Constamment inventif tant sur le fond que sur la forme. Rien à dire de plus !
Une date dans l'histoire du cinéma.
Un drame splendide, drôle et émouvant, magnifiquement porté par ses comédiens, pourtant non-professionnels.
Une succession de scènes magiques et poétiques.
Un regard fascinant sur une Italie meurtrie par le fascisme.
Une mise en scène d'une clarté admirable.
Rien à dire de plus, c'est un chef-d'oeuvre !!
Ce que Vittorio de Sica réussit mieux qu'aucun cinéaste c'est à mettre le spectateur dans la peau de son personnage au point qu'il en arrive à réagir exactement comme lui. Dans la scène immortelle où il hésite à voler la bicyclette, nous hésitons autant que lui, nous finissons par nous décider en même temps que lui, nous pédalons de toute la vitesse de nos jambes pour échapper à nos poursuivants, nous souffrons de honte et d'humiliation quand nous nous sentons rattrapés et nous repartons, une fois relachés sans savoir où nous allons, avec, heureusement, la main du petit garçon dans la nôtre.
La grande force, la puissance intelligente du Voleur de bicyclette, c'est bien le brouhaha du monde autour de ce brave type insignifiant englué dans la pauvreté. Pauvreté qui n'est pas tout à fait la misère noire des gamins de Sciuscia ou des habitants du bidonville de Miracle à Milan mais plutôt la grande, la très grande gêne ; comme Umberto D, Antonio pourrait presque s'en sortir et sortir sa famille de la mouise : le salaire fixe, les heures supplémentaires, les primes… une sorte de rêve doré à portée de main.
Le titre italien, Ladri di biciclette, me souffle Wikipédia, est un pluriel : Les voleurs de bicyclettes ; ce qui ouvre évidemment le sens que Vittorio De Sica veut donner à son film. Tout le monde est pris à la gorge. Et, comme d'habitude, il n'y a ni révolte, ni pamphlet, ni esquisse de solution. La cellule communiste fait sûrement ce qu'elle peut, les dames des bonnes œuvres le font aussi, tout ce monde là est un peu ridicule mais compatissant et sans doute nécessaire. Il n'empêche que les pauvres restent les pauvres, qu'ils dorment dans de pauvres draps usés de pauvres (jusqu'à ce qu'ils les mettent en gage), qu'ils essayent d'arnaquer d'autres pauvres et que la terre continue de tourner. Et qu'il faut peut-être regarder davantage le geste du type à qui Antonio a tenté de voler sa bicyclette, sa compassion, sa pitié, sa charité, finalement.Dans Miracle à Milan, qui est une fable bouleversante, mais qui est une fable, les pauvres s'envolaient pour le Paradis, leur seul vrai refuge. Sentiment d'impuissance ou plutôt certitude qu'il n'y a pas de solution humaine ? Va savoir !
Antonio Ricci, le père humilié, rentre chez lui, larmes rentrées, en serrant bien fort la main de son petit garçon. Il se perd dans la foule indifférente. On ne sait pas ce qu'il va devenir. Peut-être dans quelque temps, le miracle économique va lui permettre de monter dans le train…
Je ne crois pas qu'il y ait film à la fois plus bouleversant et plus digne, plus noble, plus respectueux des êtres que Le voleur de bicyclette.
Redécouvert sur grand-écran en copie restaurée 2K (en 2018) avec de gros moyens par les institutions cinématographiques italiennes. Rien à voir avec le dvd à 2 euros qui circulait il y a vingt ans. Cette copie restaurée vaut le détour. Quelques impressions du jour :
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