Forum - Les Sévices de Dracula - L'un des meilleurs films de la Hammer des années 70
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Forum : Les Sévices de Dracula

Sujet : L'un des meilleurs films de la Hammer des années 70


De verdun, le 27 décembre 2017 à 11:31
Note du film : 5/6

Les sévices de Dracula est le troisième volet d'une trilogie consacrée par la Hammer à la famille Karnstein après The Vampire Lovers et Lust for a vampire. C'est aussi le seul des trois films à être sorti en salles en France. Cette trilogie s'inspire de "Carmilla" de Sheridan Le Fanu, roman paru avant Dracula de Bram Stoker. Autant The Vampire Lovers était une transposition directe du roman, autant Les sévices de Dracula se contente de faire apparaître furtivement Mircalla Karnstein.

Comme le dit Impétueux dans son commentaire concernant The Vampire Lovers, "pure escroquerie, soit dit en passant, d'évoquer le nom du Comte dans le titre d'un film où il n'apparaît pas une seconde". Le titre original, Twins of evil, soit "les jumelles du mal", est beaucoup plus fidèle au contenu du film mais il était évidemment beaucoup moins vendeur aux yeux des exploitants français.

Les sévices de Dracula est certainement l'un des meilleurs films produits par la Hammer dans les années 70, qui virent le déclin du fameux studio britannique.

Le film échappe au manichéisme habituel. Le comte Karnstein est un bel aristocrate débauché -qui n'est pas sans rappeler le personnage de David Peel dans Les maîtresses de Dracula- devenu vampire après la résurrection de Mircalla. Mais son adversaire farouche est Gustav Weil, un inquisiteur peu sympathique, chef d'une confrérie de dévôts pratiquant de manière expéditive la chasse aux sorcières. Gustav Weil est interprété par un Peter Cushing des grands jours. En revanche, l'interprétation du comte Karnstein par Damien Thomas est plus rigolote qu'inquiétante et témoigne de l'incapacité du studio à trouver une alternative crédible à Christopher Lee.

Arrivent alors deux jumelles orphelines: L'une succombera au mal, l'autre non. Elles sont incarnées par les séduisantes Mary Collinson et Madeleine Collinson , deux modèles très bien employés; l'érotisme du film est léger et classieux, comme toujours dans les films de la Hammer. Puisque nous sommes dans les années 70, le film est plus violent qu'à l'accoutumée: l'assaut final du château Karnstein fait preuve d'une sauvagerie rare, même si tout celà paraîtra bien léger pour les spectateurs de Saw.

Alors que The Vampire Lovers était un film onirique et poétique dénué d'action, Les sévices de Dracula est mené tambour battant et ne suscite à aucun moment l'ennui. Ajoutons à tout celà la direction artistique classieuse typique de la Hammer: une superbe photo, des décors et costumes splendides, et une musique mémorable.

Toutes ces qualités font de Twins of evil une des grandes réussites du cinéma de genre.


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De Impétueux, le 27 décembre 2017 à 18:30
Note du film : 4/6

Voilà qui donne envie, ami Verdun ! Je vous vois plongé dans ce cinéma de genre que nous apprécions tous les deux et vous ouvrez beaucoup de chemins…


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De verdun, le 27 décembre 2017 à 22:01
Note du film : 5/6

Merci pour vos encouragements Impétueux, je vais continuer dans la même voie. Le cinéma de genre a été MA porte d'entrée vers la cinéphilie plus généraliste.


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De Impétueux, le 2 juin 2022 à 14:43
Note du film : 4/6

Verdun a fort bien dit toutes les qualités du film. Le scénario, notamment, est suffisamment élaboré pour captiver un peu les spectateurs de ce cinéma de genre, à qui il en faut beaucoup pour s'étonner.

En effet, depuis que les amateurs d'histoires vampiriques fréquentent les trois sources les plus notoires du mythe, ils connaissent bien leurs grammaires habituelles. Trois sources, disais-je : la plus féconde est, à la suite de l'immense roman de Bram Stoker toutes les variations autour du comte Dracula ; la deuxième, qui s'appuie sur une certaine réalité historique, tourne autour de la comtesse Bathory, le Barbe-bleue féminin ; et donc la troisième (et en fait la plus anciennement écrite) est issue du court récit (90 pages dans le volume de La Pléiade) de Sheridan Le Fanu, la comtesse Mircalla Karnstein.

C'est à cette dernière source que se rattachent Les sévices de Dracula ; comme on l'a amplement dit, le titre est un des attrape-nigauds couramment employés par les distributeurs français puisque le seigneur des Carpathes n'est jamais évoqué, ni même cité. Il me semble pourtant que le titre anglais, Les jumelles du diable permettait de faire miroiter un petit soupçon érotique vénéneux qui n'aurait pas desservi le succès commercial.

Bagatelles. Je reviens à Mircalla Karnstein. Le bref roman de Sheridan Le Fanu n'est pas susceptible de développements aussi amples et complexes que le chef-d'œuvre de Bram Stoker : il faut donc s'en évader suffisamment pour à la fois conserver un fil rouge mais aussi vaticiner dans les parages de la comtesse dont le plus évident apport aux mythes vampiriques est la forte inclination qu'elle ressent pour les jeunes filles de son propre sexe.

Au demeurant rien de cela dans Les sévices de Dracula : tourné quelques années plus tard, aux heures où le cinéma était devenu encore plus hardi et la censure moins insistante, l'histoire des deux ravissantes jumelles fascinées par le comte Karnstein (Damien Thomas), lointain descendant de Mircalla, aurait pu comporter beaucoup plus de soufre et même quelques aspects incestueux ; comme dans, par exemple Du sang pour Dracula de Paul Morrissey, sorti en 1974, trois ans plus tard. Rien de cela dans l'honnête film de John Hough dans les derniers feux de la Hammer. Mais ce n'est tout de même pas mal du tout.

D'abord le film, pourtant tourné à petit budget a pu, par un coup de hasard heureux bénéficier d'une partie des décors d'une superproduction, Anne des mille jours de Charles Jarrott, ce qui permet de donner aux Sévices de Dracula un tour très élégant. Et même si l'on voit un peu trop souvent les chevauchées dans la forêt sombre des puritains qui chassent et brûlent les sorcières, ce genre de cavalcade fait toujours de l'effet. Surtout, en face du satanique Karnstein il n'y a pas un héros positif sans peur et sans reproche, mais une sorte de Savonarole fanatique, Gustav Weil, parfaitement interprété par Peter Cushing. C'est lui le chef des puritains suscités et c'est lui qui va accueillir sous son toit ses deux nièces orphelines, Maria et Frieda (les jumelles Mary et Madeleine Collinson) qui vont vite taper dans l'œil vicieux du comte Karnstein.

Et il se trouve que, contrairement à la pure Maria, Madeleine ne rêve que de débauche et de liberté. La différence de caractères et la gémellité offrent évidemment de larges possibilités pour un récit plutôt bien mené. Récit seulement un peu alourdi par la présence – hélas indispensable – du beau garçon sain, viril et courageux, le maître de musique Anton Hoffer (David Warbeck) qui manque tout à fait d'épaisseur.

Il ne faut pas aller trop haut dans le dithyrambe, tout de même : les crémations successives des pauvres filles prétendues sorcières ne valent pas celle qui ouvre Le masque du démon de Mario Bava. Et les prières du comte Karnstein adressées au Prince des Ténèbres sont bien moins impressionnantes que celles du Masque de la mort rouge de Roger Corman. John Hough manque un peu d'ambition, mais il donne au public un film très honnête et jamais ennuyeux.


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