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Forum : Mr. Turner

Sujet : Belle leçon de cinéma


De vincentp, le 22 août 2022 à 21:43
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Une belle leçon cinématographique. Sur la forme, il n'y a pas débat, le film a reçu logiquement quatre oscars (décors, costumes, photographie, musique) et plusieurs prix dans différents festivals pour Timothy Spall en tant qu'interprète. Mais le scénario et la mise en scène de Mike Leigh présentent également beaucoup d'intérêt, situés à mi-chemin entre réalisme et onirisme, l'équilibre étant atteint par l'emploi d'une émotion bien dosée (éléments drôles ou tragiques), une mise en scène de facture classique (plans simples) mais pas académique (l'assemblage de ces plans est original)…

Le peintre illustre du récit (William Turner), sorte de sanglier grognant à la moindre contrariété, atteint dans sa chair par différents éléments, produit de l'art de façon inattendue, dans un contexte social plutôt difficile. Ce personnage est montré évoluant au milieu de ses semblables, peintres plus ou moins reconnus, grands maitres ou tâcherons anonymes, individus au bon flair -les acheteurs, le médecin-… ou manquant de gout (certains "puissants"). Un soin particulier est apporté à la "diction" des dialogues, visant à recréer le monde d'antan. Une réflexion in fine sur le processus de création artistique, montré à hauteur d'hommes. Remarquable !


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De poet75, le 10 juillet 2023 à 21:40
Note du film : 6/6

"Un pareil homme, et je l'entends dans sa totalité : sa vie, ses mœurs, sa bassesse, et son aspect, avoir écrit les vers qu'il a écrits, avoir eu en lui un tel don de poésie.(…) Un tel homme, répugnant, même au physique – je me le rappelle fort bien, – avoir été ce poète ! Quel prodige." Ces lignes, écrites par Paul Léautaud dans son "Journal littéraire" à propos de Verlaine, pourraient servir à décrire le peintre William Turner (1775-1851) tel que le montre Mike Leigh dans ce film. Il suffirait de remplacer les termes ressortissant au domaine de la poésie par d'autres empruntés à celui de la peinture.

Les artistes, y compris les plus grands, n'ont parfois rien d'aimable: ni leur physique, ni leur caractère ni leurs moeurs n'autorisent à les décrire de manière sympathique. Dans le film de Mike Leigh, William Turner (formidablement interprété par Timothy Spall, prix d'interprétation masculine à Cannes) semble n'être qu'un grognon et laid personnage qui, de plus, n'éprouve que mépris pour ses semblables. Rien d'attirant donc, chez un tel être, si ce n'est qu'il s'agit d'un très grand artiste, d'un peintre qui sut marquer de son génie l'art pictural anglais du XIXe siècle, bien davantage que ses contemporains, tel Constable pour qui il n'éprouvait d'ailleurs que du mépris.

Un tel portrait (celui de l'artiste, laid extérieurement, mais recelant au profond de lui des trésors de beauté) pourrait évidemment manquer singulièrement de subtilité et apparaître à la fois grossier et caricatural. Mais Mike Leigh a su échapper à ces travers: avec finesse, par petites touches, il montre que les apparences sont trompeuses et que le peintre bourru est habité par un coeur d'homme, que, sous ses airs hautains, est dissimulé une âme sensible, si sensible que, quand l'occasion s'y prête, les grognements font place aux larmes et aux sanglots d'un enfant.

Sans trop s'attarder sur les scènes spectaculaires (Turner se faisant attacher au mât d'un navire pour mieux être au coeur d'une tempête), le réalisateur nous montre un artiste voyageant, toujours à la recherche de paysages, de couleurs, de lumière, d'impressions, de beauté. Un artiste de plus en plus incompris certes (mais par des critiques, tel John Ruskin, tellement imbus d'eux-mêmes qu'ils en sont ridicules) tout en étant conscient que son oeuvre restera (c'est pourquoi il vaut mieux qu'elle demeure visible par tous plutôt que d'être vendue à un particulier).

Sous ses airs de film classique, voire académique, c'est une oeuvre tout en finesse et en subtilités que nous livre Mike Leigh. Servi par un prodigieux acteur, par des décors superbes, par des paysages, par une lumière et par une photographie qui fascinent tant ils sont en corrélation avec les toiles du peintre, ce film passionnant laisse une profonde impression d'humanité. Et l'on finit presque par éprouver de la tendresse pour ce grognon de William Turner!


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De droudrou, le 13 juillet 2023 à 06:51

certes ce n'est pas évident d'évoquer l'acteur Timothy Spall sans penser à son interprétation de Winston Churchill dans "le discours d'un roi" son rôle y est assez court mais il retient notre attention !

Revenir à Turner l'artiste, moi qui suis calaisien de naissance il nous a donné une vue de la plage de Calais absolument extraordinaire à tel point qu'on situe là où il avait installé son chevalet pour qui connaît bien la plage ! J'allais oublier son fameux "les poissardes" ces femmes qui allaient tout au bord de la mer pour creuser le sable et récupérer les vers de vase pour les pêcheurs "les pecqueux" en langage local à cet endroit le bruit du ressac était tel que les femmes étaient obligées de crier très haut pour se faire entendre et comprendre de leurs congénères ce qui a donné l'expression locale hurler comme une poissarde pour désigner une femme vulgaire ! et j'avoue, étant plus jeune, avoir crié comme une poissarde !…[film=


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