracle de survivre dans une telle fragilité extrême d'acquis menacés, les profanations de cimetières de corbeaux se paient cher et en temps réel, les loups affamés surgissent de nulle part et entaillent les chairs, pour s'en sortir il faut renvoyer la force à la force par un cri à l'image d'un fauve aux dents acérés.

« Jeremiah Johnson » est l'initiation d'un parcours de comportements dictés par des lois naturelles, il faut chasser, pactiser avec un maître expérimenté des lieux assurer sa pitence, se chauffer et surtout ne pas mourir.

La violence urbaine est échangée contre une violence naturelle instinctive régit par la faim, Pelerin envahit par la majesté des montagnes rocheuses ne peut hélas se contenter de cette seule image, il faut gérer la soudaineté des évènements en s'adaptant à une nature imprévisible.

En ces débuts d'années soixante dix le courant écolo donne un second souffle au mouvement hippy, communier avec la nature en acceptant sa puissance et sa dépendance est un courant attirant bypassant une vie terne programmée en usine ou en Z.U.P. Les extases et les devoirs font leurs bagages en s'exécutant sous les boisages et sur les cours d'eaux.

Rien n'est offert, tout se gagne, on obtient ce que l'on convoite par l'expérience acquise en solitaire et en mouvement constant, il est impossible de se poser sur une faune rythmée par une réaction intuitive liée aux saisons.

Pelerin tout en restant homme devient un jaguar migrant à l'œil perçant.

        

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De paul_mtl, le 4 janvier 2007 à 12:08
Note du film : 6/6

Jeremiah est un pelerin
qui tout en demeurant humain
devient un jaguar solitaire
en fuyant la vie militaire.

8-)


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De jipi, le 4 janvier 2007 à 12:54
Note du film : 6/6

Bravo Paul, c'est sympa ton texte.


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De paul_mtl, le 4 janvier 2007 à 12:59
Note du film : 6/6

Merci Jipi, c'est un vers de huit syllabes (octosyllabe).


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De jipi, le 4 janvier 2007 à 13:11
Note du film : 6/6

A 58 piges,je n'avais encore jamais vu cette bombe écolo pourtant porteuse d'état d'esprit de mes vingt ans (En 1971 j'en avais 23). Je suis resté suffoqué devant de telles images. Le concept est-il à relancer de nos jours malgré ses dangers?


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De paul_mtl, le 4 janvier 2007 à 13:28
Note du film : 6/6

L'idée de fuir en 1972 la vie militaire durant la guerre du Vietnam n'est plus autant d'actualité pour les americains avec la guerre d'Irak puisqu'il s'agit d'une armée de métiers. Reste qu'il peut y avoir aussi des déserteurs comme l'était Jeremiah. Le documentaire Sir! No Sir! (2005) parle de 500.000 déserteurs pour le Vietnam (A verifier).

Concernant l'aspect naturaliste ou écolo, il y a eu d'autres films depuis. par ex. Le Dernier trappeur me vient à l'esprit.


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De jipi, le 4 janvier 2007 à 13:42
Note du film : 6/6

Paul il y a aussi "Le convoi sauvage" de Richard C Sarafian (1971) avec Richard Harris qui m'avait à l'époque très impressionné.


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De droudrou, le 4 janvier 2007 à 17:27

c'est un vers de huit syllabes

Là aussi, Paul MTL il y a 8 syllabes ! Décidément, que ne voit-on et que n'écrit-on sur DVDToile ?

Jipi : assied-toi et cale toi bien dans ton fauteuil : à 63 ans, je n'ai toujours pas vu Jeremiah Johnson…


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De Lux, le 22 janvier 2007 à 01:11

Cher ami, il va falloir rattraper cette erreur au plus vite (il n'est jamais trop tard pour bien faire) : ce film, m'a moi aussi marqué à jamais. Comme on ne peut pas dire mieux que la première critique publiée, vraiment très juste, j'ajouterais juste que je ne vois l'équivalent que dans la littérature, chez James Welsh ou Jim Harrison. Grandiose, tout simplement.


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De vincentp, le 3 mai 2019 à 20:05
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu en blu-ray avec un avis revu à la hausse. Evidemment, la haute définition met en valeur la photographie splendide des montagnes rocheuses de l'Utah. Mais Jeremiah Johnson date de 1972 et pourrait être marqué par le temps. Ce n'est pas le cas. Il s'agit d'une histoire de quête de soi dans un contexte hostile qui fait penser à Duel dans le pacifique ou Delivrance. Un certain mystère guide les pas du héros, et du spectateur, qui dispose de différentes lectures possibles du récit. Outre un scénario solide, la mise en scène de Pollack est celle d'un cinéaste chevronné : dynamisme, tension dramatique, tout au long de deux heures, sans une scène ratée. Globalement, une très belle redécouverte.


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