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Forum : Le Couteau dans l'eau

Sujet : Roman Polanski, maître de la peur


De Arca1943, le 9 janvier 2005 à 07:08
Note du film : 6/6

Dans un monde idéal, on pourrait acheter un coffret des quatre chefs-d'oeuvre de la peur réalisés par Roman Polanski: Le Couteau dans l'eau, Répulsion, Rosemary's Baby et Le Locataire.

Le Couteau dans l'eau est un excellent suspense qui a la linéaire simplicité des classiques : en allant faire du voilier, un couple dont la relation est quelque peu grippée embarque un auto-stoppeur dans la vingtaine qui se retrouvera avec eux sur le bateau.

Il y a eu d'autres variations sur ce thème depuis, dont un assez bon thriller australien, Dead Calm. Mais Le Couteau dans l'eau est d'une autre trempe, même avec le passage du temps, sur le plan de la trouille insidieuse.

Par exemple, le voilier est souvent filmé de telle manière que ni le matelot improvisé, ni le spectateur n'arrive à savoir si on est immobile ou si on fonce à toute allure.

Le huis clos en plein air se fait subtilement étouffant. Que va-t-il se passer?

Le scénariste Jerzy Skolimowski touchait un bonus à chaque fois qu'il coupait un mot du dialogue.

Dès son premier long métrage, Roman Polanski s'affirme comme un maître du suspense.

Arca1943


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De Impétueux, le 26 octobre 2006 à 13:00
Note du film : 4/6

Je n'avais jamais vu, jusqu'à hier, ce premier long métrage de Roman Polanski, mais, comme je trouve à l'auteur davantage de talent dans les débuts de sa carrière que depuis… disons Tess, j'ai eu cette saine curiosité.

Sans aller jusqu'à l'appréciation très élogieuse d'Arca, sans décerner la note quasi-maximale de 6, j'ai été très impressionné par le talent déployé pour faire monter la tension, développer insidieusement le climat de malaise, installer le conflit.

Bien que le film soit en noir et blanc, Polanski montre admirablement les solitudes grises des lacs mazures, la pâleur du soleil, le foisonnement des roseaux sauvages, la tristesse des bouleaux, tout cela avec une économie de moyens d'une qualité rare.


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De Impétueux, le 14 février 2013 à 18:57
Note du film : 4/6

Dès son premier long métrage Roman Polanski marque sa réalisation par plusieurs des constantes et obsessions qu'il développera durant toute sa carrière de Cul-de-sac à Ghost writer en passant par Répulsion, Rosemary's baby, Le locataire, Lunes de fiel, La jeune fille et la mort : le malaise qui s'insinue par un décalage insignifiant au début et dramatique ensuite, les rapports ambigus de la victime et du bourreau, le huis-clos qui les enferme souvent dans une atmosphère étouffante.

Étouffante, l'atmosphère, même si le récit se passe sur le miroir métallique d'un lac de Mazurie, au nord-est de la Pologne, cerné de roseaux envahissants et de bouleaux maigres, lors d'un été mouillé, sous un soleil fragile. Les moyens employés sont bien modestes encore, mais ils sont superbement utilisés : la mise en place des protagonistes est posée avec une grande concision, mais suffit à caractériser les personnages mais aussi, déjà, leurs rapports et leurs interactions : la façon dont André (Leon Niemczyk), le journaliste qui a réussi et qui en éclate d'orgueil et de contentement de soi traite Christine (Jolanta Umecka), qui est à la fois sa femme et – si je puis dire – l'intitulé de son bateau (ce qui en dit assez long sur sa jactance).

Une poussière vient se glisser au milieu de cette alchimie médiocre : un jeune type qu'André prendrait volontiers comme faire-valoir, comme une occasion supplémentaire de montrer, de prouver à Christine qu'il est un homme assis, arrivé, stabilisateur et incontournable. Un jeune type qu'il espère fragile, susceptible d'être dominé, et finalement d'entrer dans le jeu.

Mais ça n'est pas comme ça que ça se passe ; pour des riens, pour de tout petits détails, qui seraient insignifiants si ne montaient, entre les deux hommes, une animosité réelle, une concurrence de coqs de village, une agressivité de peaux. Jusqu'à ce que cette exaspération mutuelle aboutisse au drame.

À ce qui pourrait être le drame, mais qui ne l'est pas. En fin de compte, André et Christine vont reprendre une vie médiocre, abimée par l'incertitude, le doute, le soupçon.

Est-ce que Polanski n'a pas toujours filmé là-dessus ?


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