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Forum : Elmer Gantry, le charlatan

Sujet : Critique


De dumbledore, le 24 février 2003 à 00:00

Voilà un film courageux et étonnant. Courageux dans le sujet abordé puisque le film traite de la religion aux Etats-Unis dans sa vision la plus critique qui soit, basée sur l'argent, le racolage et la manipulation de la peur pour récupérer et faire payer de nouveaux fidèles. Etrange, car le film avance hors des sentiers battus par les films de l'époque. Le personnage interprété par un Burt Lancaster halluciné et hallucinant n'est jamais clair sur ce qu'il est, ce qu'il pense ou ressent. On ne sait jamais s'il dit la vérité ou non, s'il manipule ou non. Impossible de dire finalement s'il est la victime de l'histoire qu'il traverse ou bien le héros. On sort du film perplexe. Même le personnage incarné par Jean Simmons n'est pas évident non plus. Se croit-elle vraiment investie d'une mission ? Certes la fin va dans ce sens, mais l'a-t-elle vraiment toujours cru ?… On n'en sait rien.

Film étrange, donc, mais pas vraiment étonnant quand l'on voit que c'est Richard Brooks qui est derrière tout ça. On retrouve son goût pour le décalé et son désir de déranger le spectateur.

Au delà de l'histoire, il faut saluer la mise en scène efficace et directe de Richard Brooks avec des idées visuelles très fortes (par exemple comment Burt Lancaster tire Jean Simmons dans le noir, hors du rayonnement de la croix lumineuse). Sa direction d'acteurs est également formidable offrant un Burt Lancaster comme on ne l'a jamais vu, notamment avec des yeux rendus encore plus énormes grâce à un maquillage très appuyé. L'idée de faire jouer Burt Lancaster de manière totalement opposé à Jean Simmons rend le film encore plus complexe et paradoxal.


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De droudrou, le 19 septembre 2007 à 21:59
Note du film : 5/6

Film totalement fou avec cette présence incroyable qui émane de Burt Lancaster.

Néanmoins, DVD Toile mérite une grande engueulade dans la mesure où, toujours avec Burt Lancaster et la grande Katharine Hepburn, ne figure pas le film "Le Faiseur de Pluie" qui date de 1956.

Que ce soit "Elmer Gantry, le Charlatan" ou "Le faiseur de pluie" il y a des scènes réellement folles avec Burt Lancaster, scènes qui ne laissent rien présager de cet immense rôle qui sera le sien dans "Le Guépard".


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De DelaNuit, le 20 septembre 2007 à 00:00
Note du film : 5/6

Un film très original, à la fois réussi en terme de réalisation et de réflexion. Evidemment, cela n'étonne guère de la part de Richard Brooks, réalisateur de La chatte sur un toît brûlant, Lord Jim, Les frères Karamazov, Les professionnels

Et s'attaquer au "bizness" et à l'hypocrisie de la religion aux Etats-Unis, quel courage !

Qui oserait aujourd'hui réaliser un tel film là bas, quand le président américain affirme son fondamentalisme religieux, clame sa foi en un dieu qui l'a guéri de l'alcoolisme (lors d'une séance tapageuse menée tambour battant par un prédicateur dans le style d'Elmer Gantry ?), et parle de "croisades" au sujet de la guerre en Irak…

La dernière réplique du film ("on se reverra en Enfer", ou quelque chose du même goût) avec quand même été coupée à l'époque. Je ne sais plus si elle a été remise dans la version actuelle du film.

A noter aussi que ce film nous permet d'entendre Burt Lancaster chanter de sa belle vix grave un "spiritual" intitulé : "I'm on my way"…


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De droudrou, le 20 septembre 2007 à 07:48
Note du film : 5/6

lors d'une séance tapageuse menée tambour battant par un prédicateur…

Tu ne saurais employer de meilleurs termes, Laurent ! C'est hallucinant ! C'est à voir ! Et c'est aussi le reflet d'un pays dans tout ce qu'il a pu et peut avoir de plus bête certains moments dans l'expression de sa religiosité.

Je reviens sur Le faiseur de pluie, film où il est question, là encore, d'un charlatan qui va de campagne en campagne pour vendre ses "services" et, par temps de sêcheresse, faire tomber la pluie par les moyens les plus burlesques que l'on peut imaginer. Bien évidemment, le faiseur de pluie c'est Burt Lancaster et qui atterrit dans un pays où une "vieille fille" pas très jolie est à marier Katharine Hepburn et il y a une scène superbe où Lancaster fait dire à Hepburn qu'elle est belle ! – Bien évidemment, le "faiseur de pluie" est chassé du secteur où il a offert ses services et, alors qu'il s'éloigne, le ciel se couvre, le tonnerre commence à gronder et les premières gouttes de pluie tombent – L'homme revient sur "ses pas" et se fait payer le fruit de ses services ! – C'est un film tout aussi fou que Elmer Gantry, le charlatan

Je ne sais plus s'il a inspiré René Goscinny pour une histoire de Lucky Luke…


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De vincentp, le 7 novembre 2009 à 23:04
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Des dialogues abondants… Il faut être attentif pour ne pas se laisser décramponner par le récit, qui file à toute vapeur. Plus que le procès des méthodes des évangélistes, peut-être une analyse de l'arrivisme, de ses causes, effets et conséquences. Peut-être aussi une mise en lumière assez subtile des mécanismes de manipulation mentale sur lesquels repose le cinéma hollywoodien.


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De vincentp, le 1er janvier 2010 à 23:13
Note du film : Chef-d'Oeuvre

J'ai changé complètement d'avis deux mois après avoir regardé simplement la première heure du film (l'ayant alors noté cinq sur six, mais le système de notation n'affiche qu'une note par rédacteur)… Mauvaise idée que de s'arrêter en cours de route, et de produire un jugement ! Je me repens !

Elmer Gantry aborde bien sûr un nombre très important de thèmes : la foi religieuse (et ses dérivés), la conscience individuelle et collective, les fondements de la démocratie, le rôle de la presse, les lois du monde des affaires, les rapports sociaux, mais aussi les sentiments et émotions… et mixe tous ces thèmes sur plus de deux heures, en les creusant superbement. C'est un film fabuleux, qui finit par impressionner, tellement il va loin dans la façon de développer des thèmes, de creuser les idées, et de décrypter dans les moindres détails des psychologies collectives, individuelles, avec une finesse et une intelligence inouïe… A vrai dire, j'ai été soufflé… Bien sûr, les prises de vue, le montage et l'interprétation (Arthur Kennedy, Burt Lancaster, Jean Simmons,…) sont également prodigieux.

Mais l'intérêt suprême de Elmer Gantry est peut-être de mêler les modes de narration classique des années cinquante avec celui des années soixante… Un passage de témoin… et la marque de l'émergence d'un cinéma moderne, avec des ellipses, des points non résolus… C'est bel et et bien la conscience, le regard subjectif du spectateur qui délivre le sens final du film, Brooks présentant les éléments d'un kaléidoscope, à multiples facettes, et interprétations… Peut-être un des piliers du cinéma actuel…

Voilà un (énorme) chef d'œuvre de plus identifié dans ces colonnes ! A étudier en tous cas de très près dans toutes les écoles de cinéma… A signaler que l'on peut trouver Elmer Gantry en vente pour très peu cher sur internet…


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