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Forum : Le Continent des hommes-poissons

Sujet : Série B très modeste mais sympathique quand même !


De verdun, le 21 juin 2020 à 23:47
Note du film : 3/6

Passer d'un chef-d'oeuvre du film noir comme Acte de violence à une série B voire Z italienne, voilà qui peut paraître un grand écart surprenant. Mais la plus grande richesse du septième art est peut-être son éclectisme. Tous les goûts sont dans ma nature.

En 1891, un bateau transportant des esclaves vers Cayenne sombre dans la mer des Antilles. Le médecin de bord, Claude de Ross (Claudio Cassinelli), et quatre autres rescapés parviennent à rejoindre une île qui ne figure sur aucune carte. Ils vont y découvrir des hommes- poissons, anciennes créatures de l'Atlantide, désormais au service d'un tyran sanguinaire (Richard Johnson).

L'île du docteur Moreau version Don Taylor a eu un certain succès lors de la sortie en 1977. Que font les Italiens et notamment le réalisateur Sergio Martino ? Ils en conçoivent un ersatz l'année suivante: Le continent des hommes-poissons.

Ce film risque de sembler ringard aux spectateurs de 2020, avides de vraisemblance, d'action non-stop et d'effets numériques. Mais dès sa sortie française, en 1979, Le continent des hommes-poissons passait pour une serie B passée de mode. Mon télé-poche de 1993 (il y a plus de vingt-cinq ans donc) ne lui accordait qu'une étoile, mention « passable ».

Il faut reconnaître que Le continent des hommes-poissons n'est pas une réussite. Les péripéties sont très attendues : un naufragé atteint une île déserte. L'île est dangereuse. Il y a un tyran. Et un savant fou, incarné par un Joseph Cotten. Il y a aussi des monstres. Et une belle femme, (Barbara Bach) tout juste sortie du James Bond de l'époque, L'espion qui m'aimait. L'île, volcanique, explose. Le savant fou meurt. Le tyran aussi. Le naufragé part avec la belle sur un radeau. Un bateau arrive bientôt pour les recueillir. Fin.

L'absence d'originalité rend le film bien long, ainsi que le manque d'épaisseur des personnages, eux aussi dépourvus de surprise et desservis par une interprétation inégale. Les trois acteurs principaux (Cassinelli, Johnson et Barbara Bach) font le « job » mais les autres sont peu convaincants.

Quant aux effets spéciaux, ils étaient déjà désuets à leur sortie. Les costumes d'hommes-poissons ne sont pas réussis, et chose plus gênante pour des créatures amphibies, pas très mobiles malgré une volonté louable de rendre hommage à L'étrange créature du lac noir de Jack Arnold.

Auteurs de quelques-uns des meilleurs « giallis » de la grande époque, comme Torso ou La queue du scorpion, Sergio Martino est beaucoup moins à l'aise dans le film d'aventures. D'une part, parce que le film d'aventures exotiques nécessite de l'argent que n'ont pas les séries B italiennes alors qu'on peut faire un bon giallo avec un budget réduit. D'autre part, le « giallo » ou le polar sont deux genres en adéquation avec l'identité italienne ce qui n'est pas le cas pour le film d'aventures à la H.G. Wells.

Le continent des hommes-poissons n'est pas très bon et se rapproche dangereusement du nanar.

Mais je lui mets 3/6 pour plusieurs raisons.

En premier lieu, c'est une série B sympathique, beaucoup moins détestable que les deux autres films d'aventures réalisés à la même époque par Martino, c'est-à-dire La montagne du dieu cannibale, qui pourtant m'avait impressionné jadis (et pas seulement pour la plastique d' Ursula !), et Le grand alligator. Les péripéties attendues ont aussi pour qualité de nous ramener au vert « paradis » de l'enfance et à des auteurs comme Verne ou Wells.

En outre, il y a de beaux décors, notamment la grotte de Neptune en Sardaigne, un travail honnête de la part du réalisateur et de ses collaborateurs, et quelques moments réussis voire poétiques, notamment le sauvetage du couple par les hommes-poissons. Le continent des hommes-poissons n'est pas forcément plus mauvais que les films réalisés par l'anglais Kevin Connor à la même époque sur des thèmes similaires, comme Le Continent oublié, Les Sept cités d'Atlantis ou encore Centre terre, septième continent.

Le cinéma italien n'avait aucun complexe. Il osait tout y compris singer les succès américains. Cette audace non-formatée ne nous manque t'elle pas de nos jours ?

Le public d'aujourd'hui veut du réalisme à tout prix mais le cinéma, n'est-ce pas du rêve avant tout ?

Et puis c'est un film qui m'intriguait quand j'étais gosse et qu'il passait sur La 5 de Berlusconi ou sur M6. Notamment cette image ci-contre de Barbara Bach avec un monstre…

Découvrir Le continent des hommes-poissons en 2020, maintenant qu'il a disparu du petit écran, m'apporte une satisfaction modeste mais réelle !


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De Impétueux, le 22 juin 2020 à 09:32

Il me semble qu'il y a une certaine parenté avec Le commando des morts-vivants que vous avez peut-être vu, Verdun ?


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De verdun, le 22 juin 2020 à 09:37
Note du film : 3/6

Je ne pense pas ''Impétueux". Même si on retrouve des éléments communs avec des savants fous, des monstres, des îles mystérieuses…

D'une part, Sergio Martino assume le fait d'avoir "copié" L'île du docteur Moreau. D'autre part, le vrai remake du Commando des morts-vivants, c'est l'inénarrable lac des morts-vivants de Jean Rollin


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De Impétueux, le 22 juin 2020 à 11:36

Votre érudition nanardesque m'éblouit  – sans ironie aucune, croyez-bien !


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De verdun, le 22 juin 2020 à 16:55
Note du film : 3/6

Merci, ceci dit je préfère le bon cinéma de genre aux "nanars", même si une série B ou Z rigolote de temps en temps fait du bien !


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