Voilà un des meilleurs James Bond de l'époque Roger Moore. L'humour cotoie l'action dans un bon dosage. Certaines scènes sont des vraies réussites, notamment la scène de poursuite en voiture avec la deux-chevaux, ou bien encore la poursuite en ski.

On regrettera toutefois le scènario qui manque un peu trop d'imagination, ainsi que le jeu de Carole Bouquet. Malgré un personnage intéressant, elle joue très" autiste", obnubilée uniquement par sa vengeance.

Donc, c'est vrai : tout un chacun regrette souvent le personnage de Bond interprété par Sean Connery qui, à cette époque, avait toute sa voix avant de subir son intervention chirurgicale. Et… disons… chacun ne serait pas tout à fait d'accord avec la vision que nous en donne Roger Moore. Eh bien, je vais surprendre quelque peu en disant qu'hier soir, j'ai regardé ce film où Carole Bouquet donne la réplique à Roger Moore… et que dans la foulée j'ai voulu revoir Opération Tonnerre et On ne vit que deux fois !

Eh bien, c'est bien Rien que pour vos yeux qui m'a plu le plus ! Et Opération Tonnerre et On ne vit que deux fois m'ont très rapidement fatigué ! Si je prends les scènes d'action de Opération Tonnerre, elles durent beaucoup trop ! Un certain moment, on sait pertinemment que les gentils vont l'emporter sur les méchants et puis, ça lasse ! De même que le prologue ! Et je ne cache pas que si on me questionne à propos de ma préférence entre Never say never again et Opération Tonnerre, je répondrai sans hésitation Never say never again ! Il y a des choses qui ne vont plus ! Et si le personnage d'Emilio Largo est fou dans l'un et méchant dans l'autre, certes, le mauvais oeil d' Adolfo Celi est le seul élément que je retiendrai. Quant aux diverses James Bond's girls, j'aurai l'impression que le temps passant elles sont devenues des desperate housewives ! Claudine Auger ne soutient pas la comparaison avec Kim Basinger et Barbara Carrera laisse très loin derrière toutes les méchantes avec lesquelles Bond a été confronté… heu… très physiquement !

Pour ce qui est des trucages de On ne vit que deux fois, ils nous apparaissent aujourd'hui techniquement bien pâles !

J'avoue que j'avais quelque peu tardé à regarder Rien que pour vos yeux ! Carole Bouquet et moi ne serions pas très copains. Néanmoins, ce que je trouve idiot c'est de voir une actrice de sa qualité dans un rôle aussi simpliste. Qu'est-elle allée faire parmi les James Bond's girls ? On peut légitimement se poser la question car son aura n'attendait certainement pas après ce genre de rôle !

Néanmoins, au niveau des "effets spéciaux" et des matériels, je les ai trouvés intéressants et suis surpris d'ailleurs du nombre de requins qui fourmillent sur cette bonne vieille Terre. La poursuite avec la 2 CV est une surprise qui m'a beaucoup amusé ! Un autre film dont l'action se passe aussi en Grêce ou en Crête et peut-être avec Roger Moore (là encore) utilise les décors naturels au mieux…

Je préciserai qu'étant un fan d'aviation (notre ami Impétueux en sait quelque chose !) j'ai beaucoup aimé cet emploi des bombardiers Vulcain qui transportent les bombes atomiques ! Mais ce que j'aime toujours autant, c'est ce volcan transformé en base "interplanétaire" que l'on reverrait avec plaisir dans un épisode des Thunderbirds auquel les matériels font penser !

Eh oui ! C'est bien tout le problème des vieux 007 : les films de Connery ont atrocement vieilli, alors que l'acteur tient parfaitement le coup, tandis que les plus récents tiennent techniquement mieux la distance, mais il faut se taper le mollusque Roger Moore…

Heureusement que Brosnan et Daniel Craig ne font pas trop pâle figure dans le rôle.

Je suis assez partagé sur cet opus, tout de même le douzième d'une série qui s'épuisait de façon évidente (avant même les désastres ultérieurs, composés avec du tout et du n'importe quoi, en tout cas jamais avec de l'authentique Ian Fleming). Partagé parce que l'histoire contée est assez attrayante, plutôt originale, les scènes de bravoure extrêmement bien ficelées, la publicité pour la robustesse de la 2CV orgueilleusement française, le retour du pré-générique sur la tombe de Teresa Bond, unique amour de Bond (et si bien interprété par Diana Rigg dans Au service secret de Sa Majesté) émouvant et Carole Bouquet bien belle.

Mais c'est tout de même une fin d'époque ; c'est la cinquième interprétation de Roger Moore, ennuyeux caramel mou, qui n'a certes jamais eu la cruauté, la férocité de Sean Connery mais gère de façon de plus en plus pépère le personnage, retirant toute crédibilité à la légende. Et puis comme Bernard Lee, qui interprétait jusque là le rôle de M, chef du MI6 et supérieur hiérarchique de Bond, est mort juste avant le tournage de Rien que pour vos yeux, il ne figure évidemment pas dans le film. Desmond Llewelyn, l'éternel Q, le Géo Trouvetout britannique, est obligé de quitter les brumes de la verte Albion pour venir aider Bond (et on imagine son frémissement d'horreur devant tous ces méridionaux qui cuisinent à l'huile d'olive). Et puis le clin d'oeil final où l'on voit Margaret Thatcher, premier ministre de Sa Majesté, en cuisine est un peu pitoyable.

Le pire est toutefois le triste spectacle donné par Lois Maxwell, immuable Monneypenny depuis 1961 et le Dr. No ; Bond n'est pas censé prendre des rides, Monneypenny non plus ; mais quoi qu'on fasse, tempus fugit ; et la jeune femme au teint frais qui n'avait que 34 ans et donnait une image de jeune bréhaigne délicieuse est désormais visiblement ménopausée et ses afféteries ne sont plus de mise. Et, naturellement, les graveleux sous-entendus anglo-saxons ; Je vous paye une glace à trois boules ? propose Bond à la jeune patineuse nymphomane Bibi (Lynn-Holly Johnson). Ouaf-ouaf !

Il y a plein de cascades assez spectaculaires en voitures, à skis, motoneiges, bobsleigh, sur un tremplin de saut. Mais finalement le spectaculaire tue le spectacle.

Heureusement il y a cette belle exploration des monastères érémitiques de Thessalie (les Météores) avec des scènes bienvenues. C'est ce dont on se souvient. Pas davantage.