Je suis beaucoup moins certain de cela pour La fiancée de Frankenstein qui date de 1935 et qui est la suite directe du Frankenstein
de 1931, du même James Whale
qui avait remporté un si grand succès que les producteurs ont voulu le perpétuer. Il faut bien que j'avoue n'avoir pas vu le premier opus (ou, si je l'ai vu, je l'ai complétement oublié) mais tous les spécialistes vous diront que le numéro 2 est supérieur au numéro 1, ce qui m'ôte tout scrupule. Toujours est-il que, si j'ai pris un certain plaisir à regarder le film, c'est en tant que cinéphage compulsif, toujours prêt à repérer ici et là des orientations et des points de vue qui m'ouvriront des perspectives sur la superbe évolution du cinéma.
Mais à la fin, un moment de grâce absolue : le surgissement de ses bandelettes de la fiancée du Monstre (interprétée, comme Mary Shelley, la conteuse, par Elsa Lanchester) : une allure, un maintien, une maladresse de toute beauté. Rien que pour les quelques minutes où la jeune femme reconstituée elle aussi à partir de cadavres, découvre le monde et hurle de terreur devant celui qui lui était promis, le film de James Whale
mérite de demeurer dans les mémoires de ceux qui aiment le cinéma.
Vous savez, car vous le savez, que dans cette période trés reculée, peuvent se cacher des perles absolument magistrales . techniquement limités et absolument datés , oui, certainement. Mais magistrales. L'année dernière, à Palerme en Sicile, j'ai eu l'occasion de voir en salle un Cyrano de Bergerac muet de 1925 de toute beauté, avec un acteur Français dont j'ai oublié le nom. Bien sûr, j'ai apprécié connaissant trés bien l'oeuvre de Rostand.
Mais n'importe qui ignorant l'oeuvre aurait été subjugué par ce cinéma qui semblait sortir de la tombe…La richesse du cinéma muet est immense et il rayonne encore à travers les œuvres d’aujourd’hui. Mais non, vous semblez "renoncer" à savoir…C'est ça qui est étonnant.
Celà étant posé, toute la seconde partie de votre critique sur La Fiancée de Frankenstein est un régal, sans flagornerie idiote. Pensez vous que dans cinquante ans , les gens qui passeront dans le coin trouveront-ils que c'est une critique antédiluvienne et archéologique ou y trouveront-ils matière à regarder ce film ? Ah …………..
Votre philippique me fait du bien parce qu'elle me permet de préciser ma pensée qui était effectivement extrêmement embrumée. L'âge qui ramollit le cerveau ? L'excès de whisky ? La canicule récente qui n'a pas arrangé les choses ? Allez savoir !
Bien entendu, vous avez tout à fait raison et je me suis mal exprimé. Il est hors de question de rejeter, au fur et à mesure qu'ils s'enfoncent dans le temps, les films les plus anciens du patrimoine. Je prépare pour dans peu de temps un message sur le Nosferatu de Murnau,
grande oeuvre muette. Et Le cuirassé Potemkine
doit être évidemment vu et revu.
Mais j'aurais pu écrire deux choses plus précises : d'une part que, plus les films sont anciens, plus ils demandent une connaissance – qui n'est pas spontanée – des codes et des manières de faire des cinéastes d'antan ; de la même façon que vous ne lisez pas un mémorialiste d'aujourd'hui (si médiocre qu'il peut être) comme vous lisez Saint-Simon pour qui vous avez besoin d"éclairages, de notes de bas de page, etc. Faites l'expérience si vous ne partagez pas ce point de vue : lisez dix lettres de Mme de Sévigné sans avoir à vous reporter aux indications précieuses qui vous sont données par le présentateur de votre édition.
Deuxième observation : je tiens que certains films – Freaks, par exemple ont beaucoup moins besoin d'intercesseurs que d'autres parce que leur propos nous est plus proche et, si je puis dire, plus familier…
Je pense que vous me comprendrez mieux (si ça vaut la peine) après cela.
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