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Sujet : Les débuts de de Sica derrière la caméra


De vincentp, le 2 octobre 2015 à 23:55
Note du film : 5/6


5,4/6. Oeuvre de début de carrière de Vittorio de Sica, Mademoiselle Vendredi (1941) pourra être diversement appréciée. Le metteur en scène s'attribue un beau rôle : celui d'un médecin courtisé par trois ou quatre fiancées de situation sociale et d'âge différent. Les ingrédients à venir des films de de Sica sont bien présents (simplement non optimisés) : humour, tendresse, émotion, dimension sociale et politique. J'ai trouvé subjectivement le résultat plaisant ; le scénario auquel ont collaboré différents scénaristes (dont Cesare Zavattini) est original et le ton moderne. La mise en scène est de qualité et dynamique. Une belle découverte.


Et puis, quel talent incroyable, sidérant, de conteur chez de Sica (et ses collaborateurs) pour produire rires et émotions, exprimer de la tendresse, avec images et musique appropriés. L'influence de Charles Chaplin est évidente. Excellence pour Teresa Venerdì de la direction d'acteurs et actrices, du casting (fantastique Adriana Benetti). Un mélange d'un peu tout (comédie de moeurs, étude de caractère, satire sociale).

Sens de la concision, ruptures de ton,… Il manque peu, mais alors très peu de choses à ce film pour produire un chef d'oeuvre (chefs d'oeuvre qui très logiquement vont ensuite se succéder pour de Sica, avec une écriture cinématographique encore optimisée). Un parcours artistique très impressionnant, une progression de type fusée Appolo, pour ce cinéaste. Qu'il soit bien sûr remercié aujourd'hui pour la qualité de son oeuvre. Elle tire l'humanité vers le haut.


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De Impétueux, le 6 mai 2018 à 10:18
Note du film : 4/6

C'est curieux comme Vittorio De Sica est si rarement évoqué comme un des très grands noms du cinéma mondial, comme il ne vient pas spontanément à l'esprit de beaucoup d'amateurs. Et ceci alors même qu'il a été plutôt béni de la renommée : comme réalisateur, quatre Oscar du meilleur film étranger à Hollywood (la chose doit être unique, ou exceptionnelle) pour Sciuscia, Le voleur de bicyclette, Hier, aujourd'hui et demain, Le jardin des Finzi Contini), un Grand prix à Cannes pour Miracle à Milan, un Ours d'or à Berlin pour Le jardin des Finzi-Contini. Et au moins encore deux œuvres admirables : Umberto D. et La Ciociara. Et comme acteur, si on peut le voir dans des trucs aussi charmants que la série des Pain, amour (Comencini), Dites 33 (Mastrocinque), Le signe de Vénus (Risi), on lui doit les interprétations admirables de Madame de… de Max Ophuls et du Général della Rovere de Roberto Rossellini.

Peut-être cet oubli est-il dû à la personnalité flamboyante de De Sica et à la trop grande abondance des films de second rang qu'il tournait à tire-larigot pour éponger les dettes de jeu qu'il multipliait. Mais même dans des réalisations de cet ordre, il ne parvient pas à être médiocre… j'ai, par exemple, une réelle tendresse pour son personnage d'aristocrate décadent dans le baroque Du sang pour Dracula de Paul Morrissey et il se représente encore fort bien, avec son propre personnage dans Nous nous sommes tant aimés d'Ettore Scola

Toujours est-il qu'au tout début de sa carrière, il réalise et interprète ce charmant petit bijou de Mademoiselle Vendredi, tourné en 1941. C'est léger, délicieux, spirituel, extrêmement agréable. Ça tourne un peu trop, à la fin, en vaudeville, lorsque tout le monde, comme au théâtre, se trouve réuni simultanément dans le même lieu, mais c'est assez intelligent pour ne pas trop s'ensevelir dans les gras pâturages des quiproquos médiocres et des portes qui claquent sur la banalité des caleçonnades.

Le docteur Pietro Vignali (De Sica lui-même), issu d'un milieu très bourgeois est un pédiatre désinvolte sans clientèle ; séduisant et rieur, il est évidemment aimé des femmes et sa dernière conquête est une meneuse de revue assez tonitruante, dont le nom de scène est Loretta Prima (Anna Magnani). Mais, coincé par ses créanciers, le beau médecin est contraint d'accepter de donner des consultations dans un orphelinat assez austère où plusieurs jeunes filles s'entichent de lui, et surtout Teresa Venerdi (la ravissante Adriana Benetti). Parallèlement Antonio (Virgilio Riento), un confrère médecin de Vignali, afin de l'aider à se libérer de ses dettes propose aux riches parvenus Passalacqua d'acheter la maison, fort hypothéquée, dont son ami est propriétaire. Mais il y a une fille Passalacqua, Lilli (Irasema Dilian), une insupportable péronnelle qui se croit poète parce qu'elle parvient à accoler deux rimes pauvres et que ses parents tiennent pour un louis d'or. Voilà qu'elle s'entiche du docteur Vignali.

Tout cet arsenal compliqué fait partie des comédies de mœurs les plus habituelles et ne laisserait pas la moindre trace, sans le grand talent de Vittorio De Sica à faire vivre en rythme ses trois histoires qui s'entrecroisent, se juxtaposent et finissent par se rejoindre dans une fin heureuse où Vignali épousera l'orpheline, sous le sourire indulgent de sa désormais ex-maîtresse Magnani, alors que la pécore Lilli se consolera dans les bras d'Antonio, le confrère. Ce n'est pas dans la profondeur du récit qu'il faut trouver le charme de Mademoiselle Vendredi, mais dans sa gaieté, son allégresse, l'habileté du cinéaste de passer d'un milieu à l'autre, dans la qualité des interprètes. Rien à voir avec les grands films cités en préalable, mais une légèreté élégante, jubilatoire, pleine d'esprit, de mots drôles, de situations amusantes, de personnalités plaisantes…

Du théâtre filmé ? Un peu sans doute… Mais moi qui n'aime pas trop cela, je me suis laissé séduire, emporter, amuser. Trop d'indulgence ? possible ; mais comment résister à Vittorio De Sica ?


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