Totalement novateur pour l'époque et incroyablement d'actualité par ses thèmes abordés, ce film est desservi par son coté très kitsch par sa forme (montage, costumes et musique) qui n'a malheureusement pas bien passé le nombre des années.
Par contre le scénario tient lui toujours diablement la route : dans un futur proche afin de canaliser les pensées morbides de certains, il est créé un jeu mondial où un chasseur doit tuer une proie humaine par tous les moyens qui lui sembleront bons. A partir de ce concept il nous est servi un pamphlet diablement caustique sur la télé réalité, la religion, la pub, le mariage etc.
Longtemps le seul film d'Elio Petri disponible sur DVD en France, cette Dixième victime, film d'anticipation qui n'est pas le meilleur de son réalisateur, est devenue une rareté dans les bacs.
Au point qu'un petit malin le propose sur le site de la FNAC (généreusement ouvert aux offres privées) pour la modique somme de… 394 euros !
Une petite réédition s'impose…
Avec une générosité pas croyable, le zigue qui offrait privément sur le site de la FNAC cet étrange film de SF d'Elio Petri – sur le sujet du "jeu-de-guerre-futuriste-qui-sert-à-contrôler-la-population", thème classique de l'anticipation dystopique traité aussi dans Les Gladiateurs, Rollerball, Quintet et Le Prix du danger notamment – avec une générosité pas croyable, dis-je, le zigue a baissé son prix: il ne nous offre plus le DVD de La Dixième victime à 394, mais à seulement… 377 euros !
Trève de plaisanterie: éditeurs et rééditeurs, nous avons besoin de vous ! (Même si d'autres Petri inédits sur DVD restent prioritaires, comme À chacun son dû et Les Jours comptés).
Le début s'avère séduisant grâce à son côté pop-art kitsch, sa trame de polar futuriste et Ursula Andress dans un bikini qui s'avère mortel pour ses adversaires. Cette idée a été reprise par la suite, notamment dans Austin Powers.
Mais la suite s'annonce franchement mollassonne. Le film est adapté d'une nouvelle de Robert Sheckley, comme Le prix du danger de Boisset : ce dernier film n'était pas aussi bien réalisé que La dixième victime mais la dénonciation des médias, aussi appuyée fût-elle, donnait de la saveur et le tout était très rythmé. Tandis que La dixième victime est languissant, choisissant de traiter cette histoire comme une comédie sentimentale sans intérêt. Quand le suspense revient, dans les dernières minutes du film, il est déjà trop tard.
La plus belle surprise du film, c'est finalement Ursula Andress qui JOUE bien, bénéficiant il est vrai d'un rôle plus important qu'à l'accoutumée.
On est très loin de la qualité de Les jours comptés ou de A chacun son dû. Il y avait certainement d'autres films italiens des années 60 à rééditer avant celui-ci.
«Il y avait certainement d'autres films italiens des années 60 à rééditer avant celui-ci.»
Et plus étroitement, d'autres Petri avant celui-ci, en particulier les deux que vous citez. Pour le cinéma italien sur DVD, c'est toujours la même histoire. De très bons films finissent par sortir, des miracles se produisent, mais on a l'impression que c'est le hasard qui a fait les choses, que les diffuseurs ne connaissent pas ça et sortent les films qui leur tombent sous la main. C'est vrai même chez M6 et la collection "Maîtres italiens": inestimable mais avec des choix qui semblent arbitraires, par exemple Le Chant de la vie, pourquoi diable cette platitude alors que des bons films méconnus, ou négligés, cette période "héroïque" en recèle plus d'un! (D'ailleurs bonne nouvelle: Le Bandit, un Lattuada de 1946, va sortir bientôt). L'histoire de la défunte collection "comédie italienne" en fut aussi un bon exemple : ils ne savaient pas lesquelles étaient les bonnes (alors que si un domaine exige que l'on soit sélectif c'est bien la comédie, comme ses artisans eux-mêmes se sont usé la salive à nous le dire), alors ils éditaient les bonnes et les mauvaises indifféremment, dans un tas ; et du coup, la collection a coulé. L'ignorance n'est jamais une bonne idée.
On ne peut pas dire qu'Élio Petri ait mégoté sur la distribution : en 1965, Marcello Mastroianni est au faîte de sa notoriété et Ursula Andress n'a pas encore disparu de l'imaginaire fantasmatique occidental depuis qu'elle est apparue, Vénus sortant de l'onde, dans James Bond contre Dr. No. Et, en guest-star (parce qu'on la voit vraiment trop peu), il y a la délicieuse Elsa Martinelli. Les moyens n'ont pas manqué, il y a d'agréables vues de la Ville éternelle et quelques carrosseries de voitures qui doivent faire rêver les amateurs.
Ajoutons que le film est presque un recueil ethnographique et esthétique sur la période, que les costumes souvent noirs et blancs des jeunes femmes (à l'exception de ceux d'Ursula Andress, qui se singularise) paraissent inspirés de ceux d'André Courrèges, que la musique, les décors op-art sont bien amusants.Mais là, on a fait à peu près le tour des qualités d'un film qui, les dix allègres premières minutes passées, s'étouffe et s'encalmine irrémédiablement, sans doute parce qu'il n'ose pas franchement appuyer là où ça fait mal.
Quand Jean Giono écrit (dans Deux cavaliers de l'orage), il n’hésite pas : Il faudrait avoir un homme qui saigne et le montrer dans les foires. Le sang est le plus beau théâtre. Tu ferais payer, ils emprunteraient pour y venir. Le dégoût ? non, il n'y a pas de dégoût; oui, au moment où ça commence à couler, mais, qu'est-ce que c'est ? C'est parce qu'on voit cette vie qui s'échappe dans la campagne et qui va faire la folle de tous les côtés. Ça, c'est une histoire !.Je suis surpris qu'un réalisateur italien se soit aussi fort limité à une vague histoire de science-fiction burlesque qui, dans son dernier quart devient absolument risible et même ridicule et presque parodique.
J'ignorais complètement l'existence de ce film ! Le prix du danger était une excellente caricature, un pamphlet plein de dérision avec des personnages de salauds comme seul Boisset savait les esquisser ! A voir surtout pour la prestation de Cremer en PDG genre Patrick le Lay ou Piccoli en réplique sournoise et hypocrite de Guy Lux… Guy Lux que le film scandalisa profondément !
Hélas, après les Américains reprirent une fois de plus le même concept pour un effroyable Running Man.
Vraiment pas le meilleur film de son brillant mais inégal réalisateur. Je vous conseille plutôt son grand classique, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon.
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