Note artistique: 0,5/6. Note sentimentale: 4/6

A l'inverse de Symphonie pour un massacre, on ne s'étonnera pas que Flics de choc, sorti vingt ans plus tard en 1983, soit tombé dans l'oubli.

Car ici il n'y a ici pas grand chose de réussi.

Le scénario ressemble étrangement à l'excellent giallo italien La lame infernale: même démantèlement d'un réseau de proxénétisme soutenu par des notables, même tueur à moto supprimant les témoins gênants.

L'interprétation n'est pas bonne hormis quelques seconds rôles comme Mylène Demongeot ou Michel Peyrelon. Il faut dire pour défendre les comediens que les dialogues tombent à plat. Exemples: "-Crois-tu qu'il a des remords ? demande un policier- Moi le noeud ? lui repond son interlocuteur" Ou "cet homme est à tuer" dit-une jeune femme de son partenaire quelques secondes avant que celui-ci soit abattu par le tueur casqué. J'affectionne d'habitude cet humour à base de mauvais calembours mais il n'est pas adapté à un récit aussi sérieux. En outre les personnages ne sont pas très valorisants tant les flics de choc ressemblent à des bras cassés.

La mise en scène est informe et quand elle essaie d'avoir du style c'est pire:comme en témoignent l'utilisation du ralenti pour les meurtres par arme à feu ou les cascades filmées sous tous les angles.

Le mauvais goût des années 80 est partout, dans les vêtements, les coiffures et dans la musique, digne de Gym tonic. Cette décennie ne serait-elle pas aujourd'hui la plus démodée ?

On a le sentiment que le petit écran est en train de récupérer le polar français quelques années avant Navarro ou Julie Lescaut. Les principaux participants sont d'ailleurs issus de la télévision. Le réalisateur Jean-Pierre Desagnat est surtout connu pour avoir réalisé Janique aimée, feuilleton à succès des années 60 même si on lui doit de bons films comme Les étrangers et "Vertiges pour un tueur", tous deux sortis à la fin des années 60. Pierre Massimi (Les secret de la mer rouge) et Chantal Nobel (avant Chateauvallon), les deux acteurs principaux étaient des vedettes du petit écran.

Il y a quand même dans Flics de choc des éléments violents ou érotiques qui le différencie d'un épisode du commissaire Moulin. Même si elles evoquent davantage Gerard De Villiers que les polars italiens les plus dérangeants (comme La rançon de l peur), pas sûr que de telles scènes et que le côté sordide de l'intrigue passeraient aujourd'hui alors que c'est un film jadis diffusé en "prime time" lorsque j'etais gamin et qui ne semble pas avoir fait l'objet d'une interdiction aux moins de 13 ou 16 ans.

Flics de choc est donc un film peu satisfaisant mais assez intéressant pour que je lui consacre autant de place ici. Il mériterait presque la moyenne en raison de son caractère divertissant. On peut en rire entre amis ou lors d'une future soirée cinéma bis à la cinémathèque mais on peut aussi déplorer le ratage de tels films de série B à la française, qui tentent par moment de sortir des sentiers battus du cinéma français.