J'ai eu une très grande réticence à regarder vraiment ce film, parce que, si j'apprécie beaucoup Patrice Leconte, dont l’œuvre est très inégale, mais foisonnante et souvent superbe (merveilles du Parfum d'Yvonne, de La fille sur le pont, de Ridicule, de Monsieur Hire, mais aussi ratages complets de Félix et Lola ou de Rue des plaisirs), si l'immensité du talent de Jean Rochefort n'est pas contestable, je me méfiais beaucoup de Johnny Hallyday.
J'avais tort ; il est bon, presque aussi bon que Rochefort dans ce film aux couleurs d'ombre.
Je suis sûr que, quittée l'ombre tutélaire du metteur en scène et de l'acteur, s'il joue à nouveau quelque chose, ce sera mauvais, mais tout de même ! Une fois, une fois dans ma vie, j'aurai apprécié Johnny Hallyday !
ça prouve qu'il ne faut pas se fier aux apparences et que johnny est comme le bon vin,en vieillissant il prend de la bouteille !!!!!!!elvis etait le king ,et pourtant il n'a fait que des navets…peut etre que les metteurs en scenes n'ont pas su exploiter cette gueule qui est faite pour le cinema,bonne soiree jean-yves de strasbourg.
J'avoue que depuis la série "David Lansky", grand souvenir de fou-rire télévisuel, j'ai du mal à prendre ce brave Smet au sérieux. Je le revois avec son Magnum surdimentionné, ses répliques à la Schwarzenegger… Il était (sans le vouloir, hélas !) beaucoup plus près de Leslie Nielsen que de Dirty Harry.
Comme dans L'homme du train, il joue avec un véritable grand acteur, Jean Rochefort, qu'il est dirigé par un metteur en scène qui n'a pas l'habitude de se laisser impressionner, Patrice Leconte, et que le rôle exige qu'il soit d'une absolue sobriété, ça fonctionne assez bien…et Hallyday n'est pas ridicule…
Il y a peu, on échangeait ici même sur Patrice Leconte et Le mari de la coiffeuse. Tandem et l'Homme du train – à relier par le point commun évident du tandem et du duo – me touchent davantage, tant par leurs thèmes que par leur réalisation.
L'Homme du train propose une rencontre de deux personnages, (mais aussi de deux acteurs plutôt dissemblables, comme aime le faire Leconte). Une rencontre en apparence fortuite. Pourtant le réalisateur ne laisse rien au hasard : le choix du lieu et du moment de la rencontre ne sont pas anodins et lui permettent d'emblée de situer les personnages et de préciser le thème du film. Mais il le fait de manière visuelle, d'une façon éminemment allusive et avec une grande sobriété. C'est en effet la fin du jour (or, les personnages sont au soir de leur vie) et ils se croisent dans une pharmacie où chacun vient se soigner (signe évident d'un mal-être car leur vie ne les satisfait pas ou plus).
Un autre point fort du film est la manière dont est filmée l'arrivée de Milan-Hallyday dans la ville d'Annonay : la caméra le saisit de loin et par un travelling latéral continu qui glisse de la droite de l'écran (il entre dans la gare et disparaît dans le bâtiment) vers la gauche (il en ressort). Ce plan est limpide : il dit que Milan ne fera que passer, anonyme, à peine entraperçu, dans cette ville ; et que sa solitude et son inaccessibilité ne lui permettent que de traverser la vie, comme il traverse cette gare, sans jamais être vu, sans jamais se poser nulle part.
Un nouvel exemple de même bonheur de réalisation : la multiplication des signes qui se font écho à l'intérieur du film. Ces nombreux tableaux, qui décorent les murs de la maison de Manesquier et qu'il montre non sans quelque ironie à Milan, représentent non seulement un élément du récit (son appartenance à une famille aux racines anciennes) et du décor (une accumulation qui révèle le milieu bourgeois) mais inspire même la réalisation. Il suffit de rappeler ce moment fort du film à travers ce plan – composé comme un tableau intimiste de grand maître : dans le clair-obscur du soir qui assombrit la pièce, Milan et Manesquier, en veine de confidences, sont placés de part et d'autre d'une fenêtre qui donne à voir, dans le jardin, une composition florale dont les couleurs à la fois délicates et vives éclairent, de la lumière de l'espoir, le cœur même de la scène. Emotion et lumière diffuses.
Un dernier – pour faire court – exemple renvoie à la fin du film, tout à fait inattendue, qui réussit le tour de force de mêler les contraires en faisant communier à distance Milan et Manesquier par un montage parallèle et alterné de plans. Le rendez-vous que chacun des deux personnages a avec le destin et qui est pourtant si différent (l'un va "opérer" quand l'autre va "être opéré") se révéle étrangement semblable. A l'aide d'images surprenantes, ramassées en une vision onirique mais funeste, le réalisateur magnifie la part de rêve que nous portons en nous et qui refuse de céder aux injonctions du temps.
Un film et des personnages que l'on a du mal à quitter quand le film s'achève…
que johnny est comme le bon vin,en vieillissant il prend de la bouteille : au propre comme au figuré !
Ah vraiment, Gaulhenrix, vous avez un réel talent pour décrire – et décrypter ! – les séquences et à déceler des signes dissimulés mais qui relatent bien l'intention du réalisateur !
