Le repas des fauves a été un grand succès au théâtre en 2010-2011, remportant plusieurs Molières dont celui de la meilleure adaptation.

Mais bien avant ce triomphe, Le repas des fauves fut un film de Christian-Jaque complètement oublié (trop dérangeant ? trop en avance sur son temps ?) alors que La tulipe noire réalisé la même année par le même réalisateur est l'une des œuvres les plus diffusées à la télévision française.

Et force est de constater que Le repas des fauves mérite d'être vu et revu car c'est une réussite complète. C'est peut-être du théâtre filmé mais c'est très bien filmé et photographié, bien mené et parfaitement joué par une pléiade d'acteurs où se distinguent particulièrement Claude Rich et Francis Blanche. Dommage que la coproduction ait imposé des comédiens étrangers doublés comme Antonella Lualdi et Adolfo Marsillach. En revanche, on notera la présence de Claude Nicot ou Dominique Paturel, surtout connus pour être de grands noms du doublage.

Le repas des fauves vaut surtout pour sa grande férocité. Nous sommes en 1942. Suite à un attentat, un officier SS somme à sept personnes en train de dîner de désigner deux otages parmi elles. Les convives vont se déchirer pour choisir quels seront les deux élus… Le film est une peinture extrêmement féroce de la nature humaine tant les convives se montrent lâches, hypocrites, veules dans cette situation embarrassante. Les fauves vont se déchirer. Les dialogues signés Jeanson sont extrêmement cinglants. On peut ne pas aimer le dénouement mais cela n'empêche pas Le repas des fauves d'aller loin. C'est un film qui prouve que dès 1964, le mythe d'une France unie et résistante face à l'occupant avait déjà du plomb dans l'aile.

Avec ce pamphlet intemporel sur les pires défauts de la nature humaine, Christian-Jaque signait bel et bien l'un de ses meilleurs titres.