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Forum : Le Portrait de son père

Sujet : L'accent aussi ...


De Nadine Mouk, le 9 mai 2017 à 05:34
Note du film : 3/6

Or donc, mon Centre Leclerc faisant peau neuve nous promettait des cadeaux en veux-tu en voilà ! Je me dirigeais tout dret vers le rayon Dvds où une pancarte à l'enseigne de la panthère noire m'indiquait que pour deux René Château achetés, un troisième m'était gracieusement offert . Je m'emparais donc des Diaboliques parce qu'il ne faut jamais prêter les Dvds qui ne reviennent pas, puis du Café du cadran qu'un adorable chaton avait pris pour terrain de jeu il y a quelques temps. Pour le troisième, ô joie gratuit, j'avisais le nom de André Berthomieu bien avant celui de Jean Richard puisque de la même grosseur sur la jaquette. Ah ! Ce sacré vieux Berthomieu, minutieux artisan du cinéma (mais pas forcement toujours très adroit), brave et bonasse façonnier du septième art qui, des années trente à cinquante, abreuva les cinémas de quartier de tant d’œuvres, d’œuvrettes et de nanars pour le bonheur des plus exigeants, aux plus amoureux qui s'en foutaient bien, dans l'obscurité, au fond de la salle. Il a touché à tout Berthomieu, et avec à peu près tout ce que le monde du cinéma baptisa "acteurs". Dont Jean Richard .

Jean Richard dont je me suis toujours demandé pourquoi il ne s'était jamais résigné à lâcher cet accent de Champignol où il fut un gendarme célèbre, bien avant celui de Saint-Tropez, accent agaçant au possible. Je ne connais pas toute la filmographie de ce comédien, mais chaque fois que je l'ai croisé dans mes soirées cinématographiques, il l'avait ! Même dans le rôle de Bérurier dans le médiocre Sale temps pour les mouches, il l'a, ce putain d'accent ! Je crois (je crois !) qu'il n' y a que dans la série des Maigret, qu'il tourna pendant vingt quatre ans (il est le seul à avoir tourné l'intégralité des romans de Simenon) qu'il a sa voix naturelle. Bref, c'est pénible ! Et Le portrait de son père n'échappe pas à la règle imbécile. On peut-être né paysan et ne pas avoir l'accent du Berry forcement. Je me souviens que dans La belle Americaine, il l'avait également. Tout le temps, toujours ! Je ne pense pas que les éléphants, les chevaux, les lions, les girafes qu'il a croisés dans ses cirques parlaient le Berrichon ! Alors ?

Bon, ce film : Que dire ? Le scénario simplet qui, à propos de Simplet, n'est pas sans rappeler celui de Hercule avec Fernandel, ne permet pas de faire des étincelles . A l'Ouest, rien de nouveau. C'est sympa, prévisible à souhait, sans prétention aucune mais la prétention n'est pas le défaut premier de Berthomieu. Les dialogues de Roger Pierre sont sans prétention également, c'est le moins qu'on puisse dire. On est au raz des pâquerettes et peut-être un chouïa en dessous ! Bardot débute ou peu s'en faut. Elle a quitté son Trou Normand, elle a Les Dents longues et déboule dans ce portrait enjouée, gracieuse et prometteuse niveau actrice. Sur l'affiche du film, son nom est inscrit bien plus gros que Mona Goya , c'est dire si on croyait déjà en elle ! A ce propos, on aime quand même à retrouver des piliers du cinéma de l'époque comme Duvallès, Mona Goya, donc, qui s'offrait à Berthomieu une fois encore (abonnée la Mona) après Jamais deux sans trois, Paul Faivre, Maurice Nasil, Robert Rollis,Max Elloy, et beaucoup de ces célèbres inconnus qui n'ont pas encore leurs photos accolées à leurs patronymes. Nous en reparlerons Monsieur SpontexMaurice Biraud n'est pas à sa place du tout. On lui a fourgué un rôle de snobinard et il force le bougre ! Jean Richard ? L'accent mis à part, il est plutôt sympa et même tendre dans ce rôle de paysan catapulté dans le Gross Paris. Accompagné de Michèle Philippe que je ne connaissais pas, actrice romantique à souhaits et qui en remet une couche dans la tendresse et la pudeur.

