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Sujet : Critique


De dumbledore

Milos Forman réussit à mener une carrière américaine de réalisateur contestataire, comme Verhoeven, Peter Weir, ou bien même Carpenter quand il réussit ses films. Adaptant la comédie musicale de Broadway au cinéma, il nous offre un spectacle haut en couleurs, de profonde révolte et de critique social. Il faudra attendre The Wall de Parker pour avoir la même énergie dévastatrice.

Ce film que l'on ne peut pas définir comme une comédie musicale mais plutôt comme un film musical comporte de grands moments, devenus des classiques, comme par exemple la danse sur les tables bourgeoises ou bien encore cette fin si terrible et sans concession.


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De DelaNuit, le 16 janvier 2016 à 13:43
Note du film : 6/6

Hair (d’après le mot anglo-saxon désignant la chevelure) est adapté d’un spectacle musical de Broadway ayant connu dès 1967 un grand succès, au point de tenir l’affiche sans interruption pendant quatre ans. Le film de Milos Forman (1979), comme le spectacle d’origine, a pour objet le mouvement hippie, qui développa dans les années 60 en réaction contre la guerre du Vietnam (1964-1975) tout une contre-culture émancipatrice en rupture avec les valeurs traditionnelles dominantes, prônant pacifisme, égalité hommes / femmes, respect de la nature, liberté sexuelle, de pensée, de choisir ou d’inventer sa religion…

Le spectacle musical fut monté en France en 1969 avec dans sa distribution le jeune Julien Clerc. Le public français fut surpris par les scènes dénudées, qui firent alors scandale, et des manifestants de l’armée du Salut allèrent jusqu’à pénétrer dans la salle pour interrompre le spectacle !

Un projet d’adaptation cinématographique fut envisagé dès la fin des années 60, mais n’aboutit finalement que dix ans plus tard. George Lucas, pressenti un temps pour la réalisation en raison de son intérêt pour la jeunesse, ses héros et ses mythes, préféra se concentrer sur un film plus personnel concernant aussi la jeunesse américaine : American Graffiti.

Lorsque le film fut tourné, la grande époque hippie était révolue. Il s’agit donc d’une reconstitution et d’un regard rétrospectif sur cette période. Le film opère d’ailleurs un certain nombre de changements scénaristiques, concernant notamment les personnages de Claude Bukowski et de Sheila Franklin. Dans le spectacle en effet, Claude faisait déjà partie de la bande de jeunes gens, alors qu’il la découvre dans le film en venant à New-York passer les tests pour intégrer l’armée avant de partir au Vietnam. Quant à Sheila, elle était une représentante du mouvement féministe et non une jeune héritière de la bourgeoisie. Grâce à ces modifications, le spectateur suit ces personnages dans leur découverte d’un monde qui leur était inconnu, et se projette d’autant mieux dans l’action.

Outre plusieurs chansons supprimées, intégrées en simple fond musical, ou changeant d’interprète, la plus importante modification concerne l’échange des situations et des destins de deux des personnages principaux à la fin du film.

La spiritualité « New Age » n’est pas oubliée. Ce courant de pensée entendait ré-enchanter le monde par un syncrétisme dépassant les dogmes particuliers des religions officielles – en intégrant notamment les philosophies orientales et les spiritualités pré-chrétiennes ou dites "primitives" – pour réveiller l’homme et lui faire prendre conscience de l’impasse des idéologies de recherche de pouvoir, de croissance industrielle et de consumérisme. La chanson d’ouverture, interprétée par une moderne prêtresse de la nature à chevelure fleurie, annonce la venue de l’ère du Verseau (en anglais « Aquarius »), de paix, fraternité et éveil spirituel. (On l'attend encore…)

Le Film fut entièrement tourné à New York, notamment dans Central Park, à Long Island, ou dans le Queens. Vingt-mille figurants furent recrutés pour la scène finale, par petites annonces dans les journaux universitaires. De vrais bouddhistes et adeptes de Krishna jouent ici ou là leur propre rôle.

Le film s’intègre à la filmographie de Milos Forman puisqu’on y retrouve son thème de prédilection : la confrontation de l’individu à la société qui veut le faire rentrer dans le rang, présent dans ses autres œuvres (Vol au-dessus d’un nid de coucous, Ragtime, Amadeus, Valmont, Larry Flint…) Toutefois, son approche rétrospective du mouvement hippie est plus nuancée que dans le spectacle d’origine : elle en restitue la chaleur et la philosophie mais sans en omettre les contradictions… Le spectateur peut ainsi s’interroger sur le courage de vivre différemment mais aussi la fuite de certaines responsabilités, notamment lorsqu’à la fin l’un des personnages se trouve tragiquement rattrapé par ce qu’il avait traité avec désinvolture.

Le film, dont on loua le rythme et les chorégraphies, connut un grand succès en salles, y compris en Tchécoslovaquie, le pays d’origine de Forman, alors sous dictature communiste, qu’il avait quitté pour gagner les Etats-Unis. Hair y fut exceptionnellement projeté en tant que critique de l’Amérique. Mais le public tchèque le considéra comme un manifeste de la liberté tant désirée. Pour le cinéaste, le fait qu’une partie de la population américaine puisse ainsi s’élever ouvertement contre la guerre décidée par son gouvernement et qu’un tel show puisse exister à l’époque montrait combien les Etats-Unis était un pays libre.


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