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Forum : La Kermesse héroïque

Sujet : Joyeuses commères des Flandres


De PM Jarriq, le 30 mars 2005 à 15:54
Note du film : 5/6

Ce n'est vraiment pas normal qu'il faille acheter un DVD anglais pour revoir ce bijou de notre patrimoine ! Je vote donc pour remettre un peu de normalité dans cette anormalité. Et aussi bien sûr, parce que j'ai très envie de le revoir !


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De Impétueux, le 30 mars 2005 à 16:05
Note du film : 5/6

Il y a des bizarreries que je ne m'explique pas !

Evidemment, il faut voter et voter encore pour que ce Feyder-là soit édité et que les jeunes générations découvrent que Françoise Rosay n'est pas seulement le fournisseur en papier-monnaie de Jean Gabin dans Le cave se rebiffe !

Evidemment !


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De Impétueux, le 18 avril 2008 à 19:11
Note du film : 5/6

Il y a bien longtemps, bien longtemps, peut-être quarante ans que je n'avais vu La kermesse héroïque, film majeur de la courte carrière dans le parlant de son auteur, Jacques Feyder, et film couronné de prix (Biennale de Venise, deux Oscars, etc.)

Si l'œuvre fait bien ses soixante-treize ans, ce n'est pas du fait de ses images un peu floues, du Noir et Blanc, et de la jeunesse de Françoise Rosay ; mais plutôt parce qu'elle commence par un carton indiquant que la ville où se déroulera l'intrigue est imaginaire et ajoutant : S'ils ont choisi ce cadre, c'est que les auteurs ont pu, afin d'embellir leurs images, demander aux chefs-d'œuvre des grands peintres flamands, à toutes ces vies immobiles sur les murs des musées, le secret de leur vérité humaine et de leur gaieté.

Imagine-t-on, aujourd'hui, ce que serait un pareil appel au goût et à la culture des spectateurs ? Et de fait, au fil des séquences, on reconnaît, mis en images, ici un Vermeer, là un Breughel, là un Hals, là encore un Rubens ; et n'étant guère amateur de peinture, je me dis que j'ai dû en omettre beaucoup… C'est en tout cas une somme de clins d'œil savoureux et civilisés.

Ce qui serait un autre sujet d'étonnement, aujourd'hui, c'est l'intrigue même : les Espagnols en Flandre ; pour beaucoup, l'histoire d'Espagne, c'est le Roi Ferdinand et la Reine Isabelle (les méchants et ingrats souverains qui délaissent Christophe Colomb), puis rien, puis la vilaine Inquisition, puis Charles Quint et Philippe II, puis la guerre qu'y mène Napoléon pour y installer son frère, puis rien, puis le méchant Franco et la gentille Passionaria. Puis la Movida et le football. (et la Costa Brava et la paella). Mais l'Espagne, ce fut aussi un des tourments principaux de la France, une puissance mondiale qui, donc, avait ses aises aussi bien au Nord qu'au sud de notre pays.

Le film est un tourbillon gai, où de graves bourgeois flamands, extrêmement niais, égoïstes, ridicules et vaniteux se font duper et abondamment cocufier par leurs femmes qui feront aux troupes espagnoles le gai sacrifice de leurs corps.

Prenant les choses en main, et jouant sur la trouille noire qu'inspirent les hidalgos aux boutiquiers, la femme (Françoise Rosay) du bourgmestre (André Alerme) en profite à la fois pour donner sa fille en mariage au jeune peintre Breughel (Bernard Lancret) qu'elle aime (et non au pleurnichard boucher, premier échevin – Alfred Adam) et pour octroyer à toutes les femmes de la ville une nuit de liberté, de gaieté et de revanche amoureuse…

Le film est superbe par sa composition, ses décors et costumes, l'allégresse de ses mouvements de caméra, pour ses acteurs aussi : outre ceux déjà cités, admirable composition de Louis Jouvet en moine vicieux et papelard, grande classe et grande allure de Jean Murat, ambassadeur d'Espagne et amant d'une nuit de la femme du bourgmestre.. Et si Françoise Rosay n'avait pas une beauté classique – c'est le moins qu'on puisse écrire ! – elle est d'une vitalité et d'un charme si fous qu'elle règne sans mélange sur la distribution….

Cela étant, tourné, donc, en 1935, et prétendument écrit dans une optique pacifiste par Charles Spaak, le film donne l'impression étrange d'une préfiguration de la Collaboration (qui fut intense et continue en Flandres du Sud et du Nord) ; car enfin la trouille pétainiste des bourgeois, leur veulerie, leur abandon, leurs monitions Soyez bien polis avec l'envahisseur, l'étonnement devant la civilité des Espagnols (qui rappelle tant le Ils sont corrects beaucoup entendu dans les rues de Paris en 1940), tout cela n'est pas tout à fait neutre, contextuellement…D'autant que les Espagnols sont plutôt de joyeux drilles, nullement ventripotents comme le sont les Flamands, qu'ils sont plutôt de beaux mâles qui font tiédir le sein des épouses frustrées par les trop longues galimafrées de leurs maris… C'est assez exactement ce que montraient certaines images de propagande : le menton dur, le jarret musclé de la Wehrmacht opposé au gilet déboutonné et au double menton des amateurs de Pernod et de gras-double…

Intrigant film, donc, pas si drôle que ça, un film où le Mâle impose sa puissance à la femelle émoustillée, un film où le dernier plan, le regard du Duc d'Olivarès, homme à évidentes bonnes fortunes au Bourgmestre cocu et content est cinglant d'un torrentueux mépris…


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De florianep, le 5 décembre 2008 à 20:51
Note du film : 5/6

Un film que j'ai bien aimé, la photo et les décors sont superbes, ainsi que les acteurs, même si je trouve que le film a pris quelques rides.


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De vincentp, le 22 janvier 2013 à 22:36
Note du film : 5/6

C'est effectivement un très beau film français des années trente, plein d'esprit et de finesse (d'analyse psychologique de caractères, de rapports sociaux). Les acteurs sont excellents (Murat, Jouvet, Rosay), mais la mise en scène de Feyder marque aussi les esprits (rythme soutenu, implication du spectateur dans le récit, cadrages,…). Et puis il y a cette atmosphère de fête suggérant qu'il est possible de nouer des rapports pacifiques même en période de guerre. Le sujet est intemporel.


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De Impétueux, le 23 janvier 2013 à 17:06
Note du film : 5/6

Il est possible de nouer des rapports pacifiques même en période de guerre… écrivez-vous, Vincentp… Certes…. À condition de considérer que l'Occupation espagnole – qui a tout de même duré du milieu du 16ème siècle au début du 18ème – était une guerre… mais surtout que les femmes des territoires occupés doivent, pour la concorde commune, coucher avec les occupants.

il y en a qui ont été tondues, en 1944 pour à peu près ça…


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