Berthomieu ne cherche pas l'alambiqué ni le cérémonieux. Il doit penser, pendant le tournage, aux amoureux qui s'en foutent au fond de la salle . C'est un film sage, qui peut arracher quelques sourires. Ce n'est pas un film qui se donne un genre. C'est un genre de film qu'il faut impérativement replacer dans son époque. Fait par un metteur en scène qui connait la chanson. Apparemment, il aime les acteurs. Il les laisse à leurs partitions. L'amour du public fera le reste. Ce public qui a tout accepté de lui. Du Roi Pandore à la joyeuse prison en passant par le célèbre Mort en fuite. Berthomieu, le savoureux éclectique du septième art ! Il n'a jamais eu la rigueur d'un Duvivier bien qu'il débutât comme assistant chez lui, l'intransigeance d'un Clouzot, mais heureusement qu'il y a eu un Berthomieu qui nous réchauffe avec des bluettes sans crimes ou des prises de têtes à nous faire regretter le prix de notre ticket. Ou de notre Dvd, plutôt. Car en 1953, je n'étais pas même encore l'ombre d'une idée dans le cerveau de mon père. Je réalise, avec un certain saisissement, que je me suis plantée devant un film qui a soixante quatre ans… Et sans connaitre l'extase que procure le chef-d’œuvre, je n'ai pas connu l'humeur acerbe que fait remonter l'horrible nanar. Le portrait de son père n'en est pas un. Ou peut-être dans l'esprit tortueux de certains… C'est un très vieux film qui raconte une histoire très banale, mille fois vue, où des comédiens chevronnés font bien leur métier, peut-être même comme plus personne ne le fait aujourd'hui. Alors on s'attendrit. Soixante quatre ans… Et c'est gratuit. Mais cet accent, nom d'un chien !


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De Impétueux, le 9 mai 2017 à 20:22

Je ne connais pas ce Berthomieu là mais j'aurais peut-être été plus attentif que vous, Nadine Mouk et la présence au générique de l’innommable Jean Richard aurait sûrement retenu le mouvement de ma main vers mon portefeuille. Je ne connais pas grand chose de plus effrayant, de plus méprisable au cinéma que cet accent (jurassien, à mon sens, plus que berrichon) et la dégaine du type est absolument répugnante. Simenon, d'ailleurs avait le plus grand mépris pour ce lamentable.

Et le pire est qu'il a eu du succès ; je regarde, à moments perdus, un gros coffret d'émissions Les étoiles du music-hall, compilation de sketches, de chansons, de numéros de cirque présentés par Pierre Louis jadis sur les antennes de Télé Luxembourg. Je me régale de trucs aussi improbables que ridicules et charmants mais, de temps à autre, au hasard des émissions, il y a Jean Richard et, comme tout ça se passe au milieu des années 50, il se donne à plein dans le genre campagnard grasseyant que vous notez à juste titre.

Accablant. Désespérant. Catastrophique.


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De Nadine Mouk, le 9 mai 2017 à 20:53
Note du film : 3/6

Je connaissais votre détestation de lui qui n'a d'égale que la détestation de Arca pour Aldo Maccione … En revanche , je suis assez surprise quand vous dites que Simenon, d'ailleurs avait le plus grand mépris pour ce lamentable.… Je ne savais pas . J'ai visionné quelques épisodes, il a quand même été un Maigret plutôt acceptable . Ce n'est pas Gabin, d'accord, mais je ne l'ai pas trouvé ridicule..


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De Commissaire Juve, le 10 mai 2017 à 06:24
Note du film : 3/6

Jean Richard sans accent ? Faut essayer La peau de l'ours de Claude Boissol (1957). Film sympa avec Nicole Courcel, Noël Roquevert et même un tout jeune Jacques Perrin.

Concernant Le Portrait de son père, BB(ête) y joue assez mal ; au début du film à tout le moins. Quant à Biraud, il est vrai qu'il en fait des caisses.

EDIT : je suis surpris voir que je lui avais accordé un 4 ! (c'était il y a trois ans et demi) Je suis bon public, mais avec le recul, je lui mettrais plutôt un 3.


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De Frydman Charles, le 5 janvier 2020 à 09:16
Note du film : 5/6

Le film est gentillet , le magasin "les galeries parisiennes" semble faire un clin d'oeil aux "galeries Lafayette". Les scènes tournées à l'intérieur du magasin ont probablement été tournées en studio. Paul ( Jean Richard) est très conciliant avec son accent campagnard. On est loin du Maigret qu'il incarnera dans les années 1967 à 1975. Le mot Judas dans le sens traître et oeilleton est dans le dictionnaire . Son usage peut entretenir une forme d'antisémitisme, alors que l'on peut dire traître et oeilleton. Vers 46 mn dans le film , Paul s'enerve de façon exceptionnelle : " Juadas, tous des Judas…" , le mot est répété plusieurs fois, et c'est apparemment la seule fois qu'il témoigne de l'animosité dans le film.


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