Donc un brillant et bel avocat (Michael Fassbender) qui a sans doute déjà flirté avec les lignes délicates de la rectitude est animé de deux passions principales. La première est extrêmement avouable : c'est l'amour très intense et très sensuel qu'il porte à Laura (Pénélope Cruz) qui devrait bientôt aboutir à un beau mariage (religieux parce que Laura ne plaisante pas avec ça). La seconde passion est davantage boueuse : c'est la cupidité.
Ce doit être l'Arizona ou le Nouveau Mexique, guère loin de la frontière et de la ville de Juarez, une des plaques tournantes de l'importation de cocaïne. Pour gagner tant et tant, il faut d'abord mettre le doigt dans l'engrenage, ce qui n'est pas extrêmement difficile lorsque on flirte avec les méandres de la Loi, en raison de son état ; lorsque l'on est proche d'un riche mégalomane, Rainer (Javier Bardem), propriétaire de boîtes de nuit qui peut vous brancher sur un dealer, Westray (Brad Pitt) lui-même à deux doigts de se retirer du business. L'un et l'autre, d'ailleurs, mettent en garde l'Avocat : on n'entre pas dans le trafic sans y être frappé d'une marque indélébile, sans prendre des risques fous ; des risques avec qui on ne joue pas, qui ne pardonnent pas, où la sanction est immédiate et définitive. Le moindre écart, la moindre ambiguïté, le moindre doute et la sanction tombe. Comme le disaient les délicieux Khmers rouges, les pires génocidaires de l'Histoire : À te supprimer, nulle perte ; à te garder en vie, nul profit.C'est d'ailleurs absolument ce qui se passe ; après avoir mis le doigt entre l'arbre et l'écorce et pour un hasard malencontreux, l'Avocat et ceux qu'il fréquente sont placés dans le collimateur des puissants du Cartel. Aucune pitié possible, aucune empathie, aucune possibilité de s'en sortir. Tout va finir très mal.
Je ne suis pas absolument convaincu que le personnage maléfique, hideux, immonde de Malkina (Cameron Diaz) soit vraiment nécessaire à l'équilibre du film : davantage qu'une sorcière perverse et diablement séduisante et excitante, il y a une sorte de fatalité indifférente dans le massacre. C'est d'ailleurs cela qui est le pire : le business est le business. Et ceux qui veulent jouer dans la cour des grands doivent en prendre vraiment conscience.
Ce qu'ils ne font pas.
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