Je suis absolument incapable, sauf, sans doute par pur hasard, de me fixer ainsi sur une séquence et en tirer ainsi des conclusions pénétrantes !
Je le dis sans ironie aucune, mais au contraire avec beaucoup de sympathie ! Bravo !
Allons "Impétueux" ! Il suffit de choisir les seuls films et séquences qui ont touché notre coeur et notre intelligence (les films "immarcescibles", par exemple), et de se laisser porter par "le sentiment amoureux". Le reste, après plusieurs visions, vient tout seul. Merci pour votre remarque obligeante.
Quant à l'espiègle "droudrou", je suppose qu'il fait référence à un certain "Aaah ! queu oui !"
Cordialement.
Ce n'est pas si simple ! Je m'attache à placer sur chacun des films de ma liste (on pourrait dire l'Immarcescible, comme dans le film de Christian Vincent, on dit La discrète ou La boudeuse !), je m'attache donc à placer un commentaire, plus ou moins long, détaillé, réfléchi ou spontané, mais je n'ai pas votre faculté d'apercevoir, dans les quelques instants d'une séquence, certaines images significatives et précieuses.
Prenez-le comme je le dis : avec simplicité !
L'homme du train, que je viens de regarder ce soir est une merveille. Je ne peux qu'ajouter une pierre de plus à l'édifice d'éloges qui lui sont faites. Comme Impétueux, je ne craignais rien de Jean Rochefort qui est un immense acteur, mais je me méfiais de Johnny Hallyday qui bien qu'ayant certains succès que j'apprécie, est souvent loin d'être à la hauteur côté cinéma. Et bien j'ai été bluffé. Il n'arrive pas à la cheville de son compagnon, loin s'en faut, mais il s'en sort quand-même très bien.
Je rejoins aussi l'excellente critique de Gaulhenrix qui dépeint très bien la magie de ce film et chapeau pour sa synthèse finale, on est encore avec les personnages alors que le film est terminé….
Ayant encore une fois regardé L'homme du train, je ne peux qu'en faire des compliments. Ces deux hommes, tout les deux meurtris par la vie mais pourtant si différents, se complètent cependant très bien. Jean Rochefort, comme toujours excellent, joue très bien le rôle du bourgeois très classe qui souffre d'une certaine solitude. Johnny Hallyday, dont je le répète, je me méfiais dans ce rôle, car il est vrai qu'il ne possède qu'un assez petit talent d'acteur et qu'il ferait mieux de s'en tenir à son métier de chanteur, est très bien dans le rôle du truand qui dès sa sortie de prison est prêt à remettre le couvert. Pourtant, la rencontre entre ces deux hommes va créer une belle amitié. Très peu de personnages, mais une histoire touchante, font de ce scénario une réussite. C'est un avec un immense plaisir qu'on écoute les dialogues et les répliques qui ne manquent pas d'intérêt.
J'en reviens à la fin vraiment poignante. Il est vrai qu'on a l'impression d'être encore avec les acteurs….
Milan/Hallyday, chose curieuse, porte le même nom que le Ventura, autre bandit, de L'emmerdeur, mais aussi du héros du roman de Roger Vailland Les mauvais coups très bien adapté par François Leterrier au cinéma. Trois destins, trois conduites d'échec. Il est intéressant de faire le rapport. En tout cas Maresquier/Rochefort a du mal à amadouer ce grand fauve bougon, qui répond à peine aux questions que le vieil homme lui pose, mais accepte son hospitalité.
Après qu'ils se sont un peu frottés l'un à l'autre, que les portes se sont ouvertes, voilà que l'histoire fuit vers l'inéluctable, chacun des deux hommes se résignant à son destin. Pour Maresquier, c'est le triple pontage qui va échouer au moment même où Milan, trahi par ses complices, sera abattu par la police devant la banque qu'il dévalisait. Entretemps, chacun aura un peu goûté aux plaisirs de l'autre : Milan à la poésie, au confort des charentaises, à la chaleur d'une vieille bouffarde ; et Maresquier en tirant au revolver sur des canettes, en poussant sa sœur (Édith Scob) à avouer que son mari est un crétin, à réaliser que sa liaison avec Viviane (Isabelle Petit-Jacques) est une impasse ridicule… La première fois que j'ai vu le film, en entrant dans la salle, j'étais bien perplexe sur la présence de Johnny Hallyday ; je n'ai jamais supporté ni sa voix, ni ses chansons, ni sa dégaine en chanteur et ses expériences cinématographiques m'avaient paru affligeantes. Et de fait, ni D'où viens-tu, Johnny ? (quoique…c'est si nul que ça en deviendrait touchant…) ni l'atterrant La Gamine ne prédisposait à l'indulgence. Je craignais qu'il en vînt en gâcher la qualité du jeu de Jean Rochefort. J'avais tort : les personnalités des deux acteurs se répondent parfaitement, sans doute d'ailleurs parce qu'elles sont totalement antinomiques, comme le veut le scénario.Un petit regret, les trois dernières minutes oniriques du film, où chacun imagine ce qui aurait pu être. Trois minutes inutiles.
Le gouffre derrière : votre vie manquée. Le gouffre devant : votre décrépitude et votre mort. (Montherlant dans Brocéliande).
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