Confiné dans sa chambre en raison de sa santé toujours fragile, Marcel Proust continue d’écrire son grand œuvre en se remémorant sa jeunesse, ses rencontres, le « grand monde » dont il a observé les fastes et les bassesses… Toute une époque revit au fil de ses réminiscences : paradis perdus de l’enfance, amitiés et amours, bonheurs et déceptions de la vie… Des salons mondains aux bordels de luxe, de la campagne tant aimée aux rues et jardins de Paris…

Il a toujours été difficile pour les cinéastes d’adapter Proust, de mettre en images une aventure avant tout littéraire. Si Raoul Ruiz réussit là où tant d’autres ont échoué, c’est qu’au lieu de chercher la fidélité à une histoire précise, il propose une évocation de l’univers de l’auteur au fil de souvenirs entremêlés, émaillés de moments surréalistes où s’exprime sa propre créativité. Là se croisent les personnages de Proust (Odette, Gilberte, Albertine, Charlus, Morel, Saint-Loup, les Forcheville, les Verdurin, les Guermantes…) interprétés par de grands noms du cinéma qui leur donnent consistance, même pour une brève apparition (Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, John Malkovich, Vincent Perez, Pascal Greggory, Marie-France Pisier, Chiara Mastroianni…)

Par une mise en abîme qui nous replonge dans la société disparue du début du XXème siècle, Ruiz montre comment cette comédie humaine, avec ses codes, ses sentiments et ses vanités, est magnifiée par le regard de l’auteur, d’abord observateur, et la retranscription qu’il en fait dans ses livres. C’est bien là tout le paradoxe et la beauté de la démarche : un récit mondain reposant sur l’intériorité, une intériorité s’exprimant par une constellation de personnages…

Bravo Delanuit pour la qualité de cette chronique. Nous sommes tous très contents de ton retour parmi nous. Ta plume talentueuse nous manquait.

Cher Delanuit, nous sommes effectivement heureux de vous retrouver du côté de chez DVDTOILE…