Ce n'est sans aucun nul doute dûe à une actualité récente de plus en plus tenté par le populisme et par ce que l'on appelle le fantôme de Franco qui a poussé à la réalisation de ce film, intelligent, intéressant, surprenant mais bien évidemment parti pris, tel que l' on pouvait l'attendre et démagogique.

Reconnaissons tout de même que les films sur la guerre d'Espagne, sujet au combien brûlant sont rares. Aussi faut-il reconnaître que Alejandro Amenábar n'est pas entré dans la vindicte provocatrice et a réalisé un film proche de la véritable atmosphère qui était celle du début de la guerre d'Espagne. Un début de guerre moite, une ambiance non surchauffée, plutôt confinée, un pays arrieré économiquement qui a l'impression d'avoir tout essayé et qui ne croit même plus en lui… Un début de guerre qui laisse songer à la population que ça ne sera qu'une guerre parmi tant d'autres…

La véritable intention du film, n'est pas la représentation de la Guerre d'Espagne mais le sens de l'engagement politique. C'est ainsi que Miguel de Unanumo ancien député, recteur de l'université de Salamanque, vieux philosophe s'interroge sur le sens de l'histoire avec quelques uns et voit au cours du film son entourage se retrécir peu à peu à coup d'arrestations et de pelotons d' exécution… Ancien communiste ayant par sagesse donné son approbation au soulèvement militaire, girouette politique de tous les instants, Unanumo, s'interroge. Faut-il soutenir les courants politiques selon le vent et la marée, faut-il chercher l'homme providentiel ? Ou en est le fascisme ? Seulement l'homme providentiel c'est un Franco timide, de bon sens comme lui, sans grande culture qui agit au jour le jour au centre d'un entourage de vielles barbes fascisantes et d'œil crevés… Unanumo, après une rencontre le qualifiant même de ''pauvre type' '!

Ce qu' il manque à Lettre à Franco c'est du souffle, de l'atmosphère. On aurait aimé ressentir plus de choses et plus d'intérêt pour un film qui traite de sujet finalement bien contemporain. Les héros politiques ne sont pas ceux que l'on croit… Ni ceux que l'on veut. Unanumo n'aura pas le choix face aux extrêmes, ni son peuple, ni Franco d'ailleurs.

Un final historique passionnant conclu par la femme du Général Franco, Carmen Polo, excellente et très crédible Mireia Rey : mon mari et moi voulons juste que l'Espagne soit un pays où les gens soient tranquilles…

N'est ce pas ce que tout le monde veut ?