…les Québécoises Karen Young et Louise Portal, accompagnent la grande Charlotte Rampling dans ce voyage vers le sud ? Wow ! Méchant casting ! J'ai hâte d'y jeter un oeil… Pour Portal, aucun souci – elle est très bonne, comme le savent ceux qui l'ont vue dans le Déclin et les Invasions. Mais Mme Young est d'abord une chanteuse (jazz, blues et soul dans les deux langues officielles). Elle a une sacrée présence, c'est vrai, mais je ne la savais pas comédienne… Enfin, nous verrons.

Bon ! Ayant reçu dans les côtes un dur coup de coude de ma blonde – grande fan de Karen Young – je me corrige, contrit, pour rappeler que cette femme orchestre admirable, à la voix d'or, etc, etc, n'en est pas à ses premières armes comme comédienne. Par exemple elle tient un rôle dans Maria's Lovers. Mea culpa… aïe !

Un bien vilain mille feuilles. Une première couche superficielle avec de belles quadra/quinqua qui vont chercher à Haïti ce que des hommes vont chercher en Thaïlande : de l'amour facile et bon marché. La couche du dessous, un pays qui devrait être bien beau et qui ne l'est pas avec une pauvreté la plus extrême en parallèle de la vie sans problème des touristes. Et entre les deux, souvent suggérée plus que montrée, la couche nauséabonde du régime pourri des années 70 avec sa chape de plomb, ses Tontons Macoutes, sa corruption et la peur omniprésente. Le film n'est qu'une suite de malentendus et d'ambigüités, tout le monde se trompe sur les autres et sur les évènements, et finalement chacun lutte pour sa survie, économique ou sentimentale. Même si elles viennent toutes pour la même chose, nos trois touristes campent chacune leur type : la pas compliquée, la tourmentée, la cynique, et dans ce rôle de “vieille” cynique (pardon Charlotte!), Charlotte Rampling est parfaite. Les deux autres aussi.