Lorsqu'un directeur de la photographie de métier entreprend de réaliser un film, il est à craindre qu'il privilégie l'aspect très extérieurement visuel et décoratif de ce qu'il tourne au détriment du sens et de la force du scénario. Et même si la puissance des récits de Balzac permet de sauver un peu la mise d'Yves Angelo,
on ne peut pas dire que cette énième adaptation du Colonel Chabert
soit vraiment satisfaisante.
Il me semble que la télévision, avec son format potentiellement plus souple, a mieux servi le romancier ; on se souvient avec bonheur, entre autres, de La cousine Bette d'Yves-André Hubert (1964) avec une immense Alice Sapritch,
des Illusions perdues
et de leur suite, Splendeurs et misères des courtisanes
de Maurice Cazeneuve
(1966 et 1975), du Curé de Tours
de Gabriel Axel
(1980) avec les étonnants Jean Carmet
et Michel Bouquet.
La distribution est plutôt réussie, même si les acteurs principaux, Gérard Depardieu (Chabert) et Fanny Ardant
(sa femme) sont un ton au dessous de ce qu'ils sont capables de jouer. Mais Fabrice Luchini,
qui interprète le subtil avoué Derville, qui prend fait et cause pour Chabert, est étincelant. Et les seconds rôles (qui disparaissent, assez sottement, au fil du récit) sont parfaits, André Dussolier, à la fois courtisan et cassant, second mari de Fanny Ardant,
qui aspire à la Pairie et sacrifiera volontiers sa femme pour cette fonction, Daniel Prévost,
Premier clerc de Luchini
/Derville et même, en silhouettes, Claude Rich
ou Jacky Nercessian…
Visiblement, Angelo a eu beaucoup de moyens financiers, a tourné dans des endroits somptueux, entouré de beaucoup de comédiens… et n'a pas pu maîtriser tout cela. Mais le film peut être regardé avec intérêt et quelques images de la plaine glacée d'Eylau, de la charge des cuirassiers et du carnage napoléonien peuvent rester agréablement en tête…